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Insertion professionnelle : Un millier de diplômés tracés pendant 4 ans pour évaluer leur trajectoire

Une première. L’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (INE-CSEFRS) a suivi pendant 45 mois les trajectoires de diplômés de l’enseignement supérieur. Entre leur diplomation en 2014 et la publication des résultats de l’étude, de l’eau a coulé sous les ponts. Néanmoins, cette évaluation livre une réalité du marché de l’emploi marocain avec ses difficultés et ses défis, où l’éternelle équation de l’adéquation formation-emploi n’a toujours pas été résolue.

Insertion professionnelle : Un millier de diplômés tracés pendant 4 ans pour évaluer leur trajectoire

Quelle insertion professionnelle pour les lauréats de l’enseignement supérieur ? C’est à cette lourde problématique que répond l’évaluation menée par l’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique.

La première qui retrace les trajectoires des diplômés pendant 45 mois après l’obtention du diplôme (promotion 2014, enquêtés en 2018). Cette étude, dont les résultats ont été présentés le 27 octobre, «répond à un manque criant de dispositifs d’évaluation du rendement externe du système de l’enseignement supérieur et du devenir des lauréats», indique l’Instance.

Ainsi, l’on apprend que «69,4% des diplômés de l’enseignement supérieur sont en situation d’emploi quatre ans après la sortie des établissements de formation, 13,3% sont à la recherche d’emploi (chômage), 9,4% sont en situation de reprise ou de poursuite d’études et 7,9% sont inactifs et ne suivent ni études ni formation». Néanmoins, un constat s’impose : le taux indiqué dans le document varie selon le genre, le diplôme et la composante d’enseignement supérieur. Il est plus élevé chez les hommes (89%) que les femmes (76%) et parmi les diplômés des établissements ne relevant pas des universités (96,7%).

L’enquête qui concerne 9.899 lauréats de la promotion 2014 a permis de recueillir des informations sur l’itinéraire professionnel du lauréat après l’obtention du diplôme par le biais d’un calendrier professionnel mensuel en reconstituant de façon séquentielle dans le temps (48 mois) les différentes situations rencontrées depuis la sortie du système de formation : emploi, chômage, poursuite d’études, inactivité.

10,8 mois pour décrocher le premier emploi

En moyenne, les diplômés de l’enseignement supérieur en 2014, toutes composantes confondues, mettent environ 10,8 mois à trouver leur premier emploi. Ce qui démontre les difficultés d’accès des jeunes diplômés à la vie active. Cette proportion est relativement élevée parmi les diplômés des universités et dans une moindre mesure parmi les diplômés de la formation professionnelle post-bac (10,3 mois). Cependant, cet indicateur est relativement faible parmi les diplômés des établissements ne relevant pas des universités et ceux de l’enseignement supérieur privé, dont la durée moyenne pour trouver un emploi est respectivement de 6,6 et 6 mois après l’obtention de leur diplôme. «Plus la durée d’attente pour l’accès au premier emploi est longue, plus l’insertion sur le marché du travail sera difficile et moins en adéquation avec la formation reçue par les diplômés, en raison notamment d’une dépréciation du capital humain initial».

Premier salaire : Le public paie mieux !

Pour ce qui est du premier salaire mensuel net moyen perçu par les lauréats de la promotion 2014, les diplômés des établissements universitaires à accès ouvert perçoivent une mensualité ne dépassant pas 4.959 dirhams : 6.061 dirhams dans le secteur public, 5.379 dirhams dans le secteur semi-public et 4.237 dirhams dans le privé. Par ailleurs, l’analyse fait ressortir des inégalités sexuées en faveur des hommes qui perçoivent un salaire mensuel net moyen de premier emploi aux alentours de 6.236 dirhams. Leurs homologues femmes débutent avec une rémunération moyenne de 5.729, soit un écart salarial de 8%. Un écart salarial entre les femmes (4.015 dirhams) et les hommes (4.457 dirhams) est également relevé pour ceux qui commencent leur carrière dans le secteur privé. Concernant les lauréats des établissements universitaires à accès régulé, les données montrent que le premier salaire mensuel net moyen est de 6.133 dirhams dans le secteur public, contre 6.696 dans le privé. L’écart salarial entre femmes et hommes est de 6% en faveur de ces derniers, entamant leur carrière dans le privé. Dans le secteur public, les hommes gagnent aussi plus que les femmes pour leur premier emploi, avec un écart salarial de 4%.

