Mise à jour : Covid 19 : Le pass vaccinal obligatoire dès jeudi
Le ministère de la Santé et de la protection sociale vient d'annoncer un plan d'accélération de la campagne de vaccination anti-Covid, après avoir constaté un ralentissement au niveau du nombre de vaccins administrés. Ce constat devrait également pousser vers une activation de l'obligation du pass vaccinal pour l'accès à certains lieux publics.
Le ministère a d'ailleurs appelé à redynamiser la communication autour du pass vaccinal dans les activités non essentielles. Certaines informations évoquent même des initiatives propres à certains établissements consistant à limiter l'accès aux personnes détentrices de pass vaccinal.
Pour le professeur Saïd Moutawakil, membre du comité national de vaccination, «l’obligation du pass sanitaire pour les activités non essentielles et l’accès à certains lieux sera très probablement instaurée dans les jours qui viennent». «Nous sommes à la veille d'un allègement des mesures restrictives et avec la reprise de l'activité économique et sociale, notamment tout ce qui est restauration, événementiel et activités sportives, il va falloir se prémunir contre une rechute en mettant en place les mesures qui s’imposent», explique-t-il.
«Pour protéger les citoyens au niveau des institutions, administrations, entreprises ou autres lieux clos, les personnes non vaccinées, pour une raison ou une autre, vont devoir présenter un pass sanitaire, dans la même logique que ce qui se fait actuellement pour les déplacements intervilles, à savoir une autorisation des autorités ou un pass vaccinal», détaille-t-il.
Pour Dr Moulay Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination, c’est un pass sanitaire, et non un pass vaccinal, qui sera bientôt exigible pour les activités non essentielles, les lieux clos, les stades… avec le maintien des mesures barrières. Un pass sanitaire, rappelons-le, implique la présentation d’un résultat négatif d'un examen de dépistage virologique (test PCR), ou d'un justificatif du statut vaccinal, ou encore d'un certificat de rétablissement.
«Au niveau de la Commission, nous avons recommandé deux choses : accélérer la vaccination et maintenir les mesures barrières pour arriver à l'immunité collective au plus vite», signale-t-il.
À cet égard, la mise en place de cette nouvelle mesure permettra de donner un coup de pouce considérable à la campagne de vaccination en encourageant ceux qui hésitent encore.
En effet, avec la cadence de la vaccination qui a fortement baissé, le Maroc peine à atteindre l’objectif de 80% de la population cible entièrement vaccinée, et a besoin de mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard et protéger la population contre un regain de la pandémie, notamment avec le relâchement des gestes barrières qui sévit actuellement.
«Sur une cible de 30 millions de personnes à vacciner, nous sommes à plus de 23 millions. Il nous reste donc du chemin à parcourir et c’est pour cela que nous devons absolument reprendre la vitesse de croisière de 100.000 vaccinations par jour», relève Dr Afif.
Selon les derniers chiffres, 70% de la population cible est complètement vaccinée, 77% ont reçu au moins une dose, alors que près de 700.000 personnes ont reçu la troisième dose. Pour la catégorie des 12-17 ans, 80% ont reçu la première dose et 50% la deuxième.
«Le taux de vaccination le plus élevé a été enregistré parmi les plus de 65 ans (90%). Par contre, plus d'un million de jeunes âgés entre 18 et 39 ne se sont pas présentés pour la vaccination», déplore-t-il.
Pass sanitaire ou obligation vaccinale déguisée ?
L’obligation du pass sanitaire pour accéder à certains lieux et activités ne fait pas que des heureux. Certains y voient même une manière détournée d’imposer la vaccination aux récalcitrants.
«Officiellement, la vaccination n'est pas obligatoire et les citoyens sont libres de se faire vacciner ou non. Mais il y a deux éléments très importants à prendre en considération : l’obligation morale de l'individu vis-à-vis de lui-même, de sa famille et de sa communauté, d’une part, et la responsabilité de l'État vis-à-vis de la population, d’autre part», signale Pr Moutawakil.
Le premier élément, explique-t-il, implique qu'une personne qui choisit de ne pas se faire vacciner doit se protéger et protéger les autres en effectuant notamment des examens périodiques (test PCR), alors que le deuxième élément implique que l'État soit en droit d'exiger, en respectant la décision des uns et des autres, un certain nombre de mesures pour protéger les citoyens contre tout risque menaçant leur santé.
«Le respect du libre choix est indéniable. Mais est-ce qu'on va hypothéquer toute une économie et porter atteinte à la santé de toute une Nation parce qu'il y a certaines personnes qui refusent de se faire vacciner ?» martèle Dr Afif.
«Nous vivons en communauté et nous n’avons pour le moment que deux armes pour lutter contre la propagation de la Covid-19 : la vaccination et les mesures barrières. Faisons donc montre d’un esprit de citoyenneté !» ajoute-t-il.