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Agacé mais imperturbable, Abdellatif Ouahbi : «Personne n'a le droit de demander à un ministre de ne pas appliquer une loi»

C’est une véritable plaidoirie que Abdellatif Ouahbi, avocat de profession, a prononcé mardi devant les conseillers. Tout en regrettant les récents développements et le bras de fer engagé avec les avocats suite à l'imposition du pass vaccinal dans les tribunaux, le ministre de la Justice a affirmé qu'il n'est pas question de revenir sur cette décision. «Je suis avocat et ce différend avec les avocats fait mal au cœur. Mais il y a une loi qui doit être appliquée», a-t-il souligné, visiblement exaspéré par cette épreuve de force. Pour lui, agir autrement équivaudrait à une «dissolution de l'État».

Agacé mais imperturbable, Abdellatif Ouahbi : «Personne n'a le droit de demander à un ministre de ne pas appliquer une loi»
Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice

Interpellé dans le cadre des questions orales à la Chambre des conseillers sur le bras de fer qui oppose depuis plusieurs jours les avocats au ministère de la Justice, à la présidence du ministère public et au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Abdellatif Ouahbi se devait de fournir une réponse, lui qui est resté mutique tout au long de la semaine écoulée. Contenant à peine sa colère, le ministre de la Justice a inauguré son intervention en rappelant qu'il était avant tout avocat. «Je suis consterné par cet échange avec les avocats, mais je suis un ministre chargé de faire respecter la loi. Et il y a une loi ! Une loi sur les mesures de précaution qui a été approuvée par le Parlement», a-t-il enchaîné, plutôt agacé.

Et il y a également le décret-loi 2.20.292 (sur les dispositions relatives à l’état d’urgence sanitaire au Maroc et aux procédures de sa déclaration), dont l’article 3 stipule «durant cette période, les autorités publiques peuvent prendre toutes les mesures nécessaires par des décrets ou des décisions administratives ou des circulaires ou encore par voie de communiqués». «Le gouvernement a émis un communiqué sur le pass vaccinal obligatoire et je suis là pour faire appliquer la loi. Je ne peux pas, en ma qualité de ministre d'un État, m'asseoir avec quelqu'un et dire : non, nous allons annuler la loi», a lancé le ministre en direction des conseillers. Et en haussant le ton, M. Ouahbi a rappelé que cette décision a été prise conjointement par son département, la présidence du ministère public et par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire.«Nous avons fait montre de beaucoup de respect pour les avocats (contrairement aux adouls, secrétaires greffiers et huissiers de justice). Et nous avons organisé une réunion tripartite entre les procureurs généraux, le premier président (de la Cour de cassation) et les avocats. Et nous avons même accordé un délai de 10 jours (avant l’entrée en vigueur de cette décision)», a fait savoir le ministre, ajoutant : «nous leur avons clairement signifié ce que nous allions faire et nous leur avons parlé en toute bonne foi». « Notre volonté est d'appliquer la loi. Nous pouvons tout faire dans ce pays, sauf ne pas appliquer la loi», a-t-il poursuivi sur un ton exaspéré. Et M. Ouahbi de poursuivre sur sa lancée en disant avoir «ouvert un dialogue. Aujourd'hui, il y a eu une réunion du président délégué du pouvoir judiciaire avec des représentants des avocats et je l'ai approuvée, et j'ai rencontré auparavant le président de l'Ordre des avocats et d'autres avocats. (...) Mais qu'on ne me demande pas d'annuler une décision du gouvernement», a-t-il affirmé, avec une intransigeance certaine, devant les conseillers parlementaires.

Et d’enchaîner avec la même fermeté : «Maintenant, que veulent-ils (les avocats) ? S'ils veulent que nous travaillions ensemble, ils sont les bienvenus. S'ils veulent que nous contrôlions ensemble, on est là pour ça. S'ils veulent ouvrir un dialogue en votre présence (les conseillers) et en la présence des représentants de la Nation, à la bonne heure. Mais ne me demandez pas d'abroger une loi que vous (les conseillers) avez approuvée. Que cette loi ait été approuvée par des conseillers qui ne le sont plus ou par vous-mêmes aujourd'hui, puisqu'il y a une continuité de l’État». «Que les avocats veuillent bien m'excuser. Ils peuvent demander ce qu'ils veulent, mais personne n'a le droit dans ce pays de demander à un ministre d'abroger ou de ne pas appliquer une loi», a souligné le ministre avant d'asséner : «sinon c’est la dissolution de l’État. C'est un État dont l'existence remonte à 12 siècles, et personne n’a pu l’ébranler et personne ne l'ébranlera», a-t-il conclu, catégorique et imperturbable.
 

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