Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Économie

Issam El Alaoui : «On voit arriver les nouveaux métiers IT mais on ne peut pas les anticiper»

S’il est difficile d'anticiper les métiers IT et télécoms futurs, il est possible de suivre les quelques pistes d’orientation qui s’offrent à travers les expériences internationales, estime Issam El Alaoui, directeur de la transformation du groupe Attijariwafa bank. Ces pistes resteront toutefois approximatives eu égard aux spécificités du marché marocain, contrairement à une certitude qui relève du bon sens, à savoir que les profils requis doivent être dotés de compétences offensives et défensives, précise le professionnel lors de son intervention à l’occasion de la 4e Matinale du Groupe Le Matin. Cette rencontre, organisée mardi dernier en partenariat avec le Groupe Interlcia, a été placée sous le thème : «Le secteur IT & télécoms dans 5 à 10 ans : quels nouveaux métiers, quelles nouvelles compétences ?»

Issam El Alaoui : «On voit arriver les nouveaux métiers IT mais on ne peut pas les anticiper»
Issam El Alaoui, directeur de la transformation du groupe Attijariwafa bank. Ph. Saouri

Toutes les études le confirment, l’intégration croissante des technologies dans nos vies et nos entreprises va continuer à générer de nouvelles fonctions et à exacerber les besoins d’expertise dans des domaines liés notamment à l’Intelligence artificielle, la Data Science, le Cloud et la cybersécurité. «Ces métiers-là, on les voit venir, mais on ne peut pas les anticiper», signale Issam El Alaoui, directeur de la transformation du groupe Attijariwafa bank qui intervenait à l’occasion de la 4e Matinale du Groupe Le Matin placée sous le thème : «Le secteur IT & télécoms dans 5 à 10 ans : quels nouveaux métiers, quelles nouvelles compétences ?»

En même temps, il est possible de bénéficier au niveau national de quelques pistes d’orientation puisque les métiers de demain émergent d’abord dans les marchés internationaux, ce qui nous permet d’anticiper leur arrivée sur le marché local, indique le professionnel.

Toutefois, relativise-t-il, la question de l’anticipation pour faire évoluer l’offre et favoriser l’emploi dans les métiers de demain ne prend tout son sens que quand la maturité du marché est suffisante.

«La maturité du marché IT marocain, qui est toujours en décalage de 5 à 10 ans avec les grands marchés européens ou anglosaxons, fait qu’il n’est pas soumis à la même pression en termes de compétences. A titre d’exemple, je ne peux pas conseiller à un jeune de suivre une formation dans les métiers de la blockchain qui sont en train d’exploser dans le monde anglosaxon, sauf s’il veut partir à l’étranger. Je vais plutôt l’orienter vers des formations dans la data ou la cybersécurité qui sont les métiers qui recrutent au Maroc», souligne-t-il.

Mais s’il y a une certitude qui fait l’unanimité, c’est que les métiers IT et télécoms futurs auront besoin de compétences ayant la capacité d’embrasser les transformations à venir et d’absorber rapidement les technologies. Ces profils devraient également être aptes à protéger les entreprises contre ces mêmes technologies. «Bref, des compétences offensives et défensives», résume Issam El Alaoui. De leur côté, les entreprises sont appelées à faire montre de proactivité en identifiant à temps les compétences dont ils auront besoin dans les 5 ou 10 années à venir et en lançant des plans de formation dans ce sens.

Faire émerger les compétences à travers la formation académique et continue a son importance. Ceci est un fait. Mais pour le directeur de la transformation d’Attijariwafa bank, il faut grader à l’esprit que les métiers de l’IT sont assez propices à l’autoformation. «Je pense que nous avons intérêt à laisser aux jeunes talents et aux collaborateurs la liberté à pouvoir eux-mêmes explorer ces nouveaux domaines et à s’autoformer», note-t-il.

«Personnellement, la compétence principale que je cherche chez les profils que je recrute est la motivation car c’est une énergie qui rend toute personne capable de tout apprendre et de tout accomplir. C’est là, à mon sens, la vraie ressource pour le pays», ajoute-t-il.

Le professionnel a par ailleurs abordé la problématique de la rétention des talents, estimant que les entreprises marocaines ne disposent pas des armes pour se battre sur le même pied d’égalité avec les recruteurs au niveau d’autres pays qui offrent des propositions de valeur plus fortes.

Pour lui, la vraie question est la suivante : «Est-ce qu’il faut se battre contre un marché mondialisé de la compétence, où est-ce qu’il serait plus profitable de miser sur l’externalisation ?». Le professionnel explique dans ce sens que son entreprise fait recours à des compétences externes parmi les acteurs de l’écosystème IT, notamment les startups.

«Je pense qu’il y a deux façons d’appréhender les choses : la première est de recruter un talent, de l’accompagner par la formation et faire en sorte de le retenir. L’autre est de faire appel à des personnes externes (entreprises, freelances, startups…) qui portent des compétences critiques et qui pourront, de manière sécurisée, intégrer l’organisation et produire de la valeur», détaille-t-il. «Je pense que c’est une démarche win-win et notre banque est engagée dans cette réflexion», ajoute-t-il.

Lisez nos e-Papers