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Les annonces «très attendues» de Ryad Mezzour au patronat

Pour sa première séance de travail, le 6 décembre, avec la CGEM, le ministre de l’Industrie n’est pas venu les mains vides. Ryad Mezzour a déployé face à un auditoire de patrons très impatients son plan de bataille pour renforcer la compétitivité du tissu industriel et fluidifier le processus de relance. Ainsi, pour le renforcement du Made In Morocco, une plateforme d’accompagnement de bout en bout des industriels est dans le pipe. Côté export, un plan détaillé de 1.200 couples produits-marché sera prochainement déployé impliquant les différentes fédérations industrielles du pays avec un soutien sur mesure au cas par cas. Le détail d’une rencontre grouillant d’annonces.

Les annonces «très attendues» de Ryad Mezzour au patronat
Pour sa première rencontre avec la CGEM, le monsieur Industrie du gouvernement est venu avec des annonces concrètes, tout en insistant sur l’implication du secteur privé dans le vaste chantier de souveraineté nationale dans des secteurs jugés stratégiques

L’Exécutif est déterminé à renforcer la productivité et la compétitivité du tissu industriel national. C’est, en substance, le message du ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, au patronat, lors d’une séance de travail à la CGEM, le 6 décembre à Casablanca. Pour sa première rencontre avec la Confédération, monsieur Industrie du gouvernement est venu avec des annonces concrètes, tout en insistant sur l’implication du secteur privé dans le vaste chantier de souveraineté nationale dans des secteurs jugés stratégiques. Concrètement, dans la valorisation du Made In Morocco, Mezzour affirme que le département de l’Industrie est sur le point de mettre sur les rails une plateforme «ambitieuse». Sa mission, offrir aux industriels marocains un accompagnement de bout en bout.

L’opération, dont le ministre ne pipera pas mot sur le mode de fonctionnement, ne concernera pas uniquement l’export mais aussi la capacité du consommateur marocain à appréhender et apprécier le «Made In Morocco». Il s’agit, selon le ministre, de renforcer d’abord la confiance du Marocain en la marque nationale puis déployer les capacités exportatrices locales sur le marché international. Et ce n’est pas tout. Un plan détaillé englobant 1.200 couples produits-marchés, identifiés en partenariat avec les différentes fédérations industrielles du pays, sera déployé prochainement. Il s’agit, en effet, de permettre aux industriels marocains de monter des lignes de production locales dédiées à leurs clients étrangers. Le financement de ces lignes sera assuré par ces mêmes clients, souligne le ministre. Le chantier de la souveraineté nationale dans des secteurs clés comme l’agro-industrie et la pharmaceutique figure en bonne place dans le plan du ministre. «C’est un chantier qui exige de nous d’intégrer plusieurs paramètres afin de renforcer notre capacité de production en largeur et en profondeur et afin que nous soyons en mesure de faire face à plusieurs enjeux», souligne Mezzour.

Crise des semis conducteurs : près de 15 milliards de DH de pertes à l’export
Le ministre a ainsi cité l’exemple de l’industrie automobile où la crise mondiale des semis conducteurs a fait perdre au Royaume entre 10 et 15 milliards de dirhams à l’export cette année. Dans le secteur pharmaceutique, Mezzour insiste beaucoup sur la mise en place d’une gestion active des stocks en principes actifs et le développement des capacités industrielles locales en la matière. «Le fait de ne pas disposer de principes actifs en termes d’industrie pharmaceutique pourrait nous empêcher de répondre à certains besoins. D’où la nécessité de mener la réflexion ensemble par rapport à ce sujet afin de pouvoir être en mesure de répondre aux enjeux prioritaires qui pourraient être menaçants pour la souveraineté sanitaire du Royaume. Il s’agit là aussi d’une opportunité qui nous permettra d’être en mesure de répondre à des agendas de souveraineté dans la région avec toute la reconfiguration des chaines de valeurs mondiales qui recèle en or pour notre pays», détaille le ministre.

