Menu
Search
Vendredi 08 Décembre 2023
S'abonner
close
Vendredi 08 Décembre 2023
Menu
Search
S'abonner
Accueil next Économie

IT & télécoms : Proactivité et agilité, deux mots d’ordre pour préparer aujourd'hui les métiers de demain

Les débats autour des métiers et compétences IT & télécoms, organisés par le Groupe le Matin dans le cadre de son cycle de conférences thématiques, se sont clôturés hier mardi par une 4e conférence destinée à faire le point sur l’avenir des métiers du secteur, mais aussi d’engager une réflexion prospective sur les transformations attendues et les nouvelles compétences qu’elles réclament. Quelle place pour les compétences IT dans la dynamique de digitalisation déclenchée par le Royaume ? Quels sont les métiers du futur et comment les anticiper ? Quel accompagnement pour les talents IT ? Quid de la veille technologique ? Voici quelques éléments de réponses apportés par les quatre intervenants conviés à cette rencontre organisée en partenariat avec Intelcia Group.

IT & télécoms : Proactivité et agilité, deux mots d’ordre pour préparer aujourd'hui les métiers de demain
Ph. Saouri

Fayçal Ehlali, directeur Services managés à Intelcia IT Solutions

«La veille technologique, outil incontournable pour préparer les compétences IT de demain»»

«Il est impossible de prédire les métiers IT qui vont émerger à l’horizon 2025-2030. Mais nous avons toutefois une idée sur les évolutions qui se profilent et nous pouvons globalement anticiper les besoins en pratiquant une veille technologique. Il y a de fortes opportunités pour nous au Maroc pour faire de l’innovation des services, mais il faut que la confiance puisse s’établir entre les entreprises et les sociétés de services et d'ingénierie en informatique (SSII), qu’il s’agisse d’intégrateurs ou de fournisseurs de services managés, pour pouvoir créer ces opportunités de développement et d’innovation et faire monter nos compétences, nos métiers et nos profils de manière à pouvoir répondre aux besoins au niveau local dans un premier temps, et par la suite s’ouvrir à d’autres marchés au niveau continental et international. Donc les opportunités existent, il faut tout simplement les saisir et engager toutes les parties prenantes. Il faut aussi avoir un leader qui va chapeauter tout ce projet-là, définir la stratégie et mettre les moyens nécessaires pour atteindre les objectifs tracés. Il est vrai que nous n’avons pas de visibilité claire sur les changements futurs, mais nous savons déjà ce qui manque actuellement. Du coup, nous pouvons déjà investir dans ce sens, digitaliser davantage les services publics et privés et, en parallèle, instaurer l’innovation pour pouvoir suivre les évolutions technologiques dans le monde et miser sur la veille technologique pour pouvoir répondre rapidement et efficacement aux besoins actuels et ceux qui émergent au fur et à mesure. Par ailleurs, il faut que nos talents sachent qu’ils ont choisi un domaine qui change régulièrement et c’est une tendance qu’on ne peut ni ralentir ni s'inverser, tout ce qu’on peut faire, c’est suivre. De ce fait, nos talents actuels et futurs doivent être capables de changer de métiers tous les cinq ou dix ans. C’est quelque chose qui n’existait pas avant et qui nécessite un changement de Mindset. C’est un sujet sur lequel il faut travailler dès la formation de base pour mettre sur le marché des ressources capables de s’adapter aux nouveaux challenges, de s’autoformer, de rester connectés avec l’actualité, de faire de la veille technologique… C’est cela l’agilité. Si l’entreprise recrute aujourd’hui un spécialiste en administration réseau, demain il doit aussi détenir des compétences dans le domaine de la cybersécurité par exemple. Le domaine des IT est très riche en termes d’opportunités et d’évolution de carrière, il faut tout simplement avoir cette vision et cette envie de suivre la tendance à travers le développement continu des compétences.»



***********************

Yassine Sekkat, directeur associé à McKinsey
«L'IA, la gestion du Cloud, le quantum computing... les grandes technologies porteuses à l'avenir»

«Aujourd’hui, il faut donner un véritable coup d’accélérateur à la formation des compétences IT pour accompagner la dynamique de digitalisation dans laquelle s’est engagé le Maroc. Il est en effet impératif d’augmenter le nombre des ressources formées chaque année dans les domaines liés aux nouvelles technologies. À ce titre, il est nécessaire de créer de nouvelles écoles, publiques et privées, qui vont préparer les génies de demain. Il s’agit là d’un investissement rentable, eu égard au déficit notable en compétences IT et télécom qui existe aux niveaux national et international. Pour moi, c’est une priorité, un chantier qu’on peut appeler un “no-regret move”. En parallèle, il y a un certain nombre de chantiers structurants que le Maroc gagnerait à accélérer, tels que la santé et l’éducation. Donc, accroître la production des talents et mettre en place de grands projets structurants en termes de digital pourraient être de belles voies pour accélérer la dynamique de digitalisation déclenchée par le Royaume. Quant aux métiers du futur, ils restent difficiles à prédire, mais à McKinsey, nous avons identifié 7 ou 8 principales ruptures qui vont arriver, dont celles liées à la virtualisation, la Data et l’intelligence artificielle, la gestion du Cloud et de l’infrastructure distribuée, le quantum computing ainsi que la blockchain et les cryptomonnaies. On pense que ce sont les cinq grandes technologies qui vont être porteuses au niveau international.»



