Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Afrique du Nord : Ce que propose la CEA des Nations unies pour libérer le potentiel des chaines de valeur régionales

L’Afrique du Nord dispose de tous les atouts pour une meilleure intégration de ces chaines de valeur. Pour libérer leur potentiel, la Commission des Nations unies pour l’Afrique (CEA) décline un plan d’action axé sur trois recommandations essentielles. Il s’agit de faciliter le commerce entre les pays de la région à travers un assouplissement des procédures douanières, opérer des réformes institutionnelles via la lutte contre l’informel et le réseautage des opérateurs économiques et développer les capacités des acteurs locaux en performant les techniques de transformation.

Afrique du Nord : Ce que propose la CEA des Nations unies pour libérer le potentiel des chaines de valeur régionales
Outre la non-exploitation d’atouts naturels d’intégration dans la région, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, l’halieutique, l’énergie et de la chimie, les secteurs pharmaceutique et des services financiers et de la finance digitale figurent parmi les nouvelles tendances sectorielles qui pourraient émerger en période post-covid.

Le commerce intra-Afrique du Nord recèle toujours un potentiel en or. Les exportations des pays de la région sont majoritairement destinées à l’Union européenne et à d’autres zones à travers le monde. Selon une analyse de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), seulement 5% du total des expéditions des pays de la région sont de nature intra-Afrique du Nord. D’où l’intérêt stratégique pour ces pays de développer leurs chaines de valeur régionales (CVR). «Le développement des CVR dans la région est de nature à promouvoir davantage l’intégration économique de cette zone. C’est aussi un instrument de transformation structurelle puisqu’il permettra la création d’opportunités économiques plus larges que celles offertes par les marchés nationaux», explique Aziz Jaid, économiste chez la CEA, qui présentait, le 24 novembre à Marrakech, une étude sur les CVR dans le cadre d’une rencontre organisée par la CEA. De même, souligne l’analyse, en exploitant les dotations factorielles différenciées entre les pays membres, les entreprises, intervenant sur ces CVR, renforcent leur compétitivité et agissent comme stimulateur de l’interconnexion des économies de la région. Par ailleurs, outre la non-exploitation d’atouts naturels d’intégration dans la région, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, l’halieutique, l’énergie et de la chimie, de l’industrie mécanique et des composants électriques, la crise sanitaire a révélé qu’avec sa capacité de résilience, les secteurs pharmaceutique et des services financiers et de la finance digitale figurent parmi les nouvelles tendances sectorielles qui pourraient émerger en période post-Covid, avec en plus un réel potentiel d’intégration capable de faire jouer les complémentarités économiques existantes. Ces secteurs émergents présentent, selon la CEA, un potentiel d’avantages comparatifs révélés qui pourrait être un réel accélérateur de l’intégration économique (complémentarité du commerce, spécialisation, contenu technologique, sophistication des exportations, niveaux de complexité, etc.), et surtout de montée en gamme dans les chaînes de valeur mondiales et/ou de construction de chaînes de valeur régionales.

Textile-habillement : un potentiel en or sous-exploité
L’étude du CEA qui s’est intéressée aux chaines de valeur de 10 secteurs dans la région, dont le textile, le pétrole et le gaz, l’automobile et l’aéronautique, montre que les échanges croisés entre les pays de la région sont assez faibles. Dans le textile-habillement, par exemple, la demande locale est satisfaite majoritairement par les importations en provenance d’autres pays comme la Chine et la Turquie. Autre constat, l’industrie du textile au Maroc, en Égypte et en Tunisie est conduite principalement par des contrats de sous-traitance. De même, les échanges croisés entre ces trois pays sont limités au tissu de coton, alors qu’ils ont la possibilité d’exploiter les accords existants tels que celui d’Agadir pour développer davantage leurs tissus industriels et partant dynamiser nettement mieux leurs échanges croisés. Pour les analystes du CEA, la construction et la compétitivité de la CRV du secteur textile-habillement dépendent de trois facteurs clés. D’abord, la disponibilité de l’approvisionnement en tissu régional de différentes variétés avec des prix compétitifs. Ensuite, une amélioration de la capacité des entreprises locales à travers l’adoption de nouvelles techniques et technologies de production. Enfin, la rapidité et la flexibilité du marché, liées à la fois à l’environnement de transport et à celui de la logistique, d’autant plus que la région dispose d’une infrastructure dédiée d’un niveau jugé appréciable. Et ce n’est pas tout. Les pays de la région peuvent capter des opportunités supplémentaires du fait notamment de la hausse des salaires en Chine et du mouvement de délocalisation qui s’ensuit. Quant aux difficultés qui peuvent constituer un frein au développement de ce secteur dans la région, elles sont essentiellement liées à l’instabilité sociale qui touche particulièrement le secteur du textile, le poids important de l’informel et la baisse de la demande européenne assortie de l’accélération des délocalisations des multinationales vers de nouvelles destinations comme l’Europe de l’Est.

Intégration des CVR de la région : la recette proposée par la CEA
Afin de promouvoir les CVR en Afrique du Nord, l’étude de la CEA propose un plan d’action s’articulant autour de trois axes essentiels. Il s’agit, en effet, de faciliter le commerce entre les pays de la région, opérer des réformes institutionnelles et développer les capacités des acteurs locaux. Concrètement, la facilitation du commerce passerait, selon l’analyse, par le développement de la logistique et l’infrastructure de transport et ce, en fonction des spécificités de chaque secteur d’activité. La CEA recommande également la simplification des procédures douanières et de contrôle à la frontière, en plus de la reconnaissance commune des normes techniques, sanitaires et phytosanitaires. Quant aux réformes institutionnelles, la CEA suggère aux pays de la région de lutter contre l’informel et de favoriser les réseaux d’entreprises via l’organisation d’évènements professionnels. Le développement d’une plateforme e-business pour mettre en relation les opérateurs économiques de la région serait également de nature à renforcer l’intégration régionale. Pour les secteurs de l’énergie et des énergies renouvelables, la CEA recommande la création d’un marché régional de production et d’exportation de l’électricité avec l’adoption d’une réglementation permettant de favoriser l’investissement des acteurs locaux dans les installations solaires. Aussi, estiment les experts de la Commission, il serait judicieux d’attirer les firmes multinationales spécialisées dans la production de panneaux photovoltaïques à implanter leurs filiales dans au moins l’un des pays de la région. Pour le développement des capacités des acteurs locaux, l’analyse propose d’encourager certains secteurs à fort potentiel dans la région notamment l’industrie des huiles essentielles. Ainsi, au Maroc et en Tunisie, l’encouragement de la transformation des huiles essentielles en parfums et en eaux de toilette, par exemple, serait prometteur eu égard aux potentialités indéniables offertes sur le marché mondial. En agro-industrie, l’accent doit être mis sur le développement de la transformation des fruits et légumes notamment au Maroc, en Égypte et en Tunisie. Dans son plan d’action, la CEA insiste beaucoup sur l’importance d’impliquer le secteur privé afin de stimuler les échanges en exploitant les «énormes» potentialités de développement des CVR. 

Lisez nos e-Papers