Le secteur privé pour près des deux tiers des diplômés

L’enquête montre que le secteur privé formel est le plus grand pourvoyeur de postes d’emploi pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, quatre ans après l’obtention de leur diplôme. En effet, près des deux tiers des diplômés (64,8%) sont employés par ce secteur. Le reste des postes est assuré principalement par l’État (33,1%, y compris les entreprises publiques et semi-publiques), l’auto-emploi qui marque sa présence par l’emploi de 2,3% de l’ensemble des postes occupés par ces diplômés. Sur le plan sectoriel, et à l’instar de sa contribution à l’emploi au niveau national, le secteur des services reste le principal pourvoyeur d’emplois des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. Il emploie environ 84% des diplômés en situation d’emploi quatre ans après l’obtention de leur diplôme en 2014.

Entrée dans la vie active : Six trajectoires

Les résultats de l’analyse des calendriers professionnels révèlent que, dès la sortie du système de l’enseignement supérieur en 2014, les événements de parcours des lauréats commencent à se répartir entre six types de trajectoires. Le premier regroupe les trajectoires marquées par un accès immédiat à l’emploi et une succession de situations d’emploi menant à la stabilisation professionnelle. Quant au deuxième type, il correspond à un accès différé à l’emploi après des périodes de chômage. Le troisième caractérise les individus qui décrochent un emploi après des épisodes d’études ou d’inactivité. Le quatrième et cinquième parcours sont respectivement dominés par le chômage et l’inactivité. Et enfin, le dernier type de parcours est largement dominé par des périodes de poursuite d’études.

Chômage : Les diplômés de la formation professionnelle au premier rang

L’analyse du profil des chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur quatre ans après leur sortie des établissements de formation révèle que «58,3% des diplômés chômeurs sont des femmes, 82,8% sont âgés de 25 à 29 ans et 83% sont titulaires d’une licence fondamentale ou des techniciens spécialisés». Aussi, près de huit chômeurs sur dix (79,7%) sont au chômage depuis au moins une année et près des deux tiers (65,4%) se sont retrouvés au chômage à cause du manque d’offres d’emploi. Autres constats : le profil des chômeurs diplômés des établissements universitaires publics à accès ouvert, où la formation est essentiellement théorique et très peu ouverte sur le monde professionnel, affiche un taux de chômage relativement élevé (18,7%) se positionnant au deuxième rang en termes de prévalence du chômage des diplômés de l’enseignement supérieur, derrière les techniciens spécialisés lauréats de la formation professionnelle post-bac (20,5%). Mais force est de constater que «82,6% des diplômés chômeurs ayant ce profil sont des chômeurs de longue durée». L’analyse des résultats de cette enquête révèle également que le profil des chômeurs diplômés des établissements universitaires publics à accès régulé et ceux de l’enseignement supérieur privé affiche un taux de chômage relativement faible avec 8,5 et 5,6% respectivement.

Reprise des études, une affaire des diplômés des universités à accès régulé

«Pour les jeunes qui ont obtenu un diplôme d’enseignement supérieur en 2014, la poursuite d’études après une brève interruption concerne 24,7% de la cohorte». En effet, ce type de retour aux études concerne en premier lieu les diplômés de l’université. «Un peu plus d’un tiers des diplômés des établissements universitaires à accès régulé (33,1%) s’est inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur directement après l’obtention du diplôme en 2014 contre 28,4% des diplômés des établissements universitaires à accès ouvert», souligne l’étude. Une situation qui n’épargne pas les lauréats des établissements de la formation professionnelle post-bac (19,6%), ceux du privé (15,5%) et ceux des établissements ne relevant pas des universités (12,3%). De même, ajoute le document, «les taux de reprises les plus importants ont été enregistrés parmi les diplômés des établissements universitaires à accès ouvert, ceux de la formation professionnelle post-bac, et ceux des universités à accès régulé : respectivement 6,8, 6,1 et 5,7% d’entre eux connaissent des reprises d’études après une interruption d’une durée moyenne de 2 ans, de 33 mois et de 23 mois au début de leur carrière». Et d’ajouter que cette proportion est de seulement 2,4% parmi les diplômés des établissements ne relevant pas de l’Université et de 1,5% parmi ceux de l’enseignement supérieur privé qui s’engagent dans des études post-initiales de durées moyennes de 26 mois et de 19 mois respectivement.

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