Retour des jauges, télétravail, interdiction des concerts et de la consommation debout, durée d'isolement: l'exécutif a annoncé lundi de nouvelles mesures face à la flambée du variant Omicron sans aller jusqu'au couvre-feu le 31 décembre ou un report de la rentrée scolaire.
"Tout cela semble être un film qui n'en finit pas", a reconnu le Premier ministre Jean Castex au moment de décrire une "situation sanitaire extrêmement tendue" devant la presse à l'issue d'un Conseil de défense sanitaire et d'un Conseil des ministres tenus en visioconférence.
Pour "éviter la désorganisation de notre économie", le chef du gouvernement a annoncé, aux côtés de son ministre de la Santé Olivier Véran, qu'"à compter de lundi et pour une durée de trois semaines", "le recours au télétravail sera rendu obligatoire dans toutes les entreprises et pour tous les salariés pour lequel il est possible à raison de 3 jours minimum par semaine et si possible 4 jours".
"Les grands rassemblements seront limités à une jauge de 2.000 personnes en intérieur et 5.000 personnes en extérieur", y compris dans les enceintes sportives, a-t-il annoncé.
Autres mesures visant à "adapter le dispositif de manière proportionnée": "les concerts debout seront interdits" tout comme "la consommation de boisson et d'aliments dans tous les cinémas, théâtres, équipements sportifs et les transports collectifs, y compris longue distance".
"La consommation dans les bars et cafés ne pourra plus se faire debout mais seulement de manière assise", a-t-il précisé, ajoutant que l"obligation du (port du) masque sera étendue (...) notamment dans les centre-villes".
Dans cette "course contre-la-montre", le gouvernement n'a toutefois pas choisi d'imposer un couvre-feu vendredi pour la Saint-Sylvestre, mais Jean Castex a une nouvelle fois répété les recommandations émises par les autorités sanitaires: "limiter les grandes fêtes, porter le masque, aérer, se tester".
De la même manière, l'exécutif est resté fidèle à sa ligne de conduite sur les écoles, en décidant de ne "pas reporter la rentrée" prévue le 3 janvier ni "basculer les collèges et les lycées en distanciel", alors que plusieurs personnalités dans l'opposition, dont la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse, avaient demandé de reporter d'une semaine la rentrée scolaire.
Sur les règles d'isolement pour les malades et les cas-contacts, des annonces seront faites "d'ici la fin de semaine", a annoncé Jean Castex, au vue des "caractéristiques" d'Omicron qui "vont nous conduire (...) à ajuster notre doctrine sur la durée d'isolement". Celle-ci peut actuellement aller jusqu'à 17 jours pour un cas-contact d'une personne positive du même foyer, au risque d'immobiliser des centaines de milliers de Français.
Toutes les cérémonies de voeux prévues en janvier sont par ailleurs annulées, a annoncé Jean Castex, après avoir indiqué qu'un Conseil de défense se tiendrait le 5 janvier prochain, "pour refaire le point" sur la situation sanitaire au sortir des vacances scolaires.
Dans les hôpitaux, la pression continue de monter "avec un rythme modéré", a-t-il commenté alors que plus de 16.000 personnes se trouvent actuellement hospitalisées, dont plus de 3.000 en soins critiques.
Mais ce sont surtout les chiffres de contaminations qui s'affolent ces derniers jours: samedi, plus de 100.000 nouveaux cas ont été enregistrés, un chiffre inédit depuis le début de la pandémie, avec aussi des records de tests pratiqués.
En Outre-mer, où la situation se détériore également, l'état d'urgence sanitaire "va être déclaré" sur l'île de La Réunion et "prolongé" en Martinique, a indiqué Jean Castex.
Mais plus que jamais, l'exécutif mise sur la vaccination à marche forcée, alors que quelque 22 millions de Français ont déjà reçu une dose de rappel, soit plus de la moitié des 40 millions de personnes éligibles.
Pour inciter tous les Français à se faire vacciner, le gouvernement a adopté son projet de loi actant la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal: "un test ne suffira plus" dans de nombreux lieux, a résumé Jean Castex.
Se disant "scandalisé" par les faux pass sanitaires, il a insisté qu'un accroissement des sanctions était prévu dans le projet de loi.
Initialement prévu pour une entrée en vigueur fin janvier, le projet de loi sera examiné en commission à l'Assemblée nationale dès mercredi, avant d'aller au Sénat à partir du 5 janvier.
Sa mise en oeuvre est prévue dès le 15 janvier pour accéder "aux activités de loisirs, aux restaurants et débits de boisson, aux foires, séminaires et salons professionnels ou encore aux transports interrégionaux", notamment ferroviaires.
La seule présentation d'un test négatif demeurerait en revanche valable "pour l'accès aux établissements et services de santé et médico-sociaux".
Dans l'opposition, Marine Le Pen (RN) a dénoncé des "mesures punitives qui n'ont aucun sens".
Face à l'urgence, le gouvernement a enfin annoncé lundi que le délai nécessaire pour obtenir une dose de rappel était "réduit à trois mois", alors qu'il était de 4 mois depuis quelques jours.
"Tout cela semble être un éternel recommencement", a reconnu Jean Castex. Avant de lancer: "mais ce combat nous le gagnerons".