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L’absentéisme des enseignants, l’autre cheval de bataille du système éducatif

Difficile à admettre, c’est pourtant une réalité. Les enseignants ont leur part de responsabilité dans la dégradation du niveau d’apprentissage des élèves. Et là, c’est leur absentéisme, couvrant quatre aspects, comme ils sont définis par le rapport sur «Le métier d’enseignant au Maroc» publié, mardi 30 novembre, par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, qui est pointé du doigt. Un absentéisme pas toujours volontaire, surtout en milieu rural, mais qui laisse des traces. Le système Massar serait en train de changer la donne, mais il faut un remède de cheval pour renverser la situation.

L’absentéisme des enseignants, l’autre cheval de bataille  du système éducatif
L’absentéisme des enseignants est l’une des raisons de l’inefficacité des dépenses d’éducation.

L’absentéisme des enseignants. Voilà une plaie béante de notre système d’éducation. À côté des multiples facteurs que l’on connaît bien, et d’autres moins bien, l’absentéisme des enseignants demeure en effet l’un des principaux obstacles à l’apprentissage et au progrès des élèves, selon l’enquête relative au Programme national d’évaluation des acquis des élèves publié mardi dernier par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique-CSEFRS (www.lematin.ma). Cette problématique est également l’une des raisons de l’inefficacité des dépenses d’éducation, insiste le rapport sans aller dans les détails.

Afin de mieux cerner les différents facteurs qui impactent l’assiduité des enseignants ainsi que leurs répercussions sur le temps d’enseignement réglementaire, l’étude a mobilisé des données d’une autre enquête. Il s’agit de l’étude «temps d’enseignement», une recherche qualitative multi-pays qui cible 21 pays d’Afrique, y compris le Maroc, réalisée conjointement entre l’INE (Instance nationale d’évaluation) et l’Unicef. Cette enquête avait pour objectif de comprendre les déterminants de l’absentéisme des enseignants à quatre niveaux : l’absence de l’école, le manque de ponctualité, l’absence de la salle de classe et l’absence d’activités d’enseignement.

Pourquoi ils s’absentent
L’enquête révèle trois principales raisons de l’absence des enseignants de l’école. Les problèmes de santé sont cités en premier. «Cette raison est plus fréquemment mentionnée par les enseignants du primaire en milieu rural qui évoquent des difficultés d’accès aux soins», souligne le rapport. Les raisons familiales, telles qu’une maladie des parents ou des enfants, les enterrements… apparaissent également de manière récurrente pour expliquer l’absentéisme scolaire. Elles sont plus fréquentes en milieu urbain, tant dans le primaire que dans le secondaire. Enfin, les grèves font aussi partie des raisons d’absence, en particulier chez les enseignants exerçant dans le milieu rural.
Concernant le manque de ponctualité, celui-ci est justifié principalement par l’éloignement de l’école. Cette raison est encore une fois évoquée plus souvent par les enseignants des écoles rurales. «Les conditions climatiques, lors de la saison des pluies par exemple, compliquent davantage la situation pour les enseignants du milieu rural qui évoquent un temps de trajet plus long pour se rendre à l’école, surtout lorsque les routes ou moyens de transport ne sont pas de qualité», détaille l’enquête. Ce qui ne manque pas d’affecter négativement la motivation des enseignants, leur assiduité et le temps d’enseignement.

Hormis l’absence de l’école et la ponctualité, les enseignants peuvent aussi être absents de la classe. Ces derniers mettent en cause les tâches administratives telles que le travail de bureau, les réunions d’enseignants ou les responsabilités dans le cadre des conseils d’établissements. Ceci a un impact direct sur la réduction du temps dédié à l’enseignement.

Quand le directeur de l’établissement veille...
Par ailleurs, les résultats de l’enquête mettent en exergue les deux facteurs les plus déterminants de l’assiduité des enseignants. Il s’agit premièrement de la satisfaction professionnelle. «La relation entre l’assiduité et la satisfaction professionnelle a souvent été évoquée par les personnes interrogées. Cette relation est attestée par une proportion plus faible d’enseignants faisant état d’un manque de ponctualité récurrente, d’absences en classe et d’un temps de travail réduit parmi les enseignants exprimant une satisfaction professionnelle élevée», lit-on dans le document de 136 pages. Le second facteur, encore plus déterminant, est lié au rôle des directeurs d’établissement. La majorité des enseignants interrogés, tous cycles confondus, affirment que l’implication du directeur est l’élément clé pour décourager l’absentéisme, notamment en ce qui concerne l’absence de l’école et le manque de ponctualité. «En dépit de l’existence de procédures pour sanctionner à la fois l’absentéisme scolaire et le manque de ponctualité, les acteurs interrogés reconnaissent que l’application de ces procédures dépend largement du degré de rigueur des directeurs d’établissement», note le rapport qui pèche par l’absence de chiffres sur le phénomène.

Merci «Massar» !
Le rapport indique, en outre, que le système «Massar» a contribué à améliorer la gestion des absences des enseignants. «L’existence d’un système formel d’enregistrement et de contrôle des absences des enseignants est une avancée importante en la matière et un atout qui peut être développé pour obtenir de meilleurs résultats», assure le Conseil. «Plusieurs études montrent que les informations sur les performances des enseignants améliorent la responsabilité envers la communauté, les parents et les élèves, et facilitent la gestion des écoles. L’expansion des technologies numériques, la géolocalisation ou la vidéosurveillance peuvent être exploitées pour améliorer l’assiduité des enseignants. Cela dit, il reste pertinent de considérer la possibilité de combiner les outils de contrôle existants, axés sur la surveillance et les sanctions, avec un système d’incitation qui compense leur caractère punitif. L’efficacité de tels systèmes est prouvée par l’expérience d’autres pays», avance le CSEFRS. 

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