Menu
Search
Samedi 20 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 20 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Flexibilité des changes, banques participatives, «Intelaka», créances en souffrance... Abdellatif Jouahri joue cartes sur table

Le contexte de crise sanitaire aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale continue d’imposer à la Banque centrale un rythme optimal dans le pilotage et la gestion des chantiers. Ainsi, pour la flexibilisation du régime de change, BAM opte pour la prudence et préfère attendre encore. Pour les créances en souffrance, la cadence s’accélère pour le lancement du fameux marché secondaire. Dans le soutien à l’entrepreneuriat, un exercice de réajustement du programme «Intelaka» est dans le pipe vu le nombre élevé des rejets de dossiers. Et dans la banque participative, une étude est en cours pour expliquer l'atonie de ce marché. Le gouverneur de la Banque centrale dit tout.

Flexibilité des changes, banques participatives, «Intelaka», créances en souffrance... Abdellatif Jouahri joue cartes sur table

Le passage à la deuxième étape dans le processus de flexibilisation du régime de change, à savoir le ciblage de l’inflation, doit encore attendre. L’affirmation est du Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, lors du point de presse organisé le 21 décembre à l’issue de la dernière réunion du Conseil de la Banque pour cette année 2021. Le gouverneur de la Banque centrale rappelle que cette étape consistera à abandonner l’ancrage au panier des devises et à passer à un ciblage de l’inflation. Le nouvel ancrage sera donc le taux directeur et la politique monétaire. Rappelons qu’à l’issue de sa récente mission au Maroc au titre de l’article 4, le Fonds monétaire international (FMI) avait recommandé l’accélération de ce processus. Réponse de Jouahri : «il vaut mieux attendre, ce n’est pas le bon timing !» Son explication : «Nous évoluons toujours dans un contexte de crise marqué par l’apparition de nouveaux variants du virus. Ce qui accentue les incertitudes et pèse en conséquence sur le Budget de l’État et détermine la politique monétaire. J’ai expliqué à l’équipe du FMI que nous sentons encore le besoin de sensibilisation et de formation du tissu économique national par rapport à cette étape à franchir. Car il est essentiel que les opérateurs économiques comprennent bien comme il le faut les contours, les modes de fonctionnement et les imbrications de ce projet». En outre, la Banque centrale affirme travailler auprès du secteur bancaire sur la cartographie des risques liés à ce système. Jouahri souligne également que le passage au ciblage de l’inflation nécessite un certain nombre de prérequis, notamment une soutenabilité budgétaire à moyen terme. «Si nous engageons cette nouvelle étape, nous n'aurons plus le droit de faire un retour en arrière», a martelé Jouahri. Le gouverneur rassure toutefois que sur les plans technique et de modélisation, la Banque centrale est prête.

Finance participative : la qualité du management à revoir !

Les banques participatives traînent encore les pieds et tardent à atteindre leur vitesse de croisière. Pour le gouverneur de la Banque centrale, cette situation est en partie liée au choix des managements de ces établissements. En effet, explique-t-il, quand vous avez un actionnaire qui mobilise l’argent qu’il faut et choisit le bon management, il avance. «Car il ne suffit pas d’être un bon manager et un bon technicien, mais encore faut-il être un bon commerçant», souligne Jouahri. Le patron de l’Institut d’émission affirme être favorable à des opérations d’élargissement de l’actionnariat des banques participatives ou encore à une concentration, si cela peut avoir la vertu de booster ce marché. D’ailleurs, indique-t-il, «j’ai reçu une demande de rapprochement qui n’a pas été concluante et une autre portant sur un élargissement de l’actionnariat pour laquelle nous avons recommandé un approfondissement des études». Jouahri estime qu’il est important de s’intéresser aux véritables causes de l’atonie constatée dans ce secteur que la Banque centrale suit de près à une cadence mensuelle. C’est d’ailleurs l’objet d’une étude engagée par BAM et les banques participatives et dont les résultats devraient apporter les bons éclairages par rapport à cette situation. De même, Jouahri assure pousser vers l’organisation d’une réunion entre ces établissements et le Conseil supérieur des Oulémas pour évaluer les avancées et écueils dont le démarrage avec les premiers agréments a été acté en 2017.


Créances en souffrance : le marché secondaire dans le pipe

C’est probablement le bout du tunnel pour le fameux projet de marché secondaire des créances en souffrance. À en croire Jouahri, le processus d’élaboration du cadre juridique devant régir ce concept de «Bad Bank» est bien avancé avec un lancement de ce marché «avant la fin de l'année». Jouahri affirme avoir saisi le Secrétariat général du gouvernement pour piloter ce projet eu égard aux différents problèmes d’ordre juridique impliquant plusieurs départements ministériels. «Nous avons débloqué la situation et nous accélérons la cadence pour lancer ce marché tant attendu.», rassure le Wali de BAM qui souligne au passage l’existence d’un volume dûment valable pour animer ce futur marché. L’accélération d’installation de ce marché figurait d’ailleurs parmi les recommandations du FMI lors de sa dernière mission au Maroc. Rappelons qu’à fin octobre dernier, les créances en souffrance ont dépassé 85,19 milliards de DH, en hausse de 6,9%, sur un an, soit plus de deux fois le rythme d'évolution du crédit bancaire (3,1%) sur la même période.

Programme «Intelaka» : taux de rejet des dossiers «très élevé», un reparamétrage en cours

Le programme «Intelaka», lancé en 2020, pour donner une forte impulsion au financement bancaire des auto-entrepreneurs, TPE et petites entreprises exportatrices, est dans une zone de turbulences. En effet, indique Jouahri, le taux de rejet des dossiers par les banques dans le cadre de ce programme est «très élevé». Faute d’un accompagnement adapté en amont, les porteurs de projets arrivent chez les banques avec des dossiers non bancables. D’où la nécessité, selon le gouverneur de BAM, d’opérer des réajustements de ce programme. D’ailleurs, souligne Jouahri, une commission impliquant les Centres régionaux d'investissement (CRI), les départements de l’Intérieur et des Finances et la Caisse centrale de garantie a été constituée. Celle-ci est en train de plancher sur la mise en place d’un système de labellisation des partenaires impliqués dans l’accompagnement. Un projet pilote déclinant la nouvelle formule d’accompagnement dans le cadre de ce programme sera ainsi lancé dans les deux semaines qui viennent avec le CRI de Fès. Si cette formule réussit, elle sera alors généralisée à l’ensemble du pays, annonce Jouahri. Les remontées des banques montrent qu’il y a eu plusieurs cas de fraude dont certains ont même fait l’objet d’instruction judiciaire, révèle le patron de BAM.

Lisez nos e-Papers