Coordonnée par Jean Langlois, architecte enseignant à l’ENA de Rabat, l’exposition présente des photos de dalles rocheuses gravées, à travers 31 clichés réalisés par Roger Mimo (écrivain spécialisé dans l’architecture traditionnelle en terre crue des vallées présahariennes marocaines vivant à Tinghir), qui font voyager le visiteur dans le temps et l’espace. Ces photos sont prises sur plusieurs sites du Maroc des années 1990, notamment le plateau de Yagour, l’Oukaïmeden, Tizi n’Tirghist (Jbel Rat), Aït Ouazak (Tazzarine), Tiourine (Nkob), Taouz et Tamenart (Anti-Atlas). On y trouve des anthropomorphes, des bovins, des armes, des abstractions… «Cette exposition est une sensibilisation au patrimoine archéologique qui est en péril. Parce que ces gravures ne sont pas protégées. Elles sont exposées à ciel ouvert.
Donc, c’est facile de venir graver à côté un petit signe ou même vouloir les prendre. C’est ce qui s’est passé en France dans les années 1970. Puis, il faut savoir que ces gravures représentent artistiquement l’art d’origine et il est important pour les architectes d’avoir cette conscience de l’intérêt de cet art qui a influencé toute la peinture moderne du 20e siècle. Sachant que les gravures ont été découvertes bien avant les grottes, en 1850», souligne le professeur Jean Langlois qui a précisé que cette protection consiste à faire des fouilles préliminaires, à chaque fois qu’il y a un grand projet à entamer, comme par exemple les autoroutes ou d’autres grandes fondations des bâtiments. En effet, avec ces agissements, on risque de détruire des gravures d’une énorme importance historique, comme celles exposées qui remontent à l’âge du néolithique et qui témoignent d’une richesse archéologique et patrimoniale inestimable. «L’archéologie et l’architecture partagent un champ très important. Il est donc tout à fait normal pour un architecte de puiser dans ce volet de l’art rupestre, afin de valoriser certains aspects d’ordre architectural qui relèvent de la vie sociale de certaines périodes de l’histoire», explique Mohammed Aziz Ouahabi, directeur de l’ENA de Rabat.
D’où l’importance de faire découvrir au public le patrimoine néolithique très important dans l’histoire du Maroc et le sensibiliser à sa protection. «C’est une occasion pour lancer un appel à toutes les personnes concernées, afin de préserver ce patrimoine fragile, exposé à beaucoup de facteurs de dégradation, dont celui humain. Donc, au-delà de son intérêt para-pédagogique, cette exposition porte aussi sur la valorisation du champ d’investigation commun entre l’architecture et l’archéologie, dans la mesure où cette dernière revêt des volets qui constituent un prolongement de l’architecture. C’est un appel à tous les acteurs concernés à déployer des mesures plus drastiques pour préserver ce livre ouvert à tous et qui témoigne d’une profondeur de notre richesse patrimoniale», indique le directeur de l’ENA, rappelant que toutes les activités culturelles programmées, telles que l’urbanisme, l’aménagement du territoire, le patrimoine, l’ingénierie, la construction et les sciences humaines, doivent converger autour de l’architecture. «On expose, également, les travaux en arts plastiques des étudiants, des recherches développées sur plusieurs aspects, puis nous nous ouvrons sur toutes les disciplines autour de l’architecture, notamment en peinture, en sculpture, en œuvres littéraires…», renchérit-il.