***********************

Yahia Sefraoui, directeur de la Transformation digitale à INWI
«Anticiper les nouveaux métiers, c’est bien, mettre en place un dispositif agile pour s’adapter aux évolutions, c’est mieux !»

«Le type de compétences requises chez les talents IT change ou se renouvelle chaque deux ou trois ans. De ce fait, le challenge n’est pas tant d’anticiper les nouveaux métiers ou les technologies futures, mais de mettre en place un vrai dispositif agile ou flexible qui nous permet, en tant qu’organisations, de nous adapter aux différentes vagues de changement qui arrivent. À cet égard, il est impératif d’accompagner les talents dans le développement des soft skills, en plus de renforcer leur capacité à absorber de nouvelles connaissances, que ce soit par auto-apprentissage ou via des formations ciblées portant sur les différentes technologies qui émergent. Pour résumer, il faut que les organisations s’adaptent et adaptent leurs talents de manière à ce qu’ils puissent prendre ces différentes vagues à mesure qu’elles arrivent. Aujourd’hui, la pénurie de l’offre de compétences IT est une réalité. On va continuer à avoir un marché qui est sous tension et où on aura de plus en plus du mal à retenir les talents. Je pense qu’il faut d’abord composer avec cette réalité. C’est le point de départ. Puis il faut mener une réflexion approfondie sur cette offre, que ce soit du côté entreprise ou offre de formation, l’idée étant de mesurer le manque qui existe sur le marché en termes de compétences, d’une part, et de définir les nouvelles compétences dont on doit doter nos jeunes talents, d’autre part. Cela implique également d’identifier les personnes qu’on doit reconvertir ainsi que les compétences qu’on va devoir contractualiser avec notre écosystème de partenaires ou via les nouveaux modes de travail (freelance par exemple), et ensuite de mettre en place le plan d’action à déployer pour atteindre les objectifs tracés sur la base des besoins identifiés.»



***********************

Issam El Alaoui, directeur de la Transformation du groupe Attijariwafa bank
«Il y a des indicateurs et des données à maîtriser pour déterminer les compétences qui seront critiques sur les 5 prochaines années»

«On ne peut pas lancer des chantiers de transformation majeurs et aussi complexes que la préparation du capital humain sans avoir des indicateurs qui nous guident. Aujourd’hui, le fait est que nous manquons d’indicateurs qui nous permettraient de mesurer les évolutions en matière de compétences IT pour pouvoir mieux appréhender cette question. Pour moi, un des enjeux principaux est de récolter plus de données sur certaines problématiques liées notamment à la gestion de compétences IT, la fuite des cerveaux, le développement des startups technologiques ou autres, afin de pouvoir mieux adresser ces sujets. À l’échelle de la banque, nous pilotons la situation des ressources humaines pour pouvoir nous inscrire dans une démarche d’amélioration. À l’échelle du pays, je pense qu’un certain nombre d’acteurs, comme le HCP (Haut-Commissariat au Plan) ou d'autres acteurs institutionnels, doivent travailler sur ces indicateurs et fournir les données qui pourront orienter les acteurs concernés dans la prise de décision en lien avec le développement des compétences IT marocaines actuelles et futures. Par ailleurs, les métiers de demain émergent d’abord dans les marchés internationaux, ce qui nous permet d’anticiper leur arrivée sur le marché national. Par exemple, il y a actuellement une explosion des métiers de la Blockchain et de la Data dans les mondes anglo-saxon et asiatique. Le marché marocain, qui est en déphasage avec les différents marchés internationaux, a aujourd’hui besoin de compétences dans ces métiers, lesquels sont aspirés par des marchés plus matures que le nôtre, qui payent mieux ou qui proposent des packages plus intéressants. D’où la nécessité d’être proactif sur la détection de ces métiers et être capable, rapidement, de déterminer les compétences qui seront critiques sur les 5 prochaines années par exemple et lancer un plan de formation dans ce sens ainsi que des plans de rétention nationaux.»

 

Lire aussi IT et télécoms : Difficile d'anticiper les métiers futurs vu leur rapide obsolescence