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L’affaire du Sahara, érigée en différend d’abord avec l’Espagne – durant le colonialisme – et ensuite avec l’Algérie, est la principale hypothèque grevant la marche de l’Afrique vers le développement. C’est ce qu’explique l’expert des questions de conflit et médiation, Alphonse Zozime Tamekamta, dans son dernier ouvrage intitulé le «Sahara marocain, contours polémologiques et perspectives irénologiques». Dans ce livre de 378 pages, paru en octobre 2021 aux Éditions Afrédit (Yaoundé), l’auteur s’est attelé à déconstruire «l’idéologie partialisante qu’inhalent les regards immondes et les esprits peu fervents», en pointant du doigt l’Algérie avec ses actions d’instrumentalisation politique à ce niveau. Alphonse Zozime Tamekamta se situe à travers ce livre, de manière claire et revendiquée, ainsi qu’il est souligné dans la préface du livre, dans une démarche touchant à l’irénologie. Il s’agit de la «science de la paix» qui, à côté de la polémologie, «science de la guerre», fait maintenant partie de ce que l’on pourrait appeler de manière globale les «études de sécurité». «La sûreté d’un territoire suppose en effet, en sus de son contrôle par des forces de sécurité, de mettre en place des institutions conformes aux attentes des populations, à leur histoire, à leur mode spécifique de socialisation», lit-on dans les premières pages du livre.
L’auteur souligne ainsi que le dossier du Sahara «est une question postcoloniale, existentielle pour le peuple marocain, qui s’inscrit dans le processus de déconstruction d’une vision coloniale sur l’Afrique, passéiste, adossée au système de domination de la pensée occidentale des siècles passés». À maintes reprises, «la question du Sahara marocain fait l’objet d’une instrumentalisation politique de la part de plusieurs activistes hostiles à l’intégrité territoriale du Maroc, qui tentent d’induire en erreur l’opinion publique en éludant les données historiques et juridiques, fondamentales à la compréhension de l’émergence de ce différend régional, qui a été créé et qui continue d’être entretenu au jour d’aujourd’hui par l’Algérie». En effet, à travers trois parties, l'auteur se penche sur les enjeux autour du Sahara marocain et leur impact sur le développement du continent africain. La première porte sur le territoire, territorialisation et genèse du différend sur le Sahara, alors que la deuxième s'intitule «le différend porté par l’ONU et le Royaume du Maroc : la paix au bout du compte». Quant à la troisième partie, elle est consacrée à «la paix par l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara». Il y aborde ainsi le contexte et la portée de l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara avant de traiter les bases institutionnelles de l’Initiative marocaine et les modalités de mise en œuvre.
À travers ce livre, Alphonse Zozime Tamekamta considère que «l’artificiel conflit autour du Sahara marocain» est bien un cas de figure, parmi tant d’autres, qui jalonnent la marche irréversible de l’Afrique vers le développement et menace le vivre ensemble dans le cadre du sacro-saint principe de la fraternité africaine. Selon lui, l’affaire du Sahara émane d’une vaine tentative du nihilisme postcolonial de la souveraineté du Royaume du Maroc, voulue par la puissance occupante, dont les prétentions sur certaines villes et îles jadis marocaines demeurent actuelles. Elle relève aussi de l’instrumentalisation programmatique de l’Algérie, surfant sur un discours néocolonial nihiliste de l’évidence de l’histoire marocaine, riche de quatorze siècles. Pour sa part, le professeur Christophe Boutin, de l'Université de Caen-Normandie, qui a signé la préface du livre, parle d’une belle synthèse de l’auteur qui vise à démontrer les liens entre géopolitique et histoire dans l’affaire du Sahara. «Le premier point à considérer est sans doute l’histoire. L’analyse faite ici des liens ancestraux existant entre le Maroc et les territoires sahariens, puis de la manière dont les colonisateurs ont pu tenter de les briser ou de les modifier, est ici particulièrement parlante.
On suivra aussi autour de cet exemple du Sahara marocain la manière dont agissent d’autres intérêts que ceux des populations locales, dont ceux d’État mus par une volonté expansionniste et manipulant pour cela des mouvements séparatistes», fait-il relever. Tout en soulignant l’intérêt de l’ouvrage, le professeur Christophe Boutin rappelle que l’auteur, évoquant les plus récents développements, examine aussi l’impact des derniers incidents de 2021, commis dans la zone frontière, par les forces du Polisario, qui tentaient de bloquer la voie routière qui joue un rôle essentiel dans la communication entre Afrique du Nord et Afrique subsaharienne. Il met également en relief la partie consacrée à l’initiative proposée par le Maroc. «L’auteur examine enfin dans le détail l’initiative marocaine pour le statut d’autonomie de la région du Sahara. Il montre combien une telle proposition, dans ses différents aspects et dans les étapes successives nécessaires à sa mise en œuvre, participe de la restauration de l’État et de la réconciliation des populations dans une situation post-conflictuelle.
On se rend pleinement compte de nos jours en effet que la victoire militaire d’un camp sur le terrain ne peut être la seule solution, et que la résolution des crises n’est pas limitée à cette lutte armée qui n’en est que l’expression la plus violente et la plus brutale, parfois nécessaire, mais jamais suffisante», tient-il à préciser. Le lecteur disposera, promet-il, d’arguments étayés et clairs pour mieux saisir les enjeux de ce dossier d’un Sahara marocain pour lequel chacun s’accorde à trouver que le temps est venu de trouver une solution politique. «Plus largement, les réflexions que l’on pourra en tirer dans le domaine des études de sécurité, les principes d’action qui s’en dégagent, pourraient certainement aider à la résolution de crises ailleurs sur le continent», conclut-il.
