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Mardi 19 Mars 2024
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Azedine Hannoun : «La Réunion V4+Maroc confirme le statut du Royaume en tant que puissance régionale»

Le Maroc entérine officiellement son rapprochement avec le groupe de Visegrád, qui rassemble la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Ce groupement est perçu comme étant un bloc géostratégique émergent dont il faut tenir compte en Europe. Pour le professeur universitaire et chercheur au Centre marocain des études stratégiques, Azedine Hannoun, il s’agit de là d’une confirmation du nouveau credo de la diplomatie marocaine consistant à diversifier les partenariats internationaux.

 Azedine Hannoun : «La Réunion V4+Maroc confirme le statut du Royaume en tant que puissance régionale»
Azedine Hannoun.

La première réunion ministérielle «V4+Maroc» du Groupe de Visegrád s’est ouverte, mardi à Budapest. Quelle est votre lecture de la participation du Maroc ?
L’idée de cette réunion se veut un mécanisme de dialogue pérenne qui devrait s’inscrire dans le temps. Il s’agit de la traduction tout d’abord du statut du Maroc en tant que puissance régionale ayant un rôle à jouer dans la gestion des questions internationales. Ce mécanisme de dialogue n’est pas créé fortuitement, mais traduit l’existence d’enjeux importants portés par ce rôle et ce statut du Maroc. Les États du groupe Visegrad sont conscients de l’apport que pourrait avoir le Royaume dans la configuration de leurs relations avec le pourtour méditerranéen. On sait que ces États ont un tropisme à l’égard des États d’Europe du Sud et de l’Est. Leur profondeur méditerranéenne reste à construire, d’où le choix du Royaume en tant qu’interlocuteur principal dans ce cadre.

Quel profit le Maroc peut-il tirer de ce rapprochement avec cet ensemble régional ? Et que représente le Maroc pour ce groupement ?
Effectivement, ces États ne s’étaient pas adressés au Maroc de manière fortuite. Leur lecture de la configuration géopolitique régionale les a orientés vers notre pays. Le Maroc pourrait renforcer sa vocation en tant que partenaire privilégié de l’Europe et approfondir ses liens avec l’Union européenne dont ces États sont des membres. Le Maroc aura beaucoup à gagner sur le plan économique à travers l’ouverture de nouveaux marchés qui se trouvent aux portes de sa zone de partenariat principal. Le Royaume, en phase offensive sur le plan géopolitique et politique, pourrait trouver un soutien important pour la marocanité du Sahara dans la mesure où historiquement ces États sont très sensibles au phénomène du séparatisme. En outre, le Maroc est une tête de pont qui pourrait permettre à cet ensemble de consolider les liens avec les États africains. La question de l’immigration clandestine est également un motif important. L’État marocain a fait preuve d’un certain volontarisme en adoptant sa propre doctrine et stratégie dans ce domaine.

Dans quelle mesure cette diversification de partenaires peut-elle éviter au Maroc de rester otage de ses alliés traditionnels ?
De par leur expérience récente, l’État et la diplomatie marocains sont conscients de cette nécessité. Le monde d’aujourd’hui, plein d’incertitude, fait basculer les États dans des attitudes instables et changeantes. Quand vous diversifiez vos partenaires, vous vous procurez des choix supplémentaires afin d’éviter des situations de blocage. Au sein même de l’Union européenne, il existe des blocs d’États qui ont des intérêts divergents. 

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