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Rémi Bonhomme : Les films de Laïla Marrakchi, Asmae El Moudir et Youssef Michraf au palmarès des Ateliers de l’Atlas

La quatrième édition des Ateliers de l’Atlas, qui s’est déroulée du 22 au 25 novembre, annonce son palmarès dévoilant les films qui seront accompagnés par cette plateforme industrie du Festival international du film de Marrakech. Trois Marocains font partie des heureux gagnants, Asmae El Moudir (pour la post-production), aux côtés d’Erige Sehri, puis Laïla Marrakchi (pour l’aide au développement) avec Lemohang Jeremiah Mosese et Amin Sidi-Boumédiène. Quant à Youssef Michraf, il s’est vu attribuer le prix ARTE pour Sweet Disposition.

Rémi Bonhomme : Les films de Laïla Marrakchi, Asmae El Moudir  et Youssef Michraf au palmarès des Ateliers de l’Atlas

Le Matin : Est-ce que le fait de réaliser cette quatrième édition des Ateliers de l’Atlas en ligne n’a pas eu d’impact sur son déroulement dans de bonnes conditions, surtout sur le plan des échanges ?
Rémi Bonhomme
: Le cinéma est une affaire de rencontres humaines et il est évident que toute la profession attend avec impatience le retour d’événements en présentiel. En attendant que cela soit à nouveau possible, nous avons adapté le programme des Ateliers de l’Atlas au format digital afin de ne pas en subir les contraintes, mais au contraire de profiter des perspectives qu’il peut ouvrir. Le passage en ligne permet notamment d’étendre nos activités sur une durée plus longue, puisque nous ne sommes désormais plus limités par la présence physique de nos participants à Marrakech. Nous avons ainsi pu proposer deux fois plus de consultations par des scénaristes et des monteurs. Le format digital nous a également permis de mobiliser plus de professionnels internationaux pour rencontrer les cinéastes sélectionnés. Cette année, les Ateliers de l’Atlas ont ainsi organisé 350 rendez-vous entre les projets et des partenaires potentiels.

Quels sont les critères qui jouent un rôle important dans la sélection des films à accompagner ?
Pour cette quatrième édition des Ateliers de l’Atlas, 24 projets en développement et films en post-production ont été sélectionnés par un comité de sélection, parmi près de 250 candidatures reçues. Lorsque nous lisons un scénario ou regardons un film en cours de finition, nous cherchons à être surpris, que ce soit par le traitement d’un sujet ou l’affirmation d’un regard personnel. Nous devons également sentir l’urgence du ou de la cinéaste à réaliser ce film, car c’est ce désir impérieux de cinéma qui participe à convaincre des professionnels de s’engager sur le projet.

Les 64 projets et films que les Ateliers de l’Atlas ont accompagnés lors des trois précédentes éditions attirent-ils toujours l’attention de ceux qui les ont portés ?
Parmi les 64 projets accompagnés par les Ateliers de l’Atlas à ce jour, une quinzaine sont désormais terminés et ont eu de très beaux parcours. C’est notamment le cas de «Zanka Contact», premier long métrage d’Ismaël El Iraki, qui a été récompensé du prix d’interprétation au Festival de Venise en 2020. Le film «Feathers» d’Omar El Zohairy a également fait sensation cette année au Festival de Cannes, où il est le premier film arabe à avoir remporté le Grand Prix de la Semaine de la critique. Nous nous réjouissons aussi du magnifique parcours de «La Femme du fossoyeur» de Khadar Ahmed, lauréat de l’Étalon d’or du dernier Fespaco et premier film à représenter la Somalie aux Oscars. Parmi les films encore en cours de production, celui de Sofia Alaoui illustre bien le rôle de tremplin que peuvent jouer les Ateliers de l’Atlas pour une jeune cinéaste marocaine. Sa sélection aux ateliers l’an dernier, lui a permis de mobiliser très rapidement les financements nécessaires au tournage de ce premier long métrage très attendu après l’attente suscitée par son court métrage «Qu’importe si les bêtes meurent», récompensé d’un César en 2020.

Dans ce projet des Ateliers, on trouve, également, des films de cinéastes connus sur la scène qui bénéficient de soutien. Pourquoi accompagner ces cinéastes qui ont déjà un parcours assez riche dans le secteur au détriment de jeunes qui ont plus besoin d’être épaulés sur le plan professionnel et financier ?
Les Ateliers de l’Atlas accompagnent des cinéastes dans la préparation de leur premier, deuxième ou troisième long métrage, car s’il est long et difficile de produire un premier film, il est souvent tout aussi délicat de réaliser les suivants. Pour cette édition, nous avons ainsi sélectionné le nouveau projet de Laïla Marrakchi, qui s’inscrit dans une veine très différente de ses deux derniers films. Avec «Las Mas Dulce», Laïla souhaite réaliser un drame social sur les travailleuses saisonnières en Espagne, qui nécessitera un montage financier différent de ses dernières productions. Les Ateliers de l’Atlas lui ont ainsi permis de trouver de nouveaux partenaires et pistes de financement, notamment en Espagne où le film sera tourné.

Comment se fait, chaque année, le choix de ceux qui animent les tables rondes et les rencontres, est-ce en relation avec leur visibilité sur la scène ?
Certaines tables rondes font écho à l’actualité cinématographique, comme ce fut le cas de la conversation avec Nabil Ayouch, venu discuter son dernier film «Haut et fort» au moment de sa sortie en salle, ou de celle avec la comédienne Hend Sabry, désormais productrice d’une série qui sera prochainement diffusée sur Netflix. Mais ces moments d’échanges sont également l’occasion d’approfondir des sujets liés à la production ou la distribution sous la forme de partage d’expérience par des professionnels aguerris, qui ne sont pas connus du grand public, mais dont le travail est pourtant déterminant pour la vie 
des films.

Quel est votre point de vue sur le palmarès de cette édition ?
Nous pouvons tout d’abord nous réjouir de constater que la moitié des prix ont récompensé des cinéastes marocains, puisque nous retrouvons au palmarès les films de Laïla Marrakchi, Youssef Michraf et Asmae el Moudir. Cette présence illustre bien la créativité du jeune cinéma marocain, tout autant que l’intérêt qu’elle suscite auprès des professionnels du monde entier. Il est aussi enthousiasmant de noter que trois des six films primés sont portés par des réalisatrices. La présence croissante de femmes derrière la caméra participera à la diversité des regards que portent les cinémas arabes et africains sur notre monde contemporain.

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