Apple et Epic Games ont présenté leurs arguments à l'approche du procès qui va opposer, début mai, le fabricant de l'iPhone à l'éditeur du jeu Fortnite, et sera suivi de près par de nombreuses entreprises et élus qui accusent Apple de pratiques anti-concurrentielles.
Les deux firmes ont déposé des argumentaires de plus de 300 pages au tribunal d'Oakland mercredi soir. De hauts responsables sont attendus en personne au procès, dont le patron d'Apple Tim Cook et celui d'Epic Games Tim Sweeney.
Selon Epic Games, Apple dispose d'un monopole sur le marché des applications distribuées sur ses smartphones et tablettes via sa plateforme, l'App Store, et en abuse en imposant des commissions exorbitantes aux développeurs et en privilégiant ses propres applis.
Le groupe du très populaire jeu vidéo Fortnite a intenté des poursuites contre la marque à la pomme après avoir essayé de contourner ce qu'il appelle la «taxe Apple» en offrant aux utilisateurs une alternative au système de paiement de l'App Store. Apple a immédiatement exclu le jeu de la plateforme pour rupture de contrat, une décision confortée par le tribunal l'année dernière. Mais l'affaire dépasse désormais la dispute entre les deux groupes. D'autres entreprises, comme Spotify, jugent trop élevées, et déloyales, les commissions de 15 à 30% prélevées par Apple sur la plupart des transactions effectuées via l'App Store et les applications téléchargées. Et différents régulateurs antitrust américains enquêtent sur les pratiques d'Apple, qui est de fait juge et partie sur l'App Store, puisqu'il y distribue aussi ses applications. Sur d'autres appareils, le système d'Android (Google) fonctionne de façon similaire, à une différence majeure: les plateformes alternatives sont autorisées.
Le groupe de Cupertino fait valoir depuis des années que sa commission, d'un niveau standard, sert à assurer le bon fonctionnement de la plateforme, notamment en termes de sécurité. Il estime que le succès de l'App Store bénéficie aussi bien aux utilisateurs qu'aux développeurs comme Epic Games, qui y réalisent des profits considérables.
Mais Apple se sert de l'App Store «comme d'une arme contre ses concurrents», en rejetant ou retardant des applications rivales sous de «faux prétextes», affirment les avocats d'Epic Games, citant l'ancien directeur du magasin d'applications, Phil Shoemaker, qui s'était exprimé en ces termes lors d'une audition devant une commission parlementaire en octobre dernier.
L'éditeur tente aussi de démonter l'argument de la sécurité. Il cite des documents internes d'Apple, où Eric Friedman, le directeur d'une équipe de lutte contre la fraude, avait comparé les défenses de l'App Store à «une jolie demoiselle qui vous accueille avec des fleurs à l'aéroport de Hawaï au lieu d'un chien formé à la détection des drogues».