Substitution à l’importation : 683 projets retenus
Le projet de substitution à l’importation mis sur les rails en 2020 connaît un «grand succès». Selon le ministre, à fin septembre dernier, pas moins de 683 projets d’investissement ont été retenus, pour un potentiel de substitution de 42,4 milliards de dirhams, contre un objectif de 34 milliards au départ. Ces projets pèsent un potentiel à l’export de 53,4 milliards de DH, contre un objectif de 17 milliards. Ce qui confirme, selon Mezzour, l’appétence du capital marocain pour l’investissement industriel. À en croire le ministre, plus de 70% de ces projets sont en cours de réalisation puisque leurs porteurs ont déjà acquis le foncier nécessaire à l’investissement et certains ont même démarré les travaux d’aménagement. Le tout représente un potentiel de créations de 610.000 emplois. «Nous constatons donc un basculement très important de l’orientation des investisseurs nationaux vers l’industrie».

Accès à la moyenne tension de source ENR : les premiers contrats arrivent
C’est peut-être le bout du tunnel pour la problématique d’accès des industriels au réseau de moyenne tension de source renouvelable. Selon le ministre de l’Industrie, les premiers contrats sur les premières zones sont en cours de validation. «Nous sommes en train d’ouvrir la brèche pour un premier secteur et cette brèche nous permettra d’ouvrir la voie pour les autres activités industrielles. Je dois vous avouer que c’était un combat extrêmement difficile qu’avait mené mon prédécesseur, Moualy Hafid Elalamy. Là, nous sommes aux dernières encablures puisque le ministère de l’Industrie avec le département en charge de l’Energie se sont mis d’accord avec l’opérateur réseau et le premier fournisseur d’énergie. Il ne reste qu’un petit détail à régler auprès du ministère de l’Intérieur, pour enfin aboutir au premier projet avec une convention cadre. Celle-ci permettra donc à tous les autres secteurs de bénéficier d’un accès à la moyenne tension de sources renouvelables», annonce Mezzour. 
Pour rappel, le Maroc, à travers la loi n° 13-09 sur les énergies renouvelables, a procédé à l’ouverture progressive de la production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables et sa commercialisation au profit des consommateurs connectés aux réseaux électriques de très haute, haute et moyenne tensions. En 2015, le décret n° 2-15-772 relatif à l’accès au réseau électrique national de moyenne tension a été publié au Bulletin Officiel. Pour mettre en œuvre les dispositions de ce texte, le département de l’Énergie avait élaboré un projet d’arrêté conjoint avec celui de l’Intérieur, fixant la trajectoire, pour les dix années à venir (2022-2031), composée des enveloppes pour l’injection d’énergie électrique produite à partir de sources d’énergie renouvelable au réseau électrique de moyenne tension, durant la période précitée. Ce projet d’arrêté conjoint a été transmis au ministère de l’Intérieur pour contreseing. 


 Les piqûres de rappel de la CGEM

Le président de la CGEM, Chakib Alj, a profité de la rencontre avec le ministre de l’Industrie pour exposer pour une énième fois les contraintes qui pénalisent la compétitivité industrielle du pays. Selon lui, malgré les avancées réalisées ces dernières années, les industries et commerces continuent de faire face à différents défis et ce, bien avant la Covid-19 qui n’a fait qu’accentuer certaines problématiques liées, par exemple, aux coûts de la matière première et des facteurs de production (énergie, foncier et logistique) ou encore à l’accès au financement. Pour le patron des patrons, il est impératif de renforcer la souveraineté industrielle du Royaume et d’encourager, de manière forte, le Made in Morocco. Comme pour son collègue de l’Investissement, Mouhcine Jazoulé, il y a quelques semaines, Mezzour a eu droit à un rappel des propositions de la CGEM pour le renforcement de la compétitivité industrielle. Il s’agit, entre autres, de lier les programmes de financement et de subvention de l’État à un niveau d’intégration locale. En effet, afin de renforcer la compétitivité des écosystèmes industriels existants, le patronat propose de développer l’intégration de bout en bout, partant de la matière première jusqu’au produit fini. Autre recommandation, changer le code de la commande publique de manière à stimuler la demande et à promouvoir le Made in Morocco en donnant une chance aux TPME. Pour ce faire, la CGEM préconise par exemple de supprimer les critères discriminants omniprésents dans les appels d’offres publics. Par ailleurs, le «Made with Morocco» doit être renforcé à travers les synergies entre entreprises marocaines et étrangères dans un esprit de co-développement et co-investissement et par la mise en place d’une politique de valorisation des produits. À ce niveau, le patronat recommande de développer un label «contenu marocain certifié» dans une démarche qualité pour son obtention, basée sur la valeur ajoutée locale.

 

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