Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres a appelé lundi la communauté internationale à la mise en place d'un «nouveau mécanisme» pour soulager la dette des pays les plus pauvres, fragilisés par la pandémie. Il a lancé cet «appel à l'action urgente» dans le contexte de la pire récession depuis la Grande dépression», lors d'une conférence de haut niveau sur le financement du développement organisée virtuellement au siège des Nations unies à New York.
Un «nouveau mécanisme de dette» offrant davantage d'options -y compris des échanges, des rachats et des annulations de dettes- est nécessaire, a-t-il plaidé, car de nombreux pays ont hésité à s'endetter pendant la crise sanitaire mondiale, de crainte d'une dégradation de leur cote de crédit. Il a, également, appelé les pays du G20 à prolonger le moratoire sur les paiements des prêts des pays débiteurs -en place depuis avril 2020- jusqu'en 2022, et à proposer cette solution aux pays à revenus intermédiaires qui le souhaitent. «Nous devons changer les règles», a déclaré Antonio Guterres lors de cette réunion à laquelle participaient des dizaines de chefs d'Etat, ainsi que des dirigeants du FMI, du Groupe de la Banque mondiale et de l'OCDE. «Nous sommes au bord d'une crise de la dette», a averti le secrétaire général en notant qu'un «tiers des économies émergentes sont exposées à un risque élevé de crise budgétaire».
Les pays du G20 ont dépensé près de 16.000 milliards de dollars pour relancer leurs économies, mais les pays en développement ne peuvent pas en faire autant, a-t-il regretté lors de cet événement organisé avec le Canada et la Jamaïque. Ainsi, les pays les moins avancés ont dépensé 580 fois moins, par habitant, pour leur réponse au Covid-19 que les économies avancées, a-t-il noté en rappelant que six pays sont actuellement en défaut de paiement, dont la Zambie et le Liban. La pandémie a aussi plongé 120 millions de personnes dans la pauvreté absolue, a-t-il dit.
Or les pays les plus pauvres «ne peuvent pas non plus accéder aux vaccins, qui constituent la voie la plus rapide pour sortir de la pandémie», a-t-il souligné.
«Les pays en développement doivent avoir accès à des liquidités supplémentaires pour faire face à la pandémie et investir dans la reprise», a-t-il insisté. Et «la communauté mondiale doit de toute urgence apporter le soutien nécessaire à tous les pays en développement qui en ont besoin», a-t-il déclaré. Sinon, «nous risquons de sortir du Covid-19 avec un monde à deux vitesses», dont l'impact serait «dévastateur» à tous niveaux, a-t-il conclu.