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Huit mois après le lancement de la campagne, les données manquent sur les effets réels de la vaccination

Alors que le Maroc avance dans la campagne de vaccination de la population, l'on ne sait pratiquement rien sur l'évolution des variants, sur l'efficacité des vaccins et le pourcentage des personnes vaccinées qui développent des formes graves de la maladies, voire qui décèdent. Une étude scientifique approfondie sur les effets de la vaccination, à communiquer au grand public, s'impose.

Huit mois après le lancement de la campagne, les données manquent sur les effets réels de la vaccination

Depuis le lancement de la vaccination anti-Covid au Maroc, beaucoup a été dit concernant son impact sur l'évolution de la pandémie. De nombreux experts se sont relayés ces derniers mois pour confirmer son efficacité aussi bien dans le freinage de la transmission du virus que dans la prévention des formes graves de la maladie.

Un constat qui a découlé des évaluations menées au niveau national mais aussi des enseignements tirés de données internationales. Seulement, aucune étude scientifique approfondie, permettant de mesurer les effets réels des vaccins administrés au Maroc, n'a été menée, ou du moins communiquée, à ce jour pour venir étayer ce constat avec des données chiffrées. C'est le cas notamment de l'étude des cas graves ou des décès qui sont montés en flèche ces dernières semaines. 

"Nous ne disposons pas actuellement de données exactes sur le pourcentage des vaccinées parmi les personnes admises en réanimation, aucune étude n'ayant été menée dans ce sens", a fait savoir Saïd Moutawakil, professeur en réanimation et membre du Comité scientifique et technique contre la Covid-19.

Néanmoins, il avance prudemment une estimation générale qui fait état de 52% de patients non vaccinés admis en réanimation contre 48% de vaccinés. Pour cette dernière catégorie, il s'agit de patients ayant des facteurs de risque, appelés des comorbidités, notamment le diabète, l'hypertension et l'obésité. "Ce sont des personnes fragiles d'une moyenne d'âge supérieure à 65 ans", a-t-il précisé.

Mais ni ces estimations, ni celles faites à ce jour sur l'évolution de la pandémie au Maroc, ne permettent de statuer de manière scientifique et mesurée sur l'utilité et l'efficacité de la vaccination dans le pays. Quid de l’efficacité réelle des vaccins inoculés dans le pays ? Qu’en est-il de leur résistance aux variants ? Quels sont les effets secondaires constatés ? Quelle est la durée de l'immunité acquise ? Les questionnements demeurent à ce jour entiers d'où la nécessité et l'urgence de conduire une étude dans ce sens.

La seule piste qui s'annonce actuellement est celle évoquée par le professeur Said Afif, également membre du comité scientifique et technique de la vaccination et président de la Société marocaine des sciences médicales, qui avait indiqué que ministère de la Santé plancherait sur une étude pour collecter des données sur les profils des personnes développant une forme grave du virus, admises dans les services de réanimation et décédées. «Nous échangeons beaucoup avec les chefs des services de réanimation pour voir les profils des personnes qui décèdent. Ceux-ci affirment que la majorité des cas ne sont pas vaccinés», avait-il déclaré au micro de Matin TV.

Du côté du ministère de la Santé, aucune annonce officielle n'a été faite au sujet de cette étude ni d'une autre d'ailleurs.
Nombreux sont les pays qui ont mobilisés des équipes de scientifiques pour étudier avec précision l’impact de la vaccination dans la vie réelle et répondre ainsi aux inquiétudes et interrogations de la population.

Leurs analyses, qui ont couvert de larges cohortes de personnes, ont permis de dégager des données de protection rassurantes. Elles ont également confirmé que les vaccins disponibles conservent une excellente efficacité contre les variants.

"Ce qui est admis et qui a été démontré scientifiquement au niveau international, c'est que tous les vaccins ne sont pas efficaces à 100% contre la maladie et la propagation de l'infection. L'efficacité des vaccins développés va de 67%, comme c'est le cas pour Johnsson & Johnsson, à 95% pour Pfizer et Moderna. Nécessairement, on aura entre 5 et 30% de personnes vaccinées qui vont être infectées du virus", a expliqué professeur Saïd Mourtawakil.

"Celles-ci vont développer des symptômes mineurs ou modérés et peuvent parfois aller en soins intensifs et en réanimation. Il a également été prouvé que certains variants diminuent l'efficacité des vaccins, notamment Delta qui est présent au Maroc", a-t-il ajouté.

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