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Recrutement des enseignants et des cadres administratifs : les syndicats appellent à renoncer aux nouvelles conditions imposées par le ministère de tutelle

Trois des syndicats les plus représentatifs du secteur de l'enseignement déplorent les dernières décisions prises par le ministère de l’Éducation nationale, relatives aux modalités de recrutement des enseignants et des cadres administratifs. Ces décisions figureront d’ailleurs en bonne place dans l'ordre du jour de la prochaine réunion avec le ministre, prévue demain mardi 23 novembre, affirment les secrétaires généraux des trois organismes, à savoir le Syndicat national de l’enseignement, la Fédération nationale de l'éducation et Fédération autonome de l'éducation. Les trois entités appellent le ministère de tutelle à renoncer notamment aux nouvelles conditions imposées pour l'accès au concours de recrutement des enseignants.

Recrutement des enseignants et des cadres administratifs : les syndicats appellent à renoncer aux nouvelles conditions imposées par le ministère de tutelle

«Nous n'avons pas été informés de ces décisions», affirme de prime abord Abdelghani Erraki, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT). «Nous sommes en train de dialoguer avec le ministre, ce dont nous nous félicitons, étant donné qu'il s'agit du premier secteur à amorcer un dialogue avec les syndicats. Mais ces décisions prises unilatéralement nous ont pris de court, alors que nous espérions non seulement être informés, mais aussi être impliqués dans de telles mesures», a souligné au «Matin» M. Erraki. «Le ministère aurait dû soulever ce sujet lors de notre dernière réunion, d'autant plus que l'un des points essentiels de l'ordre du jour portait sur le statut fondamental des cadres des Académies régionales de l’éducation et de la formation», a-t-il ajouté.

Commentant la décision de fixer l'âge d'accès au concours de recrutement des enseignants et des cadres administratifs à un maximum de 30 ans, M. Erraki a indiqué que son syndicat rejette cette décision et appelle le ministère à y renoncer. «Il s'agit certainement d'un abus administratif. L'âge maximum pour accéder à la fonction publique est fixé à 45 ans et cette décision aura pour effet de laisser de côté un grand nombre de candidats qui comptent passer le concours», a-t-il expliqué, notant que la performance d'un candidat ne peut être mesurée par l'âge, mais par la compétence et le degré de maturité. Revenant sur un autre point, M. Erraki a déclaré que son syndicat s'oppose également à la disposition selon laquelle le candidat au concours ne doit pas entretenir un lien de travail avec le secteur privé ou un autre employeur. «Le ministère n'a pas à s'immiscer dans un contrat de travail passé entre deux parties», a-t-il dit, faisant remarquer que cette disposition sert les intérêts du lobby du secteur privé.

Pour sa part, le secrétaire général de la Fédération nationale de l'éducation (FNE), Abderrazak El Idrissi, a déclaré lui aussi que son syndicat n'avait pas été consulté sur ces décisions. Joint par «Le Matin», M. El Idrissi a fait savoir qu'ils (les syndicats) étaient en réunion avec les responsables du département des ressources humaines vendredi dernier et qu'ils n'ont eu connaissance du communiqué du ministère que par la voie de la presse. Déplorant le manque de concertation et de communication de la part du ministère, M. El Idrissi a souligné que ces décisions sont à rejeter tant sur la forme que sur le fond.

«D'abord parce qu'il s'agit de décisions unilatérales, et ensuite parce qu'elles ne tiennent pas compte du contexte social», a-t-il dit. «Ces décisions, notamment celle portant sur la fixation de l'âge d'accès au concours à 30 ans au maximum, sont de nature à aggraver la crise sociale», précise le syndicaliste, ajoutant que «bien que nous nous inscrivions dans cette logique d'attirer des compétences vers l'école publique et de rendre le métier d'enseignant plus attractif, cette disposition relative à l'âge est par contre illégale et va à l’encontre des lois régissant la fonction publique, lesquelles fixent l'âge d'accès à la fonction publique à 45 ans maximum, de même qu’au statut fondamental des cadres des Académies, qui situe l'âge d'accès aux concours entre 18 et 40 ans». «Avant de prendre de telles décisions, il faut réfléchir aux alternatives. Mais quelles alternatives le gouvernement entend-il offrir aux candidats âgés de plus de 30 ans ?» se demande le SG de la FNE. «Nous sommes d'accord pour dire que l'école publique ne doit pas être considérée comme un terrain d'absorption du chômage, mais elle demeure un secteur à fort besoin de recrutement et un grand nombre de ces recrutements peut émaner de postulants ayant plus de 30 ans». Revenant également sur la disposition relative à l'interdiction d'accès au concours aux candidats sous contrat avec le secteur privé, M. El Idrissi a déclaré que cette disposition est insensée et favorise plutôt le secteur privé.

