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Mardi 19 Mars 2024
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Matinale sur les métiers de l'IT & Télécoms : Voici les déclarations des intervenants

« Les profils IT & Télécoms au Maroc, quels effectifs et quelles compétences ? », c’est le thème de la deuxième matinale organisée par Groupe Le Matin, en partenariat avec Intelcia Group. Les participants à cet événement ont tenté d’y répondre tout en mettant l’accent sur l’importance de l’accompagnement et de la rétention des jeunes lauréats.

Matinale sur les métiers de l'IT & Télécoms : Voici les déclarations des intervenants

Saad Berrada, directeur des ressources humaines chez Groupe Intelcia

«Avec la transformation digitale que connaît le monde et l’ubérisation de l’économie, le Maroc dispose actuellement d’une vraie carte à jouer pour devenir une destination pour les métiers de l’IT et des télécoms. Toutefois, pour y parvenir, force est de reconnaître qu’il faut travailler sur plusieurs axes, notamment celui de la formation. En effet, le nombre de lauréats formés dans le domaine de l’IT reste insuffisant, aussi bien en termes de chiffres qu’en profiling. D’ailleurs, pas mal de domaines de l’IT connaissent aujourd’hui une vraie souffrance en matière de ressources humaines et ont une vraie demande en termes de profils. Il s’agit notamment des experts en cybersécurité, en données et en digital. Certes, l’offre de formation a évolué ces dernières années, mais beaucoup d’efforts restent à déployer.

Les problématiques auxquelles les entreprises font face actuellement, c’est principalement la rareté des profils liés aux nouveaux métiers de l’IT, et ce déficit est d’ailleurs à caractère mondial. Le deuxième challenge pour les entreprises est de trouver des profils expérimentés qui vont encadrer et accompagner les nouveaux diplômés. Dans ce secteur de l’IT, nous constatons aujourd’hui un taux de désistement de 50%. C’est pour dire qu’il y a aussi le défi de retenir ces profils. La réalité du marché maintenant, c’est qu’il existe une offre supérieure de la part des entreprises, alors que les lauréats et les compétences ne sont pas suffisants. En guise de solutions, il est important d’instaurer des partenariats public-privé, notamment entre les acteurs économiques et l’État. Cela permettrait de lancer de façon urgente un programme national favorisant la destination Maroc. Notre pays a prouvé son excellence dans différents domaines, entre autres l’aéronautique et l’automobile, et il peut faire de même dans l’IT. Il faut vraiment profiter de la chance qu’a le Maroc d’avoir une population jeune très connectée pour renforcer la formation en matière des technologies de l’information et des réseaux télécoms. Pour amener le Maroc à être champion dans ce domaine, il faut donc s’appuyer sur la formation, mais dans le cadre d’une politique globale et une stratégie bien ficelée.» 

Kamal Daissaoui, président de l'EMSI et de la fédération de l'enseignement privé

« En tant qu’institution de formation, nous devons faire plus d’efforts sur le plan quantitatif. La qualité y est déjà et les entreprises qui recrutent dans le domaine de l’IT le reconnaissent. Toutefois, j’estime qu’il faut aussi accompagner les entreprises dans leur développement, surtout que plusieurs lauréats partent à l’étranger, une fois qu’ils prennent de l’expérience au Maroc. C’est d’ailleurs une problématique dont souffrent plusieurs entreprises. Sur ce volet, force est de reconnaitre que la rétention des compétences ne peut se faire que moyennant un écosystème qui est favorable à l’épanouissement de ces lauréats. En d’autres termes, nous ne pouvons pas retenir les jeunes par force mais plutôt, et surtout, en leur offrant les moyens de motivation. Je tiens aussi à souligner que les entreprises doivent également fournir plus d’efforts pour retenir ces lauréats. C’est d’ailleurs une perte sèche pour le Maroc le fait de former des ingénieurs de qualité et que d’autres pays en profitent. »

Mohamed Tahiri, directeur de l’enseignement supérieur du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche

« La thématique traitée dans le cadre de ce cycle de conférence touche le domaine de l’IT qui crée de l’emploi et dans lequel on a beaucoup de besoins en termes de talents pour être compétitif. L’offre de formation au Maroc dans ce domaine est riche avec 45 filières proposées aux jeunes. Ces filières se concentrent essentiellement sur tout ce qui relève de l’informatique de gestion, système et informations et réseaux et télécoms. Il faut avouer aussi que certains domaines connaissent des carences, notamment la cybersécurité et l’intelligence artificielle du fait qu’ils se développent très rapidement dans le monde entier. Sur un autre registre, il faut souligner que pour assurer le développement des domaines liés à l’IT et aux télécoms, il faut qu’on puisse développer nos ressources humaines, particulièrement en matière d’enseignants et de doctorants capables de transmettre les informations aux jeunes et assurer leur développement dans ces domaines. L’enjeu est de taille du fait que nous sommes en train de former dans des domaines qui évoluent très rapidement. »

 Pr. Ilham Berrada, directeur de l'ENSIAS-UM5R, experte de la réforme de l'Enseignement Supérieur HERE

« L’enjeu aujourd’hui est de former un ingénieur qui va accompagner la transformation digitale de notre pays et de notre continent. En effet, le nouveau modèle de développement économique place le digital dans sa priorité nationale. A l’échelle de l’école, nous avons fait toute une réingénierie de notre offre de formation pour justement nous aligner avec les besoins en IT à l’horizon 2030 et au-delà. Outre les compétences techniques et celles liées aux différents domaines du digital, il est important d’accompagner les jeunes à développer les compétences personnelles et comportementales. Il faut savoir que l’ingénieur a certaines particularités surtout en IT à savoir, l’esprit de créativité et l’agilité. Cette dernière trouve tout son intérêt du fait qu’un ingénieur doit être capable d’apprendre et de réapprendre d’autant que le domaine l’IT évolue très rapidement. A mon avis, l’ingénieur doit aussi avoir la capacité de travailler en équipe pour résoudre les différentes problématiques mais aussi, et surtout, être en mesure d’évoluer dans un contexte concurrentiel et pluridisciplinaire. Autant dire, les efforts doivent être renforcés aujourd’hui pour permettre aux futurs ingénieurs de développer ces compétences et cet état d’esprit. »

Amine Khayatei, CEO de KWIKS FRC

« Outre les compétences techniques et comportementales, je pense que les ingénieurs doivent aussi apprendre à se vendre lors de l’entretien d’embauche. C’est un axe fondamental et c’est ce qui va leur permettre de trouver un emploi. De même, un candidat peut avoir de très bonnes compétences techniques avec un bon CV, mais s’il n’arrive pas à convaincre le recruteur, il aura moins de chance à avoir le poste à pourvoir. Pour développer ce volet, il existe beaucoup de techniques qu’un jeune facilement utiliser et il existe aussi des formations dans ce sens. Ce n’est pas aussi difficile que l’on pourrait imaginer. Chez KWIKS FRC, nous avons une communauté de 150 chasseurs de tête sur 5 pays et c’est dans ce cadre que l’on accompagne les candidats à mieux se préparer pour gérer les entretiens d’embauche. Ce qui nous a poussé à s’intéresser à ce volet c’est qu’on s’est rendu compte que d’une part, que les entreprises se plaignent souvent de manque de candidats performants, et d’autre part, les jeunes disent ne pas trouver d’emploi. Pour tenter de résoudre cette problématique, je pense qu’il serait intéressant de faire un petit réglage : L’entreprise doit avoir une certaine agilité en termes d’embauche et adapter ses techniques de recrutement au profil en face. De son côté, le candidat doit savoir s’exprimer et se vendre. »

 

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