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Comment Inès Laklalech, golfeuse marocaine a décroché sa carte d’accès pour le Ladies European Tour

De haut de ses 21 ans, Inès Laklalech a décroché haut la main sa carte d’accès pour le Ladies European Tour (LET). Ses premiers swings, Inès les a faits au Royal Golf d’Anfa avec son père à l’âge de 11 ans. Très douée, elle surclassait les garçons plus âgés qu’elle et qui pratiquaient depuis longtemps le golf. Malgré ses excellents résultats, la jeune joueuse décide de mettre de côté le golf pour se consacrer à ses études. En 2019, elle reprend du service et très vite elle se distingue lors d’un tournoi professionnel en Belgique en se classant deuxième. Cette performance lui a ouvert les yeux sur son immense potentiel et l’a décidée à faire une carrière au golf. Un choix payant puisque la joueuse du Royal golf Anfa Mohammedia a décroché récemment sa carte d’accès au LET. Ses débuts, sa carrière d'amatrice, sa carte d’accès au LET, les aspects de son jeu à améliorer, sa prochaine saison chez les proettes, le soutien de la Fédération, Inès dit tout dans cet entretien exclusif accordé au «Matin».

Comment Inès Laklalech, golfeuse marocaine a décroché sa carte d’accès pour le Ladies European Tour
Inès Laklalech.

Le Matin : Vous venez de décrocher votre carte d’accès pour le Ladies European Tour, peut-on parler de votre plus grande victoire ?
Inès Laklalech
: Ma plus grande victoire ? Je n’ai pas une carrière amatrice exceptionnelle. Après mon bac, je suis allée faire mes études en Angleterre et j’ai mis le golf de côté pendant trois ans. J’ai joué quand même quelques championnats du monde. J’ai joué avec l’équipe nationale, j’ai fait le championnat arabe où j’ai gagné, j’ai disputé le championnat d’Afrique où je suis arrivée deuxième et j’ai repris le golf sérieusement en 2019 quand je suis rentrée au Maroc après avoir fini mes études. J’ai joué pas mal de tournois internationaux en Europe. J’ai fait un top huit aux internationaux de France, un top vingt aux championnat d’Europe et je suis arrivé deuxième dans un tournoi professionnel Access Series en Belgique, un tournoi de deuxième division européenne. Ça c’était ma plus belle performance, parce que j’étais amatrice à l’époque. C’était le premier tournoi professionnel où j’arrivais deuxième. J'y suis allée mais je ne sais pas où se situait mon golf par rapport aux autres proettes. Le fait d’avoir vu que je figurais parmi les premières m’a beaucoup motivée et m’a poussée à continuer. Malheureusement, en 2021, je n’ai pas pu faire beaucoup de tournois, parce que c’était compliqué de quitter le Maroc. J’ai joué les qualifications pour le circuit américain cet été. La première étape s’est bien passée pour moi. Je me suis classée 13e sur 350 joueuses. C’était une belle performance. J’avais l’ambition de décrocher mon ticket pour le circuit américain dès cette année. Malheureusement, la deuxième étape en Floride s’est moins bien passée. Je l’ai raté de quelques points. L’expérience que j’ai vécue aux États-Unis m’a permis d’être plus forte aux qualifications du circuit européen en Espagne où j’ai pu décrocher ma carte d’accès pour le LET.

À quoi avez-vous pensé au moment de décrocher votre carte d’accès pour le LET ?
C’était de la pure joie. J’étais heureuse.

Depuis combien de temps attendiez-vous d’intégrer le circuit européen ?
Depuis 2019, parce que je suis passée par des phases où je ne pensais pas que le golf allait être ma carrière. Quand je suis rentrée au Maroc, il y avait un nouveau DTN français à la tête de la Fédération, qui s’appelle Olivier et qui m’a vue jouer. Il a été recruté pour les championnats du monde en Irlande. Quand j’ai vu qu’il y avait les championnats du monde en été en Irlande, je me suis dit pourquoi pas. J’adore le golf. Quand il m’a vu jouer, il ne comprenait pas pourquoi je voulais mettre le golf de côté. Et c’est vraiment lui qui m’a poussée à reprendre sérieusement et il me parlait d’objectif ambitieux. C’est lui qui m'a parlé du circuit américain. Et du coup, c’est lui qui m'a poussée à avoir des ambitions plus élevées. Il y a un dicton qui dit : «Tant que ta vision ne s’arrête pas, il n’y a pas de limite». Autrement dit, pourquoi se contenter d’un circuit de deuxième ou troisième division, alors que tu peux viser plus haut. Il faut surtout en avoir envie et s’entourer des bonnes personnes.


Pour arriver là où vous êtes, c’est beaucoup de travail, quel était votre rythme d’entraînement ?
Cinq à six entraînements par semaine. Généralement, je me repose le dimanche pour vider un peu ma tête. Mais sinon, c’est six fois par semaine avec six heures d’entraînement de golf et deux heures et demi d’entraînement physique. Quand je rentre à la maison, je fais une heure de stretching. J’ai des journées assez chargées, mais j’adore cela. Pour être une meilleure golfeuse, il faut repousser ses limites. Je ne considère pas que mes journées sont éprouvantes. Des fois, je suis un peu fatiguée physiquement, mais j’adore ce que je fais.

