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Hassan Benaddi : «Tout réussira à ce gouvernement s’il arrive à capter et préserver l’adhésion des Marocains»

Formation du nouveau gouvernement, reddition des comptes, performance des partis politiques… L’analyste politique Hassan Benaddi souligne les enjeux pour le nouveau gouvernement afin d’obtenir l’adhésion des citoyens.

Hassan Benaddi : «Tout réussira à ce gouvernement s’il arrive à capter et préserver l’adhésion des Marocains»

Avant de parler de l’architecture du nouveau gouvernement, l’invité de L’Info en Face a tenu à replacer cette dynamique politique dans son contexte global. «Nous vivons, au Maroc, un moment éminemment important. Nous sortons d’une séquence qui a commencé en 2003, avec les attentats terroristes puis la politique de l’alternative qui a été adoptée à S.M. le Roi Mohammed VI. Le Maroc avait fait le choix de continuer à gérer l’islamisme marocain à la manière marocaine», souligne Hassan Benaddi. Pour l’analyste politique, il s’agit aujourd'hui de la fin de cette séquence par les urnes. «Le triomphe électoral des trois partis en tête des élections et l’échec du PJD montrent que nous sommes sortis de cette séquence à la manière marocaine, alors que dans d’autres pays, il y a encore beaucoup de difficultés», estime l’invité de L'Info en Face, qui rappelle que le Maroc aspire à la modernité depuis son indépendance. «Cette fois-ci, je pense qu’on va passer à la vitesse supérieure.

Ce gouvernement répond réellement au contexte qui prévaut sur les plans national et mondial. C’est-à-dire que les clivages idéologiques qui ont organisé le monde et qui ont configuré nos paradigmes de réflexion ne sont plus importants. Les gens jugent aujourd'hui les politiques selon leur capacité à répondre à leurs aspirations. C’est l’argument d’efficacité qui prend le pas sur une obédience idéologique», affirme-t-il. Car les citoyens, toutes catégories confondues, ont beaucoup d’attentes.

«Aujourd'hui, il faut un gouvernement homogène qui travaille en équipe. Il y a aussi des instances qui vont renforcer ce gouvernement, et S.M. le Roi en a cité une, à savoir le Haut-Commissariat au Plan, qui va être transformé pour devenir un dispositif de suivi, de coordination et d’évaluation permanente des actions», déclare Hassan Benaddi, ajoutant que ces changements interviennent dans un contexte particulier marqué par la pandémie de la Covid-19. S’agissant des ministres nommés, l’invité de L'Info en Face note que le choix d’attribuer le ministère de l’Éducation nationale au coordinateur de la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement met en exergue l’importance de la préparation de la prochaine génération aux enjeux à venir.

«Les élites qui ont réussi dans plusieurs régions dans le monde sont celles qui ont su sanctuariser un certain nombre de domaines, notamment l’enseignement. Je pense qu'aujourd'hui, il y a une réelle prise de conscience de l’importance de cette question, sans faire de la surenchère sur des sujets tels que la langue d’enseignement», indique l’analyste politique, insistant sur le fait que le Maroc est un espace d’addition et non d’exclusion et c’est ce qui a toujours fait sa grandeur. «Nous n’avons plus de temps à perdre, l’enjeu est de marcher au rythme du monde», a-t-il souligné. Pour Hassan Benaddi, le cumul des fonctions pour certains ministres, qui sont également à la tête de conseils élus dans les villes, risque de poser problème pour faire face à l’ampleur des chantiers à mettre en place : «Je pense que si on continue au même rythme qui a marqué la formation de la majorité et du gouvernement, on va rapidement se rendre compte qu’on ne pourra pas toujours être au four et au moulin». Et de noter que le Maroc dispose de compétences dans tous les domaines, la question qui se pose est de faire les bons assemblages.

L’autre chantier important sur lequel le gouvernement doit travailler, selon l’invité de L'Info en Face, est celui du renforcement du mécanisme de reddition des comptes, d’incompatibilité et de conflit d’intérêts. «Tout réussira à ce gouvernement s’il arrive à capter et préserver l’adhésion des Marocains, qui devient une chose très difficile, à l’ère des médias sociaux et de la démocratisation de l’information», alerte-t-il. Le travail devra être fait par le législateur en mettant en place les garde-fous nécessaires, mais aussi par l’Intelligentsia, qui doit jouer son rôle afin de mobiliser les populations.

L’analyste politique rappelle également la question de la performance des partis politiques, qui doivent mieux s’organiser pour accompagner les évolutions dans le pays. «On ne peut pas construire une vraie démocratie sans de véritables partis politiques. Les partis souffrent aujourd'hui de désaffection et deviennent uniquement des machines électorales. Ce n’est pas mauvais, mais les partis doivent être également des laboratoires d’idées et de visions, qui jouent leur rôle de courroie de transmission pour encadrer les gens», indique Hassan Benaddi. Car l’enjeu est d’avoir une société d’acteurs et non pas d’objets des politiques publiques pour profiter de tout le potentiel qui existe. «Il faut avoir le courage d’envisager des solutions exceptionnelles en faveur des jeunes dans les grands chantiers de notre pays pour des situations exceptionnelles, telle que celle que nous vivons», a-t-il souligné.

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