Pour Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, il s’agit d’une équation à plusieurs inconnues. «C’est un variant dont on ne connaît pas encore le taux de transmissibilité ni de virulence. On a besoin de deux semaines au moins de travail pour répondre aux différentes questions posées, notamment celle relative à sa résistance ou pas aux vaccins utilisés au Maroc ou ailleurs. C’est primordial pour gérer cette nouvelle souche et la pandémie en général», indique-t-il. Et d’ajouter vu le nombre de contaminations enregistré actuellement en Afrique du Sud, Omicron serait plus transmissible que le variant Delta, mais cela reste à prouver et à définir exactement.
«Les premiers constats indiquent que la majorité écrasante des malades infectés par ce nouveau variant sont des personnes non vaccinées. Les deux tiers des personnes infectées ne sont pas du tout vaccinés et la majorité du tiers restant a reçu une seule dose. D’où l’intérêt de se faire vacciner et en urgence», explique Dr Hamdi qui précise, par ailleurs, que le risque d’infection est grand chez les jeunes, comme indiqué par les observateurs sud-africains. «C’est tout à fait normal, vu que la jeune population reste la plus mobile et la moins respectueuse des gestes barrières et de la distanciation. Raison pour laquelle le virus circule plus dans cette population et les infecte exclusivement», alerte le médecin. Des constatations qui restent, toujours selon notre interlocuteur, à confirmer les jours qui viennent. En attendant de voir plus clair, l’expert recommande aux Marocains la nécessité d'une extrême prudence pour se prémunir des dangers éventuels, car tout relâchement risque d’être fatal.
Jaâfar Heikel, professeur d'épidémiologie et spécialiste des maladies infectieuses, estime, pour sa part, que ce nouveau variant suscite des inquiétudes et une vigilance accrue. Ce constat le pousse à s’interroger à son tour : Est-ce que les capacités actuellement de dépistage permet de détecter ce type de variant, parce qu’il va circuler et se transmettre beaucoup plus ? Est-ce que ce variant va répondre aux solutions thérapeutiques actuelles et ne générera pas des cas graves qui nécessitent la réanimation et les soins intensifs ? Est-ce que ce variant entraîne une réduction de l’efficacité des vaccins actuels. Des questions qui restent en suspens et dont la réponse dépend des prochaines études.«Aujourd’hui, la transmission et la circulation rapide du “B.1.1.529” est un fait. Toutefois, on ne sait rien sur l’intensité de l’infection liée aux formes graves. Nous sommes en période d’observation», assure Pr Heikel. Pour le spécialiste en épidémiologie, les gestes barrières, particulièrement la distanciation physique et le port du masque de protection, demeurent «des armes efficaces» pour se protéger, sans omettre l’importance et la nécessité de se faire vacciner complètement. «Les mesures barrières, plus probablement les médicaments attendus et surtout le maintien de la vaccination pourraient nous permettre d’envisager les prochaines semaines avec plus de sérénité et de pragmatisme, tout en restant extrêmement prudents en matière de surveillance épidémiologique. Aller vite ne veut pas dire précipitation, prenons le temps d’observer, restons prudents et, encore une fois, communiquons au mieux avec la population pour lutter contre les variants précédents et le variant actuel !» conclut l'infectiologue.