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Mehdi El Fakir : «Un tribunal européen n’a pas la suprématie sur les décisions politiques des différents pays de l’UE»

Décision du tribunal européen sur les accords agricoles et de pêche avec le Maroc, projet de loi de Finances, relance économique... L’Info en Face éco décortique avec Mehdi El Fakir, Expert-comptable & analyste économique, les défis auxquels sera confronté le nouveau gouvernement.

Mehdi El Fakir : «Un tribunal européen n’a pas la suprématie sur les décisions politiques des différents pays de l’UE»

Interpellé d'abord sur l'impact de la décision du Tribunal de l'UE sur les accords agricoles et de pêche avec le Maroc, Mehdi El Fakir a indiqué que cette décision n'aura pas un fort impact sur les relations commerciales entre le Maroc et l'Union européenne. «C’est une décision de justice où la jurisprudence, de façon générale, est circonstancielle et dépend de plusieurs éléments. En lisant le verdict, je pense qu’il y a une instrumentalisation de la justice, alors que ce dossier va dans le sens de la consécration de la souveraineté marocaine au regard de l’ensemble des droits dont on dispose», a affirmé l’invité de L’Info en Face, tout en assurant que le Maroc a tous les arguments en sa faveur. «Il faut consolider les efforts sur les plans diplomatique, juridique et géopolitique pour continuer à défendre la cause nationale, c’est indéniable, mais il faut aussi rassurer les marchés et les acteurs économiques», a-t-il déclaré. Et de rappeler que sur le plan juridique, la décision du Tribunal international de La Haye a consacré la souveraineté du Maroc.

Pour l’analyste économique, cette décision est un fait divers. «Un tribunal européen n’a pas la suprématie sur toutes les décisions politiques des différents pays de l’UE, il y a la volonté politique et la marge de manœuvre exécutive de la Commission européenne en matière d’interprétation et d’exécution de ce jugement. La déclaration conjointe Maroc-Union européenne à la suite de cette décision du tribunal réaffirme la volonté politique de poursuivre la coopération et développer ce partenariat», souligne l’invité de L’Info en Face, notant que c’est un accord avant tout politique. «Nous avons une relation multidimensionnelle avec l’Europe, en tant que partenaire, mais également avec les pays de l’Europe de façon bilatérale, avec la France et l’Espagne, en premier lieu, dans le cadre d’une approche win-win», a relevé Mehdi El Fakir, évoquant la possibilité de nouer des accords avec certains pays pour dépasser cette situation. «Aujourd’hui, la situation géopolitique du Maroc est très particulière et porteuse de beaucoup d’espoir, mais il y a aussi beaucoup de menaces, notamment de nos voisins frontaliers, qui inquiètent de plus en plus», a-t-il noté.

Concernant l’absence de réaction du nouveau gouvernement et à sa tête Aziz Akhannouch, l’invité de L’Info en Face pense que c’est un problème de timing. «M. Akhannouch est le ministre de l’Agriculture sortant, il est actuellement en train de former le gouvernement. Ce sujet est avant tout diplomatique, il y a eu la réaction du ministère des Affaires étrangères, donc on ne peut pas parler d’un double emploi. Je pense que ce sujet a été réservé à M. Bourita qui a réagi et que le ministère a eu les réactions qui s’imposent avec les milieux des affaires. Attendons la nomination des nouveaux ministres, puis M. Akhannouch choisira le bon moment pour en parler», a-t-il précisé.

Par ailleurs, Mehdi El Fakir a précisé que le gouvernement a plusieurs dossiers à gérer, notamment le projet de loi de Finances qui doit être déposé au Parlement le 20 octobre. «Je suis quasi certain que les délais seront respectés et je pense qu’il y aura une stabilité au niveau du portefeuille de l’Économie et des finances pour la simple raison que nous avons un Chef de l’exécutif qui était déjà là et qui devrait pousser pour qu’il soit gardé par le RNI», estime Mehdi El Fakir, car il n’y a pas de temps pour lancer autre chose.

«Nous sommes en train de sortir d’une crise sanitaire et de chercher une relance, nous venons de terminer des élections, avec un gouvernement issu de trois partis avec une synergie et une ligne idéologique similaire. Il nous faut une rigueur budgétaire, car les conditions actuelles ne permettent pas de prendre des décisions spectaculaires, en tout cas pas dans l’immédiat», a-t-il souligné. Et de nuancer en estimant que tout est possible, car «il ne faut pas rater la chance du vrai changement et aller de l’avant vers les réformes structurantes, notamment sur les plans énergétique et budgétaire».

S’agissant de la question relative à la facture énergétique, l’invité de L’Info en Face insiste sur la nécessité de diversifier les sources d’énergie et de chercher d’autres alternatives : «Il faut vendre et commercialiser les explorations en cours, il faut activer le gazoduc Nigeria-Maroc et il faut surtout orienter les subventions et les aides publiques dans ce domaine pour faire face à la flambée des prix de l’énergie et soutenir la relance de l’économie». Pour l’analyste économique, il ne faut pas retarder les réformes au début du mandat du gouvernement, car l’enjeu est de préparer le terrain pour l’amélioration du climat des affaires et créer de la croissance et de l’emploi.

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