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Jalil Benabbés-Taarji : La priorité pour le secteur du tourisme est la réouverture du ciel et la relance de la mobilité

Invité de l’Info en Face, le président de l'Association nationale des investisseurs touristiques, Jalil Benabbés-Taarji, tire la sonnette d’alarme. Pour lui, l’absence de visibilité est en train d’engendrer un désinvestissement dans le secteur. M. Benabbés-Taarji estime que le Maroc, qui a réussi une campagne de vaccination exemplaire, pourrait rater sa politique de relance. «Pour nous, tout ce qui est en relation avec le contrat-programme constitue le plan B, le plan A est la réouverture du ciel et la relance de la mobilité», souligne-t-il.

Jalil Benabbés-Taarji : La priorité pour le secteur du tourisme est la réouverture du ciel et la relance de la mobilité

Beaucoup de promesses ont été faites par le gouvernement pour soutenir le secteur du tourisme, qui est à l’arrêt depuis plus de 20 mois. Mais jusqu'à présent, ce ne sont que des déclarations d’intention que nous suivons de très près. C’est par ces mots que le président de l'Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT), Jalil Benabbés-Taarji, résume la situation du secteur. Mais il semble que les choses commencent à s’arranger, car, selon l’invité de L’Info en Face, un programme de travail a été esquissé suite à la réunion avec la ministre de tutelle, Fatim-Zahra Ammor.

Sur les indiscrétions à propos de cette rencontre, le président de l’ANIT révèle qu’il a été question de discuter de la prorogation des dispositions du contrat-programme dédié au secteur, de la finalisation du chantier initié avec le Groupement professionnel des banques du Maroc pour le reprofilage des crédits d’investissement, mais surtout la reprise des vols suspendus. «Pour nous, tout ce qui est en relation avec le contrat-programme constitue le plan B, le plan A est la réouverture du ciel et la relance de la mobilité», a-t-il souligné.

Selon le responsable, le département de tutelle est parfaitement en phase avec les acteurs du secteur privé sur ces sujets et sur l’existence de grandes difficultés et contraintes, mais il ne propose pas encore un planning précis pour la mise en œuvre des mesures nécessaires pour la relance. «Chaque jour compte, la confiance des grands opérateurs s’effiloche au fil du temps, l’intérêt pour la destination Maroc est mis en équation… Aujourd’hui, nous sommes choqués parce que nous ramons dans le sens inverse de ce qui se passe dans les autres pays touristiques», alerte Jalil Benabbés-Taarji. Selon lui, l’enjeu aujourd’hui est de cesser le «stop and go», qui ne peut plus se justifier, car le Royaume a réussi une bonne campagne de vaccination.

«Le Maroc, qui a parfaitement réussi sa politique de vaccination et sa politique sanitaire, est en train de rater sa politique économique en rapport avec la Covid-19. Nous devons changer de paradigme et tenir compte de l’état d’avancement de la vaccination dans le monde et dans nos pays émetteurs et du niveau de vaccination dans notre pays», a-t-il affirmé. Pour le président de l’ANIT, l’absence d’informations concernant les raisons derrière les décisions qui sont prises pose problème. «Ce n’est pas responsable que la commission ad hoc qui a décidé la suspension des vols ne communique pas 15 jours après, comme elle l’avait indiqué, sur le maintien ou l’annulation de ces mesures. La date prévue initialement pour le 4 novembre avait coïncidé avec la tenue du Conseil du gouvernement. Nous attendions une annonce forte, mais il n’y a eu aucune suite, aucune communication», déplore l’invité de L’Info en Face. Selon lui, l’absence de communication et de visibilité sur la relance du secteur pèse énormément sur l’économie nationale en général. «Le chiffre le plus éloquent que nous avions annoncé en 2020 s’est confirmé malheureusement en novembre 2021 au niveau de la balance des paiements. Nous estimons à quelques 50 milliards de DH en 2020 et à plus 50 milliards de DH en 2021 le manque à gagner au niveau de la balance des paiements», a-t-il indiqué.

Pour Jalil Benabbés-Taarji, il faut regarder au-delà de ces chiffres pour constater les pertes d’emploi et la détresse sociale que cette crise a provoquées. «La remise en œuvre des dispositions du contrat-programme, dont l’indemnité forfaitaire, est actée en principe en faveur de 70.000 à 80.000 bénéficiaires, selon les derniers chiffres de 2020. Mais le secteur englobe plus de 700.000 emplois, c’est-à-dire autant de familles qui sont concernées par cette crise», a-t-il assuré. Et d’ajouter que le contrat-programme devrait couvrir la période initialement prévue, à savoir 2020-2022.

De plus, si on se projette dans l’avenir, la valeur ajoutée du secteur du tourisme va aller en augmentant. Or le responsable explique que l’absence de visibilité est en train d’engendrer un désinvestissement encore plus grave qu’avant la pandémie. «La grande majorité des institutionnels du secteur était en train de se désengager d’une manière plus ou moins soft et discrète avant la pandémie. Maintenant, il faut imaginer l’impact de la pandémie, avec la politique économique relativement désastreuse, en comparaison avec l’excellence de la politique sanitaire, sur l’intérêt pour l’investissement touristique dans notre pays». S’agissant du projet de loi de Finances 2022, l’invité de L’Info en Face déplore l’absence de mesures substantielles destinées au secteur. «Nous aurions aimé voir l’extension du champ de la TVA à 10% pour les différents métiers du secteur, revoir le régime de la TVA dans le cadre de l’investissement, réintégrer des dégrèvements en matière de plus-value lors de la cession d’actifs… L’ensemble de ces mesures techniques n’a pas de coût budgétaire», a-t-il précisé.

Face à ces enjeux, et pour permettre une relance efficace et certaine du secteur, le président de l’ANIT insiste une nouvelle fois sur la nécessité d’ouvrir les liaisons aériennes avec tous les pays, tout en maintenant l’exigence du pass vaccinal et le contrôle des mesures de prévention. «Nous allons tout faire pour convaincre le Chef du gouvernement de ces données. Nous passons nos messages à travers la tutelle, mais nous espérons, dans un avenir proche, avoir l’occasion d’en discuter avec M. Aziz Akhannouch. On se serre les coudes entre professionnels, mais on ne peut pas rester sur ce statu quo, il faut changer les paradigmes en matière de gestion du secteur touristique», insiste M. Benabbés-Taarji.

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