Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Nation

David Goeury : « On se dirige probablement vers un gouvernement resserré pour mettre en œuvre efficacement le programme gouvernemental »

Une majorité cohérente qui allie gouvernement et gouvernance territoriale et une opposition faible numériquement, mais qui peut être mobilisatrice pour les causes sociétales. C’est en somme la lecture que fait David Goeury, membre du laboratoire Médiation de la Sorbonne et chercheur associé au think tank Tafra, de la nouvelle coalition composée du RNI, PAM et l’Istiqlal. La question pour lui est de savoir si cette dernière fera le choix judicieux de resserrer l’équipe gouvernementale pour plus d’efficacité.

David Goeury : « On se dirige probablement vers un gouvernement resserré pour mettre en œuvre efficacement le programme gouvernemental »

Le Matin : Quelle lecture faites-vous de la nouvelle alliance gouvernementale ?

David Goeury : Les trois partis politiques qui composent la nouvelle alliance gouvernementale partagent des idéologies très proches et ont une vision assez homogène pour l’avenir du Maroc. Ils ont également fait le choix de mettre en cohérence les différentes échelles de gouvernance du pays, notamment en ayant une homogénéité entre le gouvernement, les présidences de régions et les présidences des grandes villes. Donc, on voit bien que l’alliance gouvernementale a été pensée à la fois sur la base de la cohérence idéologique et programmatique, dans un premier temps, et aussi comme ayant une capacité à agir avec la même cohésion, au niveau territorial et dans le cadre du déploiement des politiques publiques.

Comment peut-on imaginer l’architecture du nouveau gouvernement ?

Pour la composition du nouvel exécutif, la priorité sera de mettre en place une coalition qui va garantir une stabilité sur la durée. En effet, le choix qui a été fait par le RNI de s’associer à deux grands partis qui ont un poids important à la Chambre des représentants, mais qui ont aussi des fiefs territoriaux importants sur le territoire marocain, nécessite de négocier à ce moment-là des rapports de force équilibrés au sein de la coalition, à la fois dans l’autorité des ministères, mais aussi par rapport au nombre et au prestige de ces derniers. La question maintenant est de savoir si on va vers un gouvernement resserré ou plutôt un gouvernement élargi. La première hypothèse sera sans doute celle qui sera retenue, notamment pour des raisons d’efficacité, de mise en œuvre du programme gouvernemental.

La présidence du Parlement se jouera entre quels noms selon-vous ?

La présidence du perchoir est généralement attribuée à une figure politique qui a un prestige extrêmement fort au sein du parti. Et elle vient justement reconnaître, dans ce sens, l’importance du rôle d’un des leaders du parti dans la création des rapports de force et des coalitions. Abdellatif Ouahbi, qui était pressenti pour ce poste devra, selon la demande du conseil national du PAM, intégrer le gouvernement, donc on aura plutôt la possibilité de voir le leader du Parti de l’Istiqlal à la tête de la Chambre des représentants. À mon avis, ce sont des arbitrages qui vont être rapidement mis au jour, mais ma lecture reste une hypothèse, puisque je n’ai pas de connaissance très approfondie des tractations qui se font actuellement entre les partis de la majorité à ce sujet.

Quel est le poids réel de l’opposition dans la nouvelle carte politique ?

L’opposition peut apparaître effectivement faible en nombre de représentants par rapport à la majorité gouvernementale, cependant, il faut savoir que son poids n’est pas à évaluer juste du point de vue numérique, mais c’est surtout une affaire de prise de position et de discussions, notamment dans l’espace public élargi en dehors des assemblées. Et là, on voit que, premièrement, il y a déjà des rapports de force qui ont émergé, notamment dans les négociations pour les collectivités territoriales, en particulier le blocage qu’il y a eu à Rabat avec l’USFP sur la présidence du conseil municipal de Rabat. Ensuite, on voit que si l’opposition apparaît comme numériquement effectivement faible, en revanche, elle est à même de réinvestir un espace public, un espace médiatique pour faire entendre sa voix. Et là, on constate déjà le positionnement, par exemple, de l’USFP clairement dans l’opposition. Il est également important de voir comment vont se positionner les partis qui ont eu peu d’élus et qui ont réalisé des résultats particulièrement faibles comparés au RNI, mais qui vont peut-être se mobiliser davantage sur les questions sociales et porteront ainsi la voix des citoyens sur ces sujets. Ils pourront ainsi se positionner comme des relais de mobilisation qui se font donc localement sur les questions de l’emploi, des libertés individuelles ou du modèle de société en général. Le PSU et la FGD sont d’ailleurs très attendus sur ce volet. Il est aussi intéressant de savoir quelle va être la stratégie du PJD au sein de l’opposition, une fois qu’il parviendra à se reconstruire et se réorganiser au cours de cette année.
 

Lisez nos e-Papers