Plus de 100 millions d'enfants n'atteindront pas le niveau minimum de compétence en lecture en raison de l'impact des fermetures d'écoles liées à la pandémie du Covid-19, selon une nouvelle étude de l'Unesco.
Selon ce rapport, publié en anglais, le nombre d'enfants ne possédant pas les compétences de base en lecture, qui était sur une courbe descendante avant la pandémie, aurait dû passer de 483 millions à 460 millions en 2020, indique un communiqué de l'organisation onusienne basée à Paris.
Au lieu de cela, le nombre d'enfants en difficulté a bondi à 584 millions l’an dernier, augmentant de plus de 20% et effaçant les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies grâce aux efforts faits dans le domaine éducatif.
Pour plancher sur cette problématique, l’organisation onusienne réunira les ministres de l'éducation du monde entier le 29 mars.
Intitulée «Un an de Covid : donner la priorité à la relance de l'éducation pour éviter une catastrophe générationnelle», la réunion ministérielle vise à répondre à trois préoccupations majeures de l'ordre du jour des politiques éducatives : rouvrir les écoles et soutenir les enseignants ; atténuer les abandons et les pertes d'apprentissage ; accélérer la mutation numérique. Elle sera ouverte par la directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, et comprendra des messages du Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et du Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus. La scolarité a été perturbée pendant 25 semaines en moyenne depuis le début de la pandémie en raison de fermetures complètes ou partielles. Les pertes d'apprentissage devraient être les plus importantes dans la région Amérique latine et Caraïbes, ainsi qu'en Asie centrale et du Sud, relève l’organisation onusienne.
L’étude indique que si un retour à la situation ayant précédé la pandémie pourrait prendre une décennie, la reprise pourrait intervenir toutefois d'ici 2024 à condition que des efforts exceptionnels soient déployés pour proposer des cours et des stratégies de rattrapage. Cependant, selon les nouvelles données d'une enquête conjointe menée par l'Unesco et l'Unicef, seul un quart des élèves bénéficient de tels programmes de remise à niveau. Si le nombre d'apprenants touchés par les fermetures partielles ou complètes d'écoles n'a pas beaucoup changé depuis le début de la pandémie, les gouvernements prennent de plus en plus de mesures pour maintenir les écoles au moins partiellement ouvertes.
Les établissements sont totalement ouverts dans environ la moitié des pays dans le monde (107 États), principalement en Afrique, en Asie et en Europe, et desservent 400 millions d'apprenants du préélémentaire au secondaire, note l’Unesco.
Les écoles restent fermées dans 30 pays, ce qui a un impact sur quelque 165 millions d'élèves. Dans 70 pays, elles sont partiellement ouvertes dans certaines régions, pour certaines classes, ou avec une présence réduite. Ces conditions affectent environ les deux tiers de la population scolaire et étudiante mondiale, soit près d'un milliard d'apprenants.
Pour limiter les abandons et les pertes d'apprentissage, il convient de donner la priorité à l’instruction lors de la reprise, préconise l’Unesco, qui estime toutefois que 65% des gouvernements des pays à faible revenu ont réduit le financement de l'éducation, contre 35% dans les pays à revenu élevé.
Alors que les mesures fiscales pourraient injecter davantage de ressources dans l'éducation, l'Unesco estime que 2% seulement sont réservés à l'instruction dans les plans de relance budgétaire.
La réunion ministérielle du 29 mars présentera également les réalisations de la Coalition mondiale pour l'éducation, lancée il y a un an par l'Unesco pour soutenir la continuité de l'apprentissage.
La Coalition compte 170 partenaires publics, privés et de la société civile actifs dans une centaine de pays. Au moins 400 millions d'apprenants et 12 millions d'enseignants bénéficient directement ou indirectement des actions de la Coalition, notamment par l'accès à des plateformes en ligne nouvellement créées, à des ressources éducatives, à des programmes d'études numérisés et à des formations. Un rapport d'activité sur un an sera publié le 29 mars.