Au-delà de la préparation physique, la préparation mentale est aussi importante, avez-vous un coach mental qui vous accompagne ?
La préparation mentale est très importante chez n’importe quel athlète. On peut techniquement parlant être prêt, mais dans le golf, ça se joue tellement à rien. Il suffit d’une petite crispation au niveau d’un muscle pour que ta performance soit impactée. Non, malheureusement, je ne travaille pas encore avec un coach mental, c’est quelque chose que j’aimerais faire dans un futur proche. Mais je travaille moi-même. Après chaque partie, je fais un débrief sur chaque coup. J’essaye de me remémorer la sensation que j’ai eue et de voir comment y remédier, si c’est quelque chose de négatif. Je discute aussi avec mon coach technique qui lui a de l’expérience avec beaucoup de joueurs de très haut niveau et qui me fait part de certaines astuces que j’essaye de mettre en place sur le parcours.

Quels sont les aspects de votre jeu que devez améliorer ?
Honnêtement, c’est mon putting. C’est un aspect de mon jeu que je cherche à améliorer le plus rapidement possible. Je pense que ce serait le secteur de jeu où je pourrais à court terme gratter le maximum de points. Après, bien sûr, il y a d’autres choses que j’aimerais approfondir comme la distance, mais ça viendra avec un travail approfondi en salle de sport, sinon à court terme, ça serait le putting. Ma moyenne de putting n’est pas très bonne en ce moment. Je pense que je pourrais scorer beaucoup plus bas si j’améliore ce secteur de jeu.

Pourquoi avez-vous opté pour le golf et non pas pour un autre sport ?
J’ai été initiée au golf par mon père. On a démarré ensemble, moi, mon père et mon frère. Je jouais au tennis avant. Je ne dirais pas que j'y suis aussi bonne qu’au golf et, forcément, quand on est enfant, on est compétitive. Je n’avais que trois mois de golf et je gagnais déjà des garçons un peu plus âgés que moi et qui ont joué beaucoup plus longtemps que moi. Le fait de voir qu’on est bon dans quelque chose nous donne envie de persévérer et de continuer. J’ai adoré. Quand tu as dix ans, tu ne te poses pas trop la question. C’est instinctif. Tu aimes un sport, tu t’y accroches. Et du coup, je passais mon temps au golf. Je commençais à faire des compétitions, à avoir un coach à Casablanca. Tout ça a fait que j’ai aimé ce sport.

Est-ce que vous avez de la visibilité en ce qui concerne les tournois dans lesquels vous comptez vous aligner ?
Oui, le calendrier est sorti. Le LET est un circuit qui s’améliore d’année en année. Il y aura 31 tournois en 2022, contre seulement 20 en 2021 et 11 l’année d’avant. Au niveau du prize-money, ils sont à 24,5 millions d’euros, contre 13 millions d’euros en 2021. J’étais justement, avant que vous m’appeliez, en train d’organiser mon calendrier. Je ne peux pas faire les 31 tournois parce que je risque de m’épuiser physiquement. Je pense que je vais prendre part à une vingtaine de tournois. Le premier se joue au Kenya du 10 au 13 février. Il y en aura ensuite en Afrique du Sud en Australie.

Avez-vous un programme d’entraînement spécial pour arriver prête à ces tournois ?
En fait, je fais une analyse de l’état de mon jeu actuel. Je regarde sur quoi j’ai envie de travailler sur cette période foncière. Je vais me concentrer majoritairement sur le petit jeu : putting, chipping, wedging… parce que je considère que mon grand jeu a été plutôt solide en Espagne. Je vais devoir aussi faire une grosse préparation physique sur ce mois et demi qui me sépare du premier tournoi pour pouvoir enchaîner des tournois pendant l’année et gagner aussi en explosivité.

La Coupe Lalla Meryem faisait partie du LET avant la pandémie de Covid-19, mais pour des raisons sanitaires, ce tournoi a été reporté deux années de suite. En tant que Marocaine, il est un peu frustrant pour vous de ne pas pouvoir évoluer chez vous et devant vos supporters ?
Évidemment, j’espère au plus profond de mon cœur que ce tournoi ne va pas être annulé et que j’aurai l’opportunité de le jouer quelques fois dans ma carrière. Et bien sûr, ça serait un rêve de gagner chez moi dans mon pays devant tous les Marocains qui aiment ce sport. J’espère que la Coupe Lalla Meryem réapparaîtra sur le circuit.

La Fédération vous vient-elle en aide ?
Oui, la Fédération m’aide d’un point de vue financier et logistique. Elle est très présentait je lui suis très reconnaissante. Une saison de golf coûte très cher avec les déplacements, les voyages, les coachs… Elle est présente avec tous les golfeurs qui performent. Elle a une vision pour mettre le maximum de joueurs sur les circuits internationaux. Et dès qu’il y a un joueur qui performe, elle est là pour le soutenir. On a de la chance d’avoir une fédération présente.
 

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