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Nabil Slitine, fondateur de M Avenue: «Ouvrir un projet d’une telle envergure dans ce contexte envoie un signal très fort»

Les tours de vis liés à la pandémie et le contexte difficile n’ont pas entamé l’optimisme de Nabil Slitine, fondateur et PDG de Downtown Hotel Corporation (DHC). Le promoteur marocain a acté l’ouverture officielle de M Avenue et a même inauguré à cette occasion l’espace dédié à la culture, Meydene. Celui-ci s’est montré par ailleurs confiant quant aux perspectives de son projet. Retour sur cette nouvelle destination lifestyle de Marrakech et ses différentes composantes dans cet entretien.

Nabil Slitine, fondateur de M Avenue: «Ouvrir un projet d’une telle envergure dans ce contexte envoie un signal très fort»
Nabil Slitine, PDG de Downtown Hotel Corporation (DHC). Ph. DR

Le Matin : Le 3 décembre a eu lieu, en grandes pompes, le lancement officiel de «M Avenue». Dites-nous en plus sur ce projet qui se présente comme la nouvelle destination Lifestyle de Marrakech.

Nabil Slitine : L’idée de M Avenue est née dans le sillage de la réussite du projet Four Seasons. Nous aurions pu créer une extension de l’hôtel mais, grâce à la crise par laquelle nous passions à l’époque, nous avons été poussés à réfléchir à d’autres types de projets. Ainsi, nous avons lancé ce chantier en 2010 dans l’objectif de créer une destination avec un écosystème constitué de plusieurs composantes. Celles-ci sont au nombre de 9 : une composante résidentielle sous l’enseigne Four Seasons qui est M Résidences, une composante hôtelière sous la marque Pestana CR7, une composante artistique sous l’enseigne M Art Studio, une composante de bien-être et de chirurgie esthétique sous l’enseigne M Clinic, une école de management digital M Tech, du tertiaire avec le centre d’affaires M Business, une composante culturelle qui est Meydene, outre une partie retail avec des enseignes de restauration et des boutiques.

M Avenue s’étend sur 5 hectares, dont 120.000 m² de surface construite. Le projet a nécessité plus d’un milliard de dirhams d’investissements et a été financé par une entreprise marocaine et des banques marocaines. C’est un projet qui est destiné avant tout aux locaux, que ce soit les marrakchis ou les Marocains d’ailleurs, mais il est aussi ouvert, bien évidemment, aux visiteurs étrangers puisque Marrakech est une destination touristique par excellence.

Cette ouverture intervient dans un contexte difficile, notamment pour le secteur touristique. Quelles perspectives voyez-vous pour ce nouveau projet ?

Justement, nous avons longuement débattu sur la question de s’il fallait ouvrir ou attendre. Mais je suis quelqu’un de très optimiste. Je trouve que le fait d’ouvrir un projet d’une telle envergure envoie un message et un signal très forts pour dire que la vie continue, que cette pandémie sera bientôt derrière nous, si Dieu le veut, et qu’aujourd’hui, tout le monde a envie de retrouver une vie normale avec des expériences différentes comme ce que nous offrons à M Avenue.

C’est plus que de l’optimisme, c’est du courage eu égard à la conjoncture…

Oui, on peut le voir de cette façon. De toute manière, édifier un tel projet nécessite bien du courage.

Donc, pour le moment, vous misez plutôt sur les locaux et les nationaux en attendant des jours meilleurs ?

Absolument. D’ailleurs, on ne peut pas réussir un projet en ciblant uniquement une clientèle étrangère. Comme je l'ai déjà évoqué, M Avenue est conçue d’abord pour les Marocains, et bien sûr elle est également ouverte pour accueillir les visiteurs étrangers.

Mais plus globalement, en tant qu’opérateur touristique, comment accueillez-vous aujourd’hui les tours de vis qui se succèdent ?

C’est très difficile quand on est opérateur touristique d’accepter les décisions prises par le gouvernement, souvent à la dernière minute. Nous sommes tous très inquiets et nous espérons que la situation ne va pas perdurer car la ville de Marrakech a besoin de ses touristes. J’espère vraiment que le gouvernement en est conscient et qu’il y a des décisions qui vont être prises très prochainement pour qu’on puisse vivre la pandémie comme le font d’autres villes au monde. Aujourd’hui, tout le monde a compris que la pandémie restera pour quelques années encore et que l’on doit trouver le moyen de vivre avec.

En plus du lancement officiel de M Avenue, vous avez aussi inauguré la composante culturelle du projet, baptisée Meydene. Parlez-nous de cette structure.

Pour moi, le projet n’aurait pu être réalisé sans cette composante culturelle. Celle-ci est le noyau dur ou le poumon du projet. Et c’était-là un véritable défi car il fallait réfléchir à un concept qui soit différent, qui ne soit ni un musée, ni une galerie, ni une exposition, puisque tout cela existe déjà à Marrakech. L’idée était aussi d’apporter une réponse aux attentes de la nouvelle génération à travers l’usage de la technologie et surtout en simplifiant le message, car on a souvent tendance à dire que la culture et l’art sont élitistes. Avec Meydene, l’objectif était donc de démocratiser cette notion de culture. Cette structure réunit différents univers : un théâtre de 400 places et un parcours immersif 2.0 avec une salle des merveilles. Nous avons d’abord pensé à créer un théâtre parce que Marrakech ne dispose pas de théâtres privés, ce qui n’est pas normal dans une ville à vocation touristique. Pour ce qui est du parcours, il a nécessité 5 années de travail car il fallait trouver et mettre en place un fil conducteur mais aussi pouvoir intéresser toutes les catégories de visiteurs quel que soit leur âge ou leur provenance. Le but aussi était de rapprocher ces visiteurs de la culture de Marrakech et des marrakchis. Ce parcours est constitué de trois zones différentes : la première zone est la rencontre des marrakchis, un espace où des Marocains et des expatriés racontent leur quotidien dans la ville ocre. La seconde zone, la salle des merveilles, a été créée pour partager, à travers le digital, les sensations que les gens ressentent quand ils sont face aux merveilles de Marrakech. Quant à la 3e zone, on y retrouve une panoplie d’objets qui font partie de la culture de la ville et qui sont aujourd’hui en voie de disparition.

Via ces trois zones, nous avons voulu interpréter la culture de la ville, mais différemment, sans forcément concurrencer ou remplacer les autres structures qui existent dans la ville.

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