Les prévisions des scientifiques marocains sont inquiétantes. Le taux élevé de transmissibilité du variant Omicron qui a commencé sa propagation au Maroc va se confirmer dans les quelques jours à venir. Selon Pr Mustapaha Fahim, directeur de la plateforme génomique fonctionnelle du CNRST, le nombre de cas Omicron va doubler tous les 3 jours. C'est donc un effet exponentiel auquel il faut s’attendre et qui peut justifier un durcissement des mesures de restrictions. Bien que le Maroc ait anticipé certaines mesures sanitaires comme la fermeture des frontières, l’arrivée d’Omicron avec cette quasi-certitude de propagation rapide nous interpelle sur les décisions que prendront les autorités pour gérer cette période critique. Selon Pr Said Moutawakil, membre du comité scientifique et technique contre la Covid-19, «toute dégradation de la situation épidémiologique dans les jours qui viennent obligerait les autorités publiques à prendre de plus en plus de mesures restrictives». Le professeur en réanimation fait allusion à quelques éléments concrets de solution, notamment l'application stricte du pass vaccinal. «De même, on peut réorganiser le travail dans les administrations, réorganiser aussi le planning scolaire et les vacances scolaires du fait que ce variant touche autant les enfants que les adultes», note l’expert.
Il redoute même que ces mesures ne soient peut-être pas assez si la situation se dégrade. Il n’a pas manqué aussi de rappeler que «la situation épidémiologique actuelle au Maroc laisse présager que nous sommes en train d'entrer dans une nouvelle vague épidémiologique». L’urgence selon lui est donc de prendre toutes les précautions pour atténuer les conséquences potentielles de cette vague à travers le renforcement des niveaux de vaccination contre la Covid-19 et le respect des gestes barrières. «Cette situation appelle de la part des citoyens le respect des mesures barrières, l'engagement dans la campagne de vaccination pour les 1re et 2e doses pour les retardataires et surtout la troisième dose», insiste-t-il.
Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, partage le même avis, soulignant qu'il importe de renforcer encore plus les mesures restrictives au cas où la situation sanitaire se détériorerait. «D’autres mesures seront nécessaires pour réduire la mobilité des gens, les contacts, les rassemblements et les rencontres pour limiter la propagation du virus et du variant.» Toutefois, ajoute le chercheur en politiques et systèmes de santé, l’intensité et la durée des prochaines mesures sanitaires dépendront de l’évolution de la situation mais aussi du comportement des citoyens sachant que le Delta domine toujours. «Avant même que la situation sanitaire se dégrade et qu’Omicron se propage, il y a nécessité d’éviter le maximum possible les voyages et les rassemblements familiaux ou professionnels qui ne sont pas nécessaires», prévient Dr Hamdi avant d’appeler la population cible à compléter son schéma vaccinal et surtout à prendre la dose de rappel ou «booster». Parallèlement aux appels à prudence des experts scientifiques, les autorités locales ont procédé à la prise de mesures spéciales dans plusieurs villes pour prévenir tout éclatement de clusters qui menaceraient d’anéantir les efforts du pays pour gérer la situation. Ainsi, les autorités de Tanger ont instauré un horaire de fermeture des restaurants et cafés qui est entré en vigueur dès mardi dernier. Selon des sources, les cafés et restaurants fermeront désormais de minuit à 6h00 du matin, et ce jusqu’à nouvel ordre.
À Rabat, un lycée a fermé ses portes après la détection de plusieurs cas de Covid parmi les étudiants. Selon des sources, l’établissement a avisé les parents que les études se poursuivront à distance pour une durée de 15 jours. À rappeler également que le ministère avait annoncé une série de mesures pour la nuit du 31 décembre 2021 au 1er janvier 2022. Il s’agit de l’interdiction des festivités de fin d’année que ce soit dans les hôtels, les restaurants et les établissements touristiques. Ces mesures concernent également la fermeture des restaurants et des cafés à partir de 23 h ainsi que l’instauration d'un couvre-feu nocturne de 00h00 jusqu’à 6h00 du matin.