La pandémie Covid-19 a fragilisé la riposte au sida. C’est ce qu’indique l’ONUSIDA dans un nouveau rapport publié à l’occasion de la Journée mondiale contre le sida célébrée le 1er décembre. L’organisation onusienne a ainsi déclaré que les avancées contre le sida, qui accusaient déjà un retard, sont confrontées aujourd’hui à des difficultés encore plus grandes alors que la crise de la Covid-19 continue de faire des ravages, perturbant entre autres les services de prévention et de traitement du VIH. «Si les dirigeants ne parviennent pas à lutter contre les inégalités, le monde pourrait enregistrer 7,7 millions de décès dus au sida au cours des 10 prochaines années», avertit l’ONUSIDA. Et d’ajouter qu’«en cas d’absence de mesures nécessaires pour mettre fin au sida, l’humanité restera également engluée dans la crise de la Covid-19 et sera mal préparée pour faire face aux futures pandémies».
L’Organisation a par ailleurs indiqué que les dernières statistiques mondiales sur le VIH sont très alarmantes. En 2020, pas moins de 37,7 millions de personnes vivaient encore avec ce virus et quelque 1,5 million (dont 53% de femmes et filles) ont été infectées. De même, 680.000 autres sont mortes de maladies liées au sida.
En dépit de ces résultats, l’ONUSIDA note que d’énormes progrès, en particulier dans la démocratisation de l’accès au traitement, ont été accomplis dernièrement. En juin 2021, 28,2 millions de personnes avaient accès au traitement anti-VIH, contre 7,8 millions en 2010. «Nous disposons d’une stratégie efficace qui a été adoptée par les dirigeantes et dirigeants. Toutefois, nous devons mettre chacun de ses aspects en œuvre, sans exception. Mettre fin aux inégalités pour mettre fin au sida est un choix politique qui nécessite des réformes politiques audacieuses et des financements», a souligné la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.Au niveau national, le secrétaire général du ministère de la Santé et de la protection sociale, Abdelkrim Meziane Bellefquih, a affirmé lors d’une conférence, hier mardi à Rabat, que le Royaume a fourni des efforts significatifs pour garantir la continuité des programmes de prévention et de traitement du VIH, malgré la conjoncture exceptionnelle liée à la propagation de la Covid-19.
Au Maroc, les données des programmes de dépistage et des estimations montrent que la prévalence du VIH demeure faible et stable dans la population, autour de 0,08%, ce qui caractérise une épidémie de faible intensité. Elle est plus élevée chez les hommes (0,09%) que chez les femmes (0,07%). Ce sont donc environ 22.000 personnes qui vivaient avec le VIH au Maroc (adultes et enfants) à fin 2020, année au cours de laquelle ont été enregistrés 730 nouvelles contaminations et 420 décès du sida, d’après des statistiques fournies par le ministère de la Santé.
«Depuis l’apparition de la maladie du sida, le Maroc n’a eu de cesse d’intensifier les efforts pour faire face à ce problème de santé publique», a indiqué Abdelkrim Meziane Bellefquih. Pour lui, «les grands chantiers en cours, tels que le nouveau modèle de développement, la réforme du système de santé ou encore l’initiative nationale pour le développement humain, apportent plus de substance à la mise en œuvre de la politique nationale en la matière».Rappelons que le Royaume a lancé le Plan stratégique national de lutte contre le sida 2017-2021, qui a été étendu jusqu’en 2023. Il constitue le cadre national d’action pour la lutte contre cette pandémie. Ce Plan vise l’intégration d’un nombre plus important de bénéficiaires afin de réduire les inégalités liées au genre et promouvoir les droits de l’Homme et l’équité dans l’accès aux services VIH.