Le syndicaliste a relevé à ce propos que de nombreux enseignants et directeurs d'écoles du secteur privé choisissent de passer le concours de recrutement des enseignants et des cadres administratifs pour s'affranchir des conditions précaires prévalant dans le secteur privé. Et de rappeler que le gouvernement avait conclu un partenariat avec le secteur privé pour former 10.000 enseignants. «Alors que le gouvernement a respecté son engagement, le secteur privé, en revanche, ne l'a pas fait et une bonne partie des candidats formés sont restés au chômage». Le secrétaire général de la Fédération autonome de l'éducation, affiliée à l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Youssef Allakouch, dit avoir été également surpris par le communiqué du ministère de l'Éducation nationale paru vendredi. «Nous n'avons pas été consultés et nous nous demandons sur quelle base ces décisions ont-elles été prises ?» a-t-il affirmé dans une déclaration au «Matin».

Sur la décision de fixer l'âge maximum d'accès au concours des enseignants et des cadres administratifs, M. Allakouch a dit que celle-ci ne repose sur aucune base, que ce soit au niveau du statut général de la fonction publique ou au niveau du statut fondamental des cadres des AREF, rappelant que l'ancien Chef du gouvernement, Saâd Dine El Otmani, avait usé de ses prérogatives pour porter cet âge à 50 ans. «Les conditions d'accès au concours d'enseignants font partie du statut fondamental sur lequel nous sommes actuellement en discussion avec le ministère, en plus d'autres points», a indiqué M. Allakouch, faisant savoir que la prochaine réunion sera une occasion pour aborder ces récentes décisions avec le ministre. Les trois syndicalistes ont été unanimes pour dire que ces décisions n'ont fait qu'ajouter des points à un ordre du jour de réunions avec le ministère déjà bien rempli. Cela aura certainement un impact sur le processus de dialogue et pèsera lourdement sur le temps scolaire, estiment-ils.

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La décision a pour objectif de répondre au besoin de «Qualité», souligne le ministère de l'Éducation nationale

     Youssef Belqasmi

Le ministère de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports semble convaincu du bien-fondé de sa nouvelle décision relative à l’organisation du concours de recrutement des enseignants et des cadres administratifs. Selon le secrétaire général du ministère, Youssef Belqasmi, cette décision a pour objectif de répondre à un besoin national dans le secteur de l’Enseignement et qui est celui de la «Qualité». Le responsable, qui intervenait sur la chaine nationale «2M», est revenu en détail sur les nouvelles spécificités de ce concours.Dans ce sens, M. Belqasmi a fait savoir que fixer un âge limite d’accès au concours d’enseignants n’est pas une spécificité marocaine ou relative seulement au secteur de l’éducation nationale. Des pays connus pour leurs systèmes éducatifs performants ont également adopté la même démarche, a-t-il relevé, en assurant que cette décision ne va pas à l’encontre des lois en vigueur. Le décret fixant l’âge maximal d’accès à la fonction publique à 45 ans ne s’applique pas à ce concours, rappelle le responsable, en soulignant que ces nouveaux enseignants seront des cadres des Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF). Insistant sur l’importance de la formation pour permettre à des cadres hautement qualifiés d’accéder aux métiers de l’enseignement, le secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale a insisté également sur la notion de «vocation». Seuls ceux qui ont la vocation peuvent réussir dans les métiers de l’enseignement a-t-il relevé, en soulignant que les nouvelles recrues seront interpellées sur leurs motivations et leur choix. Par ailleurs, le responsable a rappelé que les titulaires de licence dans les métiers d’éducation seront exemptés de la phase de pré-sélection. Cette démarche a pour objectif de promouvoir la qualité. Ces candidats auront reçu 3 années de formation à l’université, en plus des deux années de formation et de stage, ce qui permettra de renforcer leurs capacités professionnelles, a assuré le responsable.


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Les nouvelles conditions du ministère de l'Education nationale
Le concours de recrutement des enseignants et des cadres administratifs connaîtra cette année des innovations importantes, avait annoncé vendredi dernier le ministère de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports. «À l’occasion de la publication de l’avis d’organisation du concours de recrutement des enseignants et des cadres administratifs, des innovations importantes ont été introduites dans le cadre de la réforme pour une renaissance éducative», précisait le ministère dans un communiqué. Le concours de cette année s’inscrit donc dans la politique d’amélioration qualitative du système éducatif, initiée par la loi-cadre et érigée en tant que priorité par le nouveau modèle de développement et le programme gouvernemental, soulignait la même source, ajoutant que «cette orientation contribue à répondre aux attentes des Marocaines et des Marocains concernant l’école publique». Les nouveautés de cette année concernent, notamment, la mise en place d’une procédure de présélection au concours écrit, sur la base de critères objectifs et rigoureux, afin de renforcer la sélectivité du concours et l’attractivité des métiers de l’enseignement pour les meilleurs candidats, faisait-on savoir, expliquant que les critères pris en compte seront la mention obtenue au baccalauréat, celle de la licence et la durée pour l'obtention de cette dernière. Le concours sera également marqué par l’introduction d’une lettre de motivation exigée des candidats pour évaluer l’intérêt pour les métiers de l’éducation et favoriser ainsi les vocations, relèvait le communiqué, ajoutant que les titulaires de licence d’éducation seront exemptés de la phase de présélection et seront, donc, soumis directement au concours écrit, une disposition qui contribue à encourager les parcours de formation longs en 5 ans renforçant la professionnalisation du métier. L’âge maximum requis est fixé à 30 ans afin d’attirer des candidats jeunes dans la profession enseignante, dans l’objectif de s’assurer leur engagement durable pour l’école publique et d’investir dans la formation et le développement de leur parcours professionnel. Ces dispositions constituent une première étape dans le processus d’amélioration du recrutement et de l’attractivité des métiers de l’éducation, conclut le communiqué.

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L’USFP fustige une décision allant à l'encontre du principe de l'État social

Principale formation politique de l’opposition, l’Union socialiste des forces populaires (USFP) s’est ouvertement opposée à la décision du ministre de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports d’interdire l’accès aux concours de recrutement des enseignants aux personnes âgées de plus de 30 ans. Intervenant lors de la session du conseil national du parti, réuni samedi, le premier secrétaire général du parti, Driss Lachgar, a affirmé que cette décision va à l’encontre de la loi sur la fonction publique et contre le statut des fonctionnaires des Académies régionales de l’éducation et de la formation. «Ce genre d’actions traduit les orientations néolibérales du gouvernement qui sont en contradiction avec les notions de l'État social que l’Exécutif avait annoncé», a affirmé le responsable politique. Il a affirmé, dans ce sens, que des milliers de jeunes, notamment les lauréats des universités, seront victimes de discrimination et verront leurs chances d’accéder au monde du travail considérablement réduites.

Une décision anticonstitutionnelle selon le PSU

Le Parti socialiste unifié (PSU), représenté par une seule parlementaire à la Chambre des représentants, a été parmi les premières formations politiques à réagir à la décision gouvernementale. Dans un communiqué rendu public, le parti a affirmé son rejet catégorique de cette décision qu’il a jugée anticonstitutionnelle. Le parti dirigé par Nabila Mounib affirme que la démarche du gouvernement est un nouveau soutien direct et explicite à la privatisation de l’éducation nationale. Exigeant la fin du recrutement par contrat, le parti a demandé l’accélération de l’intégration des «enseignants contractuels» dans le régime de la fonction publique. Appelant tous les acteurs du secteur à la vigilance, le parti a alerté le mouvement syndical sur ce qu’il a appelé un projet visant à mettre fin à la notion de service public dans le secteur de l’éducation nationale et ainsi la fin de l’engagement de l’état pour un enseignement gratuit et de qualité pour toutes les franges de la société.


Une mesure discriminatoire selon la Jeunesse du PJD

L’Organisation de la jeunesse du Parti de la justice et du développement (PJD) a rejeté la mesure annoncée par le ministère de l’Éducation nationale en jugeant qu’elle est discriminatoire à l’égard de milliers de jeunes marocains titulaires de licence. «Cette mesure porte atteinte au principe de l'égalité des chances inscrit dans la Constitution marocaine», a souligné l’Organisation dans un communiqué. Appelant le ministère à reconsidérer sa position et retirer cette décision ainsi que toutes les autres mesures «discriminatoires» annoncées, le communiqué de la jeunesse du PJD insiste sur l’importance de l’organisation de concours transparents pour garantir l’égalité des chances. Par ailleurs, la jeunesse du PJD a appelé le gouvernement à s’intéresser à des questions plus importantes et fortement liées à la question de la qualité de l’enseignement. L’Organisation cite dans ce sens, notamment, le problème de la formation, de l’encombrement des classes et la situation matérielle et morale des enseignants.
 

Dossier réalisé par Oukerzaz Hicham et Ayoub Lahrech

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