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Jeunesse marocaine : L’écrasante majorité peu satisafaite de ses conditions de vie !

Les jeunes Marocains aspirent à une autonomie économique, un meilleur niveau d’éducation, mais aussi à une amélioration des systèmes de santé et de protection sociale. C’est ce que révèle le Rapport de l’Observatoire national du développement humain consacré à la jeunesse marocaine dévoilé hier. Cette frange de la population représente, certes, un réel potentiel à mobiliser dans la dynamique de développement humain, mais sa précarité sociale s’est accentuée, en particulier depuis le déclenchement de la crise sanitaire.

Jeunesse marocaine : L’écrasante majorité peu satisafaite de ses conditions de vie !

Comment a évolué la situation des jeunes au Maroc ces dix dernières années ? C’est la question à laquelle répond le Rapport «Être jeune au Maroc de nos jours» élaboré par l’Observatoire national du développement humain (ONDH) avec l’appui du PNUD Maroc.
Les résultats de cette enquête, présentés hier mardi à Rabat, révèlent que la jeunesse marocaine constitue l’un des groupes sociaux du pays les plus confrontés à des défis politiques, mais surtout économiques et sociaux. La première partie du document de l’ONDH livre une analyse des dynamiques de développement humain qu’a connues le pays entre 2012 et 2020. On peut y lire : «Le Maroc a connu une dynamique de développement humain importante depuis le début des années 1990. Cette dernière a connu un ralentissement, affectée par les déperditions scolaires et par la modestie des niveaux de revenu et d’insertion sociale des jeunes.

Ce ralentissement s’est senti davantage depuis 2016 et s’est accentué au cours de l’année 2020 sous l’effet de la crise sanitaire sur la croissance économique, le niveau d’emploi et les revenus des ménages dépendants», a indiqué Abdelfattah Hamadi, chef du pôle systèmes d’information à l’ONDH, lors de l’atelier de restitution du Rapport. Ce dernier note également qu’en 2019 la valeur de l’indice de développement humain (IDH) en milieu urbain ressort à 0,732 contre 0,583 en milieu rural. L’enquête nous apprend, par ailleurs, que les régions les plus développées du Royaume sont celles du Sud, de Rabat-Salé Kénitra, de Casablanca-Settat et l’Oriental. En revanche, les moins développées sont Béni Mellal-Khénifra et Marrakech-Safi. De plus, les inégalités entre les sexes viennent également accentuer ce ralentissement. En effet, le Maroc figurerait parmi les pays à développement humain élevé si l’IDH des femmes était comparable à celui des hommes (0,623 contre 0,717 en 2019).

L’ONDH révèle aussi que la précarité sociale touche près d’un actif occupé sur trois (32,3%). Elle est due, à hauteur de 88,5%, à la précarité de l’emploi. Bien qu’en recul, elle pèse toujours sur le développement humain mettant ainsi en péril la résilience économique et sociale du pays. «Afin d’améliorer l’IDH, l’Observatoire appelle à renforcer l’efficacité du ciblage des investissements dans le développement humain, à l’aide d’un appui à l’accès à la santé, à l’éducation et aux sources de revenu, dédié aux populations en situation de pauvreté absolue et d’exclusion sociale», indique Abdelfattah Hamadi. Et d’ajouter : «Il faut également œuvrer pour le désenclavement des communes rurales défavorisées, comme option d’un développement humain territorialement équilibré, partagé et rapide et étendre la lutte contre la pauvreté et les disparités territoriales à la réduction des inégalités, de la précarité sociale et de la fracture numérique, en consolidant l’élargissement de la protection sociale».

Les jeunes plus longtemps dépendants de leurs parents
Dans la seconde partie, le raport établit un diagnostic approfondi de la situation des jeunes sur les plans économique, social et politique. On apprend ainsi que la jeunesse au Maroc dure aujourd’hui plus longtemps qu’avant. À cause des études qui sont devenues plus longues, la période de recherche d’emploi et le chômage, les jeunes restent plus longtemps dépendants de leurs parents. Le document précise que les jeunes âgés de 15 à 29 ans représentent 25,3% de la population totale et 38, 3% de la population en âge de travailler. «Les jeunes de 15-29 ans constituent une frange de la population hétérogène en termes de contraintes liées au genre, d’occupations principales et de rapport aux systèmes éducatif et de travail», souligne Hamadi. «Le Maroc compte ainsi 33,6% de jeunes qui suivent leurs études (soit en éducation ou dans la formation professionnelle), 25,1% de jeunes actifs occupés et 15% de femmes au foyer. Les jeunes NEET (ni en éducation, ni en emploi ni en formation) purs représentent 26,3% des jeunes et regroupent ceux qui ne sont ni en éducation, ni en formation, ni en emploi. Il s’agit d’un capital humain précieux à valoriser, sur le plan de l’éducation et de la formation, de la santé, de la protection sociale et de l’entrepreneuriat», détaille-t-il.

La scolarité des 15-29 supérieure à la moyenne des pays à développement humain élevé, mais...
En matière d’instruction, le Rapport souligne que le nombre moyen d’années de scolarité des 15-29 ans s’élève à 9,1, correspondant à 1,7 fois la moyenne nationale et supérieur à la moyenne des pays à développement humain élevé (8,3 années). En outre, 26% des jeunes diplômés sont confrontés au chômage de longue durée, d’après les statistiques de 2019. «Le chômage ne s’explique pas seulement par une offre insuffisante des compétences, mais aussi par une transformation lente du tissu productif pour accompagner l’augmentation des flux des diplômés. Le renforcement des investissements est primordial pour faciliter la transition du système scolaire vers un emploi productif», explique le responsable de l’ONDH.

En outre, 83,3% des jeunes disent être peu satisfaits de leur vie, 71, 3% de leurs conditions de logement et 81,% de leur travail. En revanche, 90% ont confirmé en 2019 avoir une perception positive du futur malgré les difficultés qu’ils ont pour s’y projeter.
Afin d’améliorer leur situation économique, 70% des jeunes sont tentés par l’émigration, bien que 67% d’entre eux déclarent ne pas pouvoir être heureux sans leur famille. Peu évoquent le rôle de l’école dans la transmission des valeurs (seulement 33,4%), alors que 93% considèrent la religion comme une dimension importante de leur identité.
S’agissant des attentes, le document de l’ONDH montre que les jeunes aspirent généralement à une autonomie économique, un meilleur niveau d’éducation, mais aussi à une amélioration des systèmes de santé et de protection sociale. «Agir pour une meilleure intégration des jeunes appelle donc à fonder les interventions en ne laissant aucun jeune à l’abandon et en l’accompagnant dans son processus de qualification et dans sa trajectoire de vie. Ces principes devraient être déployés dans les espaces de valorisation de leurs ressources et couvrir tous les domaines d’action qui concernent les jeunes, à savoir l’éducation, l’orientation professionnelle, la santé, la culture et plus généralement l’ensemble des autres services publics», recommande le rapport.


Déclaration du secrétaire général de l’ONDH

El Hassan El Mansouri : «Les préoccupations des jeunes sont tout d’abord d’ordre économique»

«L’ONDH a fait le choix de la thématique de la “Jeunesse marocaine”, un capital humain appelé à être valorisé. Le Maroc vit sa première aubaine démographique ; les jeunes de 15-29 ans représentaient 25,3% de la population marocaine en 2019. Cette situation est appelée à générer des retombées microéconomiques et macroéconomiques importantes, à condition que notre économie offre les emplois nécessaires à ces jeunes. Le rapport livre donc une analyse des priorités sociales et économiques du Maroc et identifie les freins éventuels à son développement futur.
Cette analyse révèle que les préoccupations des jeunes sont tout d’abord d’ordre économique. Ainsi, plus de 7 jeunes sur dix estiment difficile de trouver un emploi et plus de 8 jeunes sur dix expriment qu’ils sont peu ou pas satisfaits de leurs conditions de logement. La crise de la Covid-19 a accentué ces tendances, d’autant plus qu’une large frange des jeunes est employée dans l’informel.
La concrétisation d’une pleine insertion économique et sociale des jeunes est alors aujourd’hui indissociable de l’existence de mécanismes institutionnels assurant leur participation active dans la vie publique.»

 

 

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