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Le Brexit a permis au Royaume-Uni de s’affranchir de ses chaînes européennes et de s’inscrire dans une politique stratégique de diversification des partenariats. Dans cette politique stratégique de Londres, le Maroc, qui est engagé lui aussi dans une politique de redéploiement de sa politique étrangère, occupe une place particulière, affirme le politologue Mustapha Sehimi. «Nous remarquons également que notre ministre des Affaires étrangères, M. Nasser Bourita, s’est envolé directement de la Hongrie vers le Royaume-Uni, sans faire escale à Bruxelles. Ceci démontre la ferme volonté de la diplomatie marocaine d’aller au-delà des relations traditionnelles avec l’Union européenne, telles que nous les avons connues jusqu’à présent, et d’établir de nouveaux liens de partenariat avec des pays tels que le Royaume-Uni ou les quatre pays du groupe de Visegrad».
Selon cet expert, «il y a là une rencontre entre les deux approches, marocaine et britannique, qui accordent tout leur potentiel aux champs de partenariat, existants ou futurs, entre les deux pays». Et de souligner qu’«il s’agit d’une nouvelle dynamique qui marque les relations entre Londres et Rabat». La création d’un conseil et d’un comité d’association, ainsi que d’un sous-comité chargé des questions économiques, sont autant de mesures opératoires destinées à élargir et à consolider la coopération entre les deux pays, a-t-il indiqué.
Nouvel ajustement de la politique britannique vis-à-vis de la question du Sahara marocain
À l’issue de la troisième session du dialogue stratégique Maroc-Royaume-Uni, ce dernier a réaffirmé son soutien à la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l’ONU qui salue les efforts «sérieux» et «crédibles» du Maroc pour résoudre le conflit artificiel autour du Sahara marocain. En effet, dans une déclaration conjointe, le Royaume-Uni a souligné «le rôle primordial» des Nations unies dans le processus de règlement de ce différend. À cet égard, M. Sehimi constate que l’idée d’un nouvel ajustement de la politique britannique à l’endroit du Sahara marocain avance dans les milieux politiques britanniques et qu’il pourrait y avoir «bientôt l’ouverture d’un consulat à Dakhla, ce qui serait un acte plein de sens».
Le Mégaprojet du complexe solaire et éolien dans la région de Guelmim-Oued Noun
Dans ce partenariat renouvelé entre le Maroc et le Royaume-Uni, figure notamment le grand projet d’un câble sous-marin de 3.800 km pour relier un complexe éolien et solaire implanté au Maroc au réseau britannique. «Un investissement de 22 milliards de dollars», précise M. Sehimi, soulignant qu’«il s’agit d’un projet titanesque qui permettra de transporter l’énergie propre du Marc au Royaume-Uni». «C’est quelque chose d’important, de structurant et de pérenne dans les relations entre les deux pays», affirme le politologue.
Toujours selon Mme Sehimi, l’hydrogène vert, autre source importante d’énergie renouvelable, présente un intérêt certain pour Londres. «Le Maroc est pionnier dans cette nouvelle industrie qui revêt une importance sans cesse croissante et offre donc un immense potentiel de coopération entre les deux pays», a soutenu le professeur Sehimi.
La vigueur manifestée par les deux parties à l’égard de ce partenariat stratégique porte également sur les domaines des services, de l’industrie pharmaceutique, du textile, de la pêche et de l’agriculture, ajoute le politologue. «Cette coopération a été renforcée par la mise en service d’une ligne directe, il y a maintenant deux mois, reliant le port de Tanger Med à celui de Poole, situé au sud du Royaume-Uni. Cette liaison maritime va permettre au Maroc d’exporter ses produits vers le Royaume-Uni en moins de trois jours», fait remarquer M. Sehimi.
Une coopération sécuritaire renforcée
Le Royaume-Uni a salué la contribution du Maroc aux efforts régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme et s’est félicité de la création à Rabat du Bureau du Programme de l’ONU pour la lutte contre le terrorisme, indique M. Sehimi, ajoutant que la lutte contre la criminalité internationale a également été appréhendée par les deux ministres des Affaires étrangères.
Engouement croissant des étudiants marocains pour les universités britanniques
Outre les aspects politique, économique et sécuritaire, il y a aussi la volonté de promouvoir la coopération culturelle entre les deux pays. «Les effectifs des étudiants marocains dans les universités britanniques sont en augmentation et les facilités accordées à cet égard témoignent de cette volonté d’approfondir les liens de cette coopération culturelle entre les deux pays», indique notre interlocuteur.
Un corridor de connectivité commerciale reliant l’Afrique de l’Ouest à l’Europe du Nord-Ouest
Au-delà du partenariat et des relations bilatérales, le Maroc et le Royaume-Uni ambitionnent d’établir un corridor interrégional de connectivité commerciale qui reliera l’Afrique de l’Ouest à l’Europe du Nord-Ouest, estime M. Sehimi. «Une nouvelle connectivité dont le Maroc serait le fer de lance», affirme-t-il.
