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Au coeur du port de Casablanca, la prévention sanitaire laisse à désirer

Si le port de Casablanca, cœur de l’économie nationale, assure bien la continuité de son fonctionnement, les mesures de sécurité sanitaires aux niveaux de ses accès semblent très approximatives. A l’intérieur, les conditions d’hygiènes laissent également à désirer. Reportage.

Assurer la continuité du fonctionnement du port de Casablanca en cette période d’urgence sanitaire due au coronavirus, c’est bien. Garder la même cadence et les mêmes volumes traités (6.575.960 tonnes au 21 mars courant / + 3% par rapport à la même période de l'année dernier, selon l'Agence nationale des ports (ANP)), c’est encore mieux.

Mais, à quel prix ? Les mesures et les dispositifs sanitaires visant la prévention contre la propagation du Covid 19 et la protection de l’ensemble des usagers du port, sont-ils respectés ?

11h. Port de Casablanca. Porte 6.

L’activité semble normale. Plusieurs poids lourds accèdent normalement au port. Comme toujours, un agent de la police vérifie les badges et les documents des chauffeurs.

Mais depuis samedi dernier, avant d’accéder à l’enceinte du port, les camions doivent subir une nouvelle opération : la désinfection. Enfin, si on peut appeler cette opération riquiqui «désinfection».

Un ouvrier, avec une petite pompe sur le dos, pulvérise de petites doses d’un liquide sur le poignet de la porte, les marchepieds et la roue gauches !!! Et c’est fini. Le camion et son chauffeur peuvent accéder au port en toute tranquillité.  

Face à notre caméra et notre regard scrutateur, le «désinfecteur» a élargie la zone de son intervention. Cette dernière s’est étalée cette fois à toutes les roues extérieures, mais uniquement du côté du chauffeur.

Existe-t-il une «logique» de désinfection que nous ignorons et que seuls ces opérateurs connaissent ? Rien n’est impossible.

En les interrogeant sur la chose, un autre agent, qui a l’apparence d’un contrôleur, répond : «Nous ne faisons que suivre à la lettre les directives de nos responsables».

Même situation et même procédé approximatif de désinfection se poursuivent devant les autres portes du port.

A l’intérieur du port

Pour compléter notre reportage, nous nous sommes faufilés à l’intérieur du port.     

Là aussi, aucunes mesures sanitaires apparentes.

Au Terminal Cadre 3 (TC3), une bonne quinzaine de transporteurs, commis de transit et chauffeurs attendent devant le bâtiment de Marsa Maroc pour accomplir les procédures administratives nécessaires à la sortie des marchandises. Depuis l’avènement du coronavirus, ils n’ont plus le droit d’accéder, tous en même temps, à la bâtisse et doivent donc attendre leurs tours à l’extérieur, dans le parking. «Les conditions d’hygiène sont inexistantes pour les visiteurs. Ils n’y a ni toilettes, ni savon, ni eau courante pour se laver les mains. A vous d’imaginer le danger en ce moment où se laver fréquemment les mains est vital», s’insurge un chauffeur.

Malgré l’existence de plusieurs panneaux indiquant la direction des toilettes, ces dernières sont pratiquement inexistantes dans certaines zones du port, notamment celles des portes 5 et 6 ainsi que la «Zone visite de contrôle des conteneurs». «Les locaux existent bel et bien, mais «sont constamment fermés», témoigne un chauffeur. Les seules toilettes praticables en ce matin du mardi 24 mars, sont celles situées au Terminal à conteneurs Somaport, près de la porte 4.      

Face à cette situation de manque d’hygiène et de mesures sanitaires de sécurité à même de lutter contre la propagation du Covid 19, certains chauffeurs et commis sont obligés de se débrouiller. D’autres, moins regardant sur l’hygiène et moins conscients de l’ampleur du danger du virus, s’en moquent ! Dans le meilleur des cas, ils… «prient» !

Cœur de l’économie nationale, le port de Casablanca assure bien en ce temps de crise. Mais, les responsables doivent probablement revoir sa sécurité sanitaire et son étanchéité à la propagation du Covid 19. Pour le bien de nous tous.

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