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Trente-cinq millions de DH. C’est le montant qu’aura coûté la réhabilitation du passage souterrain Zevaco, sis place des Nations unies à Casablanca. Après plus de 5 ans de travaux, cet espace longtemps négligé, ayant subi les affres du temps et étant devenu dans un état de dégradation avancé, vient de faire peau neuve et sa réouverture au public n’est plus qu’une question de jours. En effet, les prémisses de son ouverture se sont révélées, lundi dernier, suite à la visite sur place d’une délégation composée d’une vingtaine de responsables de la métropole, parmi lesquels la présidente du Conseil de la ville, Nabila Rmili, le président du Conseil de la région de Casablanca-Settat, Abdellatif Maâzouz, ainsi que des membres des deux instances élues et des autorités locales.
«Les travaux de réhabilitation de cet espace ont été achevés et, à travers cette visite, nous souhaitions constater de visu la nature des travaux effectués et leur conformité avec le cahier des charges», a expliqué Nabila Rmili. Et d’ajouter : «La superficie occupée jadis par le passage Zevaco a été élargie avec l’ambition d’en faire un espace de loisirs et de culture, abritant également des kiosques et des commerces, de la restauration, etc.». De son côté, Abdellatif Maâzouz a indiqué que seules quelques petites finitions sont encore à faire avant l’ouverture officielle du passage, dont l’achèvement d’une passerelle pour les personnes en situation de handicap et, ultérieurement, la mise en place d’un ascenseur pour cette catégorie de citoyens.
«La fameuse coupole de la place des Nations unies est un espace, pour ne pas dire un monument, car elle est ancrée dans la mémoire des Casablancais et de tous les Marocains même, comme décor emblématique de Casablanca. Cet espace a connu un ensemble de modifications pour en faire, d’abord, un lieu de passage et de traversée en toute sécurité pour les piétons, et aussi un espace d’animation en plein cœur de la métropole», a-t-il souligné. Patrimoine imposant de la ville de Casablanca, le passage souterrain Zevaco et sa fameuse coupole a été au centre de plusieurs tentatives de réhabilitation, dont la dernière remonte à l’année 2005, mais qui n’ont jamais abouti. La suite était évidente.
Longtemps délaissé, le passage Zevaco a connu une détérioration telle qu’il est devenu un abri pour toutes sortes de délinquants, de SDF et de chiens errants. Une espèce de coupe-gorge en plein centre de la métropole. S’y aventurer, à n’importe quel moment de la journée, était devenu un acte à haut risque, alors que par le passé, ce lieu était un espace où l’on respirait la vie, avec sa fontaine et ses magasins, où les Bidaouis se rendaient en famille et que les Marocains originaires d’autres villes visitaient comme l’on visiterait un monument. Plus d’une décennie plus tard, le sort du passage Zevaco allait être scellé. En ce sens, les travaux de réhabilitation de cet espace emblématique ont été lancés en 2016. Le chantier entamé faisait suite à une convention signée entre la Société de développement local fraîchement créée à l’époque, Casablanca Patrimoine, et la société d’investissement «Al Ajial Holding».
L’accord en question portait sur la réhabilitation de ce qui est communément connu, chez les Bidaoui, par «Al-Kora Al-Ardia» (globe terrestre). Pour ce faire, un budget prévisionnel de l’ordre de 14 millions de DH avait été arrêté à l’époque. La réhabilitation du «globe terrestre casablancais» s’inscrivait dans le cadre d’une vision stratégique pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine historique régional, afin de préserver l’attractivité touristique et d’accompagner le développement de la métropole. Aujourd’hui, c’est chