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La propagation rapide du variant Omicron et l’utilité de procéder au dépistage précoce remettent à jour la question de mise à disposition des tests antigéniques rapides, dits autotests, dans les pharmacies. Dans sa dernière note relative aux nouvelles mesures de surveillance et de riposte à la Covid-19 suite à l'augmentation des cas d’Omicron, le ministère de la Santé appelle, en effet, à renforcer les activités de détection précoce. Une mission que les pharmaciens ont, depuis le début de la pandémie, appelé à prendre en charge du fait de leur proximité avec les citoyens et leur présence dans toutes les différentes régions même les plus enclavées.
Pour Oualid Amri, vice-président de la Fédération nationale des Syndicats des pharmaciens et président du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca, le Maroc doit prendre exemple sur les pays étrangers qui autorisent les autotests au sein des officines. «Dans tous les pays du monde, ces autotests sont dispensés en pharmacie et sont effectués également en pharmacie. Cela permet une meilleure proximité avec le patient et surtout une démocratisation de l’usage de ces autotests, vu le prix qui sera plus accessible», a expliqué Dr Amri. Autre précision de taille est celle relative à la possibilité de procéder à des dépistages de masse grâce à la présence des officines dans toutes les régions du Maroc et surtout dans les zones enclavées ne disposant pas forcément de structures sanitaires ni de laboratoires d’analyses. De plus, les pharmacies ont un système de permanence qui les rend accessibles 24 h/24, donc une plus grande disponibilité pour accueillir les personnes qui souhaitent se faire tester rapidement.
Et le responsable de rappeler qu’il est indispensable dans ce contexte «de ne pas oublier, ni de négliger le rôle important que joue le pharmacien d’officine de par sa proximité avec les patients et surtout les conseils prodigués par l’équipe officinale.» En effet, la pharmacie reste le premier recours pour le patient et son espace de santé de confiance numéro1. «De par sa formation scientifique et académique, le pharmacien a un rôle important à jouer, mais malheureusement nous sommes face à des blocages sans justifications clairs», regrette le président du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca. Il en va de l’intérêt du citoyen et de la priorité à préserver sa santé, souligne Dr Amri. Pour Dr Abdelhafid Oualalou, pharmacien-biologiste spécialiste en parasitologie et en épidémiologie, le pharmacien joue un rôle important dans le système de santé et notamment dans la lutte contre la pandémie. «Le Maroc dispose d’une importante couverture territoriale des pharmacies, ce qui les dispose à jouer un rôle dans le processus de dépistage rapide de la Covid-19», souligne-t-il.
Et de noter qu’il est opportun d’impliquer les pharmacies dans ce processus à condition de disposer d’un cahier des charges bien déterminé et de travailler dans le cadre d’un partenariat avec le ministère de la Santé et les représentants du corps des pharmaciens et des syndicats professionnels. «De nombreux pays ont mis en place un processus de travail collaboratif dans ce sens. Les pharmaciens marocains ont toujours exprimé leur prédisposition à coordonner avec les parties prenantes pour prendre part à l’opération de vaccination et des tests de dépistage de la Covid-19», a noté le responsable. Et de noter que le prix des tests rapides reste accessible, mais que leur fiabilité reste conditionnée par le respect d’un certain nombre de précautions. À ce sujet, Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, indique que la qualité et la fiabilité des autotests dépendent de plusieurs facteurs. «Il y a sur le marché mondial des produits avec un niveau de qualité très disparate», précise-t-il.
De plus, le prélèvement qui se fait au niveau nasal n’est pas très profond, donc le résultat peut être biaisé. La fiabilité du résultat de l’autotest dépendra donc de sa manipulation et de la précision lors du prélèvement. Mais même avec ces contraintes, la fiabilité des tests antigéniques rapides peut atteindre les 80 à 95% chez les personnes symptomatiques et de 50% chez les asymptomatiques», note Dr Hamdi. Il tient cependant à souligner que les autotests sont recommandés chez les personnes asymptomatiques en expliquant que ce type de tests n’est pas indiqué pour les personnes qui présentent des symptômes ni pour les cas contact.
L’expert conseille également aux personnes qui reçoivent un résultat positif via ces tests de s’isoler et de procéder à une analyse PCR. «Chez les personnes symptomatiques, l’autotest n’est pas conseillé, car il peut donner lieu à des résultats contraires à la réalité et donc un risque de fausser le processus de prise en charge qui doit se déclencher rapidement», explique le médecin qui conseille fortement dans ce cas-là de faire le test PCR directement. L’autre remarque soulevée par l’expert est celle liée à l’identification des personnes testées positives à la Covid-19 qui, dans le cas d’un autotest, peuvent échapper à l’identification du nombre de cas de contaminations et donc du suivi médical approprié.
