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Adnane Benchekroun : Le gouvernement doit gérer une situation économique compliquée tout en priorisant le volet social

Quelle est la lecture que fait l'Istiqlal, membre de la majorité gouvernementale, du programme de l'exécutif, du projet de loi de finances 2022 et de la synergie entre les engagements du gouvernement et les orientations du nouveau modèle de développement ? A ces questions, et autres, répond Adnane Benchekroun, membre du Conseil national de l'Istiqlal et vice-président de l’Alliance des Economistes Istiqlaliens.

Adnane Benchekroun : Le gouvernement doit gérer une situation économique compliquée tout en priorisant le volet social

Interrogé en premier sur la dernière décision du gouvernement d’imposer le pass vaccinal, l’invité de L’Info en Face a expliqué que c’est une mesure nécessaire pour protéger la population. Il a par contre insisté sur le choix du timing et la façon de communiquer une telle décision, « très importants pour faire le plus grand buzz ». Selon Adnane Benchekroun, membre du Conseil national de l'Istiqlal et vice-président de l’Alliance des Economistes Istiqlaliens, la communication de crise doit être faite de manière à causer une onde de choc et par la suite expliquer l’exécution de la décision annoncée avec délicatesse.  

Cette démarche, ajoute l’invité, résulte d’une stratégie de communication bien réfléchie : « C’est un choix de dramatisation pour que tout le monde en parle. Vous allez voir que les statistiques de vaccination vont s’accroître de manière significative les prochains jours. C’est l’objectif final d’une communication qui peut paraître aberrante, injuste, mais quand on regarde les résultats, on peut accepter cette technique de communication ». Et de noter que la déclinaison de cette décision va également permettre de pousser les gens à faire la 3e dose sans le dire de façon claire et nette. « L’Etat veut que tout le monde soit vacciné, donc il fait ce qu’il faut, c’est une décision ponctuelle. Après la sortie de la crise sanitaire, le pass vaccinal s’arrêtera à un moment donné et fera partie de l’histoire du Maroc », a-t-il indiqué.  

S’agissant de la question de la solidarité politique au sein de l’alliance tripartite et du gouvernement, le membre du Conseil national de l'Istiqlal rappelle qu’il s’agit d’un choix du parti avec un coût politique qu’il faut assumer. « Nous apportons notre soutien avec une veille politique, dans l’objectif de faire réussir le gouvernement et de l’aider par le biais de nos propositions, nos alertes, etc. », a-t-il assuré. Et de poursuivre que la chute du PJD aux élections, le choix du RNI de s’allier avec deux partis qui appartenaient à l’opposition, le choix de profils technocrates pour des portefeuilles ministériels et la présentation d’un programme gouvernemental socialiste constituent de vraies ruptures avec le passé.  

« C’est un retour de l’Etat fort, juste, on l’espère, avec un programme que même l’extrême gauche marocaine pourrait voter, donc je ne comprends pas pourquoi des partis comme le PPS et le MP ont voté contre », a-t-il déclaré, ajoutant que les modes de financement de ce programme seront présentés dans les lois de finances qui vont démontrer s’il s’agit de la prose ou d’une déclinaison réelle. « Le programme gouvernemental rassemble plusieurs propositions des trois partis, avec certaines mesures qui s’alignent avec ce qui avait été annoncé lors des campagnes électorales telles que la création d’un million d’emplois subventionnés, le nombre de familles à sortir de la pauvreté... Sur le volet social, on se retrouve tous, il y a urgence », atteste Adnane Benchekroun. Car, un gouvernement doit d’abord travailler pour gérer l’urgence, les catastrophes et la communication, puis avoir le recul nécessaire pour faire des ruptures structurelles.  

Il explique dans ce sens que le projet de loi de finances 2022 « ne comporte pas de rupture, c’est une continuité de la loi de finances du gouvernement sortant. Le timing n’était pas favorable pour apporter de grandes modifications, surtout qu’il y a des priorités sociales très coûteuses que la croissance économique ne peut pas financer. Il faut accorder au gouvernement qu’il y a une volonté de gérer aujourd’hui une situation économique et sociale très compliquée, avec le manque de visibilité sur la sortie de crise. Donc, le choix a été de se pencher sur les questions d’urgence », a-t-il affirmé, notant que les ajustements nécessaires pourront être votés au Parlement. 

Par ailleurs, le vice-président de l’Alliance des Economistes Istiqlaliens indique qu’ils n’ont pas encore eu le temps suffisant de décortiquer le texte du PLF pour étudier en détail le budget et les sources de financement des chantiers inclus dans le nouveau modèle de développement. Il précise également que les changements doivent toujours se faire sereinement. « Nous sommes partis pour un Etat fort pendant dix ans. Maintenant, il faut trouver le seuil de la soutenabilité de l’impôt pour ne pas tuer l’économie et les gens qui s’en sont sortis malgré la crise. L’art de gouverner est de faire bouger les seuils et les curseurs de manière cohérente pour avoir un rendu maximum et le moins de dégâts possibles », a-t-il souligné.  

L’invité tient également à saluer l’approche du gouvernement relative au déploiement de son plan social. Selon lui, l’exécutif prendra le temps nécessaire, sans précipitation, afin de mettre en œuvre les engagements sur le plan social. « Heureusement, il n’y a pas eu de précipitation pour annoncer la couleur. Retarder ces politiques au 4e trimestre va permettre d’engager les discussions avec les différents acteurs et définir les modes de financement adéquats », a-t-il observé, ajoutant que les Marocains sont capables de faire les efforts nécessaires, si on leur explique ce qu’on veut faire et pourquoi on veut le faire. 

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