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A quand une licorne marocaine ?

Les histoires de succès de la Silicone Valley ont cultivé le mythe des startups qui démarrent dans un garage et réussissent avec très peu de moyens grâce à des idées innovantes. En réalité, l’écosystème Silicone Valley a été progressivement construit et a surtout bénéficié d’investissements massifs, publics et privés, avec un rôle déterminant de la recherche académique.

A quand une licorne marocaine ?

Kamal El Alami, Directeur Général Adjoint Groupe Le Matin

 

Au Maroc, l’importance de supporter les startups fait l’unanimité. Plusieurs initiatives et programmes ont vu le jour afin d’incuber, d’héberger, d’accompagner et de financer les jeunes entrepreneurs appelés «startuppers», voire, les aider à concrétiser leurs innovations afin de décrocher une première commande. Cet écosystème s’est construit progressivement à travers des initiatives des secteurs du public et du privé. A noter la création, par le gouvernement marocain, avec l’appui de la Banque Mondiale, du Fonds Innov Invest (F2I) doté de 500 MDH, et géré par la caisse centrale de garantie (CCG). Ce programme a surperformé en atteignant l’objectif de financer plus de 300 startups, un an avant l’échéance fixée. D’autres dispositifs d’accélération et de financement ont été mis en place par de grands groupes à l’instar de l’OCP qui soutient, entre autres, le programme «Impulse» développé par l’Université Mohammed VI Polytechnique. De même, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) a déployé le programme «212 Founders». A citer aussi l’important rôle des incubateurs via des plateformes d’accélération, ainsi que celui des FabLabs pour faciliter le prototypage. Sans oublier le rôle du Ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Economie Verte et Numérique qui est l’instigateur de la stratégie Maroc Innovation, ainsi que d’autres structures clés comme l’Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC), Maroc PME ou l’Agence de développement du digital.

Grâce à ces différents dispositifs, les startups sont de plus en plus nombreuses à dépasser les phases de pré-amorçage et arrivent même à proposer des offres innovantes au niveau du marché national. Sans doute, la récente publication de la loi sur le crowdfunding (BO n° 6967 du 8 mars 2021) renforcera encore plus les performances actuelles.

Cependant, réaliser le prototype, valider le concept technologique et le plan d’affaires ne suffisent pas à développer et pérenniser le business. Ces startups sont confrontées aux défis classiques d’une entreprise récemment créée, notamment, les ressources et les compétences pour financer l’activité, la gérer et la faire prospérer.

En réalité, bien que louable, l’accompagnement actuel ne permet pas d’avoir une valorisation technologique équitable de la startup. La première phase devrait intégrer la transformation de l’invention en un produit ou un procédé vendable à travers le dépôt de brevets auprès de l’OMPIC. Une fois la propriété intellectuelle sécurisée, il est nécessaire aussi de la faire valoriser par un cabinet spécialisé. Le brevet d’invention est un capital immatériel qui peut se transformer en une réelle richesse économique dès son évaluation. Il est donc potentiellement source de financement et de développement des jeunes pépites technologiques. Ainsi, une startup avec un brevet évalué à plus d’un million de dollars, serait sous-estimée et bradée hors ce processus. De même, elle peut séduire d’importants investisseurs étrangers. Plus encore, une injection de tels fonds peut accélérer son épanouissement pour valoir en quelques années plus d’un milliard de dollars. A quand donc la première licorne marocaine ?

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