La Commission européenne a annoncé mardi avoir conclu des pourparlers exploratoires avec la biotech franco-autrichienne Valneva, à laquelle elle envisage d'acheter jusqu'à 60 millions de doses de vaccin potentiel contre le coronavirus. L'UE a déjà signé six contrats avec des laboratoires pharmaceutiques pour des commandes de vaccins, et est également en discussions avec l'américain Novavax pour un maximum de 200 millions de doses.
Une fois les négociations avec Novavax et Valneva finalisées, l'Europe disposerait de contrats avec huit laboratoires différents pour un potentiel de plus de 2,5 milliards de doses. « Le contrat envisagé avec Valneva prévoirait la possibilité, pour tous les États membres de l'UE, d'acheter ensemble 30 millions de doses dans un premier temps, puis jusqu'à 30 millions de doses supplémentaires », précise l'exécutif européen dans un communiqué. « Avec ce huitième vaccin, nous enrichissons l'éventail déjà large et diversifié de vaccins de notre portefeuille. Ce faisant, nous pouvons maximiser nos chances pour que tous les citoyens puissent avoir accès à des vaccins sûrs et efficaces d'ici fin 2021 », a commenté la commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides. Le vaccin de Valneva a été développé via une technologie déjà éprouvée, à base de virus inactivé- à l'opposé de l'ARN messager, la solution utilisée par Pfizer/BioNTech et Moderna.
Valneva avait indiqué mi-décembre avoir démarré ses essais cliniques sur l'Homme pour son candidat vaccin contre le Covid-19, déjà commandé par le Royaume-Uni. La phase 2-3 devrait être lancée fin mars, début avril, indique la biotech. Ensuite, « nous devons faire une demande d'enregistrement provisoire au Royaume-Uni en septembre. Dès que le vaccin y est accepté, on livrera nos premières doses », a précisé Franck Grimaud, le directeur général de Valneva, joint par l'AFP. Quant aux premières livraisons aux pays de l'Union européenne, Valneva dit tabler sur le début de 2022. Son directeur général estime toutefois que le vaccin n'arrivera pas trop tard. « Il va falloir des rappels pour maintenir un bon niveau de protection. Les rappels vont pouvoir se faire avec tous types de vaccins », dit-il.
Par ailleurs, estime-t-il, le vaccin de la biotech présente un atout en cas de mutation du coronavirus. « L'un des intérêts de notre approche est que l'on conserve la totalité du virus qu'on a inactivé: donc il y a une production d'anticorps assez variables, et pas seulement sur la protéine +spike+ visée par les premiers développements (de vaccins, ndlr...). On pense qu'avec cette technologie, on a de bonnes chances de pouvoir répondre à des mutations éventuelles de ce virus », souligne-t-il. Quant au prix du vaccin, qui sera administré en deux doses, M. Grimaud indique juste qu'il ne « se situe ni dans les moins chers, ni les plus chers ».
La Commission européenne a déjà signé des contrats avec le suédo-britannique AstraZeneca et l'américain Johnson & Johnson (jusqu'à 400 millions de doses auprès de chacun), le duo franco-britannique Sanofi-GSK (jusqu'à 300 millions de doses), le duo américano-germanique Pfizer-BioNTech (jusqu'à 600 millions de doses), l'allemand CureVac (jusqu'à 405 millions de doses) et l'américain Moderna (jusqu'à 160 millions de doses). Seuls les vaccins de Pfizer-BioNTech et Moderna ont reçu le feu vert de l'Agence européenne des médicaments (AEM, ou EMA en anglais) pour être déployés dans l'UE. Le régulateur européen se penchera fin janvier sur le vaccin d'AstraZeneca, déjà autorisé par Londres.