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Les préconisations du PCNS pour un déploiement optimal du Nouveau modèle de développement

Si la question du «pourquoi» est hors du débat, celle de «comment» mettre en œuvre le nouveau modèle de développement demeure ouverte et interpelle sur les modalités et moyens de la gouvernance pour défaire les «nœuds» qui empêchent ou retardent de nombreuses réformes dans de plusieurs secteurs.

Les préconisations du PCNS pour un déploiement optimal du Nouveau modèle de développement
Ph. Kartouch

Pour exploiter pleinement son potentiel de croissance, le Maroc mise sur un «nouveau modèle de développement» (NMD). La Commission spéciale qui fut créée en ce sens a remis son rapport et la question est maintenant de savoir comment mettre en œuvre ce nouveau modèle. Ce «comment» se doit de remédier au manque de cohérence verticale entre les visions du développement et les politiques publiques, de même qu’à la faible convergence horizontale et l’absence de vision stratégique globale et long-termiste. Pour son nouveau cycle de conférences, le Policy Center for the New South porte son attention sur la mise en œuvre du NMD. Celle-ci préconise une «gouvernance des réformes» pour ne pas reproduire les dysfonctionnements ayant émaillé les réformes menées par le passé. «Des dysfonctionnements institutionnels (résultant de flous sur les responsabilités des acteurs politiques, de l'administration et des citoyens), des dysfonctionnements dans l'opérationnalisation des réformes, et des dysfonctionnements comportementaux (ayant trait à la réticence vis-à-vis des réformes)», comme l’explique le Senior Felow au sein du PCNS et membre de la commission spéciale sur le NMD, Larabi Jaïdi. Faisant part de sa conception pour réussir la mise en œuvre du NMD, M. Jaïdi s'est longuement attardé sur un acteur clé : l'administration. «L’administration a beaucoup perdu de ses qualités en termes de ressources humaines, d'engagement et de motivation», fait-il savoir, appelant à accélérer la transformation de l’administration, surtout au niveau des ressources humaines.

Pour que l’administration soit véritablement porteuse de changement, elle doit disposer de ressources humaines méritantes, intègres, motivées et ouvertes à l'innovation, a affirmé M. Jaïdi. Et d'attirer aussi l'attention sur la digitalisation comme moyen de transparence et de simplification, de transmission d'informations au citoyen. Un point de vue qui rejoint celui d'Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et membre de la Commission NMD. M. Chami évoque en effet la notion de leadership dans l'administration et prône de prendre l'initiative et de ne pas avoir peur de la sanction pour faire face aux intérêts divergents. Il plaide également pour une inflexion de l'administration dans le sens du renouvellement, de la compétence et de la simplification. Au début de son intervention, le président du CESE avait mis l’accent sur des principes d'action qui prévalent dans le NMD. Il s'agit notamment de la co-construction des politiques publiques, de l'impact (des politiques et des décisions) sur le citoyen, de la subsidiarité (tout ce qui doit être fait au niveau local, le sera), de la durabilité environnementale et de la soutenabilité financière ainsi que du renforcement des capacités des acteurs à déléguer. Il a également fait mention d'une unité chargée d’assurer le suivi du NMD : le «Haut Commissariat au Plan (HCP) rénové». Après sa refonte, cette entité assurerait le suivi (du NMD), encouragerait les projets stratégiques et s'occuperait également de la gestion du changement.

Task forces sectorielles, territorialisation des politiques publiques et activation des organes de la gouvernance

Le principe est de créer des task forces ad hoc, de mixité public-privé et dirigées par un chef de file, soit en l'occurrence le ministre d'un secteur concerné, et ce afin de surmonter les blocages susceptibles de se présenter dans ce secteur. Ces task forces sectorielles, de l’avis d'Ahmed Read Chami, sont susceptibles de favoriser le déploiement du NMD.

Ce déploiement passe également par la territorialisation des politiques publiques. Trouver le bon équilibre et la bonne complémentarité entre déconcentration et décentralisation pour éviter de reproduire les rigidités du système où la centralité de la décision pèse sur la capacité des acteurs locaux à se prendre en charge, estime Larbi Jaïdi. Le membre de la Commission spéciale sur le NMD demande l'accélération du processus tout en clarifiant le rôle de l'autorité représentée par les walis et les gouverneurs. Un appel est également lancé pour l'activation des organes de gouvernance, dont le Conseil de la concurrence. «Il faut le réactiver et le doter de nouvelles compétences et de mécanismes de décision et de sanction», estime M. Jaïdi. Ces organes comptent également la Cour des comptes, l'Instance nationale de la probité, la prévention et la lutte contre la corruption ou encore le Conseil économique, social et environnemental. «Il est impossible de concevoir une réforme sans que ces institutions aient la possibilité de suivre la politique publique», souligne M. Jaïdi.

Responsabilisation du secteur privé

L'économie marocaine se construit sur la liberté d'action et d'entreprise qui doit être sécurisée, indique Larabi Jaïdi, ajoutant qu’il convient de conférer à cette liberté, en même temps, des normes à respecter, d’où la question de la loyauté des transactions auxquelles doit veiller le Conseil de la concurrence. «Cette libéralisation a donné lieu à des avancées extrêmement importantes en transférant au secteur privé la responsabilité de sa décision, mais parallèlement à cela, il faut mettre en place des garde-fous qui permettent à ce secteur privé de fonctionner dans une logique de concurrence loyale et transparente», a précisé M. Jaïdi. Par-dessus tout, M. CHami et M. Jaïdi tiennent à souligner que la mise en œuvre du NMD nécessite une appropriation de ce modèle par les acteurs (secteur public, secteur privé et tiers secteur). À défaut, le succès de sa mise en œuvre pourrait être compromis.

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Chakib Benmoussa : «Je suis souvent gêné par le débat gouvernement vs modèle»

Le président de la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement, Chakib Benmoussa, a déclaré qu'il était souvent gêné par le débat «gouvernement vs modèle». «On n’est pas dans la même gestion du temps», a-t-il répliqué, expliquant que derrière le modèle, il y a une «culture que nous essayons de diffuser, un état d'esprit, une démarche générale». M. Benmoussa, qui intervenait dans le cadre de la session 1 des cycles des conférences sur la mise en œuvre du NMD, organisé par le Policy Center for the New South, et revenant sur la question de la gestion du changement, a fait savoir que ce changement est principalement une question de gestion du temps et de rythme. Un rythme qui implique la mobilisation des acteurs, le leadership et le process déclencheur de la dynamique. Sur ce dernier point, M. Benmoussa a fait remarquer qu’«aujourd’hui on est dans un équilibre sous-optimal où certains acteurs font bien leur travail, mais leur imbrication avec d’autres acteurs ne permet pas de créer une dynamique prometteuse et nécessaire pour passer à un autre équilibre de haut niveau». Par ailleurs, le président de la Commission spéciale sur le NMD a indiqué que l’adoption du travail du rapport passe par deux mécanismes : le pacte national de développement et un mécanisme de suivi. S’agissant du pacte national du développement, M. Benmoussa a précisé que c’est un outil qui permet d’acter une vision commune, un horizon donné (même si c’est un horizon à moyen et long termes), et qui donne une force à un travail qui autrement est un travail d’une commission consultative. Quant au mécanisme de suivi, il a expliqué que celui-ci a été dicté par le fait que nous étions dans «le temps long» et que le monde change (et pas forcément dans les directions envisagées). Ce mécanisme va donc permettre un pilotage stratégique du changement à travers le temps, d’où l’Orientation Royale de la refonte du HCP pour porter ce mécanisme.


 

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