Industrie pharmaceutique : les facteurs clés pour une meilleure intégration en Afrique du Nord

Le secteur pharmaceutique en Afrique du Nord a de beaux jours devant lui. Selon une analyse de Patricia Augier, professeur à l’Université Aix Marseille, qui intervenait lors d’une rencontre organisée par la Commission des Nations unies pour l’Afrique sur les chaines de valeurs régionales le 24 novembre à Marrakech, la mise en perspective croisée des échanges intra-régionaux et avec le reste du monde montre qu’il existe un réel potentiel d’accroissement des flux entre les pays de la région. Ceux-ci pourront ainsi être réalisés dans le cadre d’une chaîne de valeur régionale bien structurée. Selon la professeure universitaire, la mise à profit de certains leviers pourrait assurer une «meilleure» intégration de la chaine de valeur pharmaceutique régionale. Concrètement, explique Augier, l’exploitation intra-régionale d’une situation de compétitivité concourrait à cet objectif. Par exemple, les produits pour lesquels l’un des pays de la région a un avantage comparatif révélé peuvent ainsi être échangés à des prix compétitifs. En outre, les efforts récents de certains pays, dont le Maroc, l’Égypte et la Tunisie, dans la R&D peuvent laisser espérer de futures exportations de médicaments princeps plus complexes, actuellement presque entièrement importés par la région. De plus, le contexte actuel de la pandémie pourrait potentiellement favoriser le développement de capacités de production destinées à la fabrication de ces médicaments princeps. Selon les données fournies dans l’analyse, seulement 4 pays de la région sont significativement exportateurs de produits pharmaceutiques. Il s’agit de l’Égypte (272 millions de dollars), le Maroc (117 millions), la Tunisie (75,7 millions) et l’Algérie (5,2 millions). Dans l’ensemble de ces pays, les exportations en produits pharmaceutiques ont enregistré une montée continue sur les 10 dernières années. L’Union européenne demeure la principale destination des exportations pharmaceutiques de ces pays : le Maroc (68%), l’Algérie (58%) et dans une moindre mesure la Tunisie (41%). La région MENA, quant à elle, reçoit 57% des exportations égyptiennes, 48% de la Tunisie, 22% d’Algérie et 13% du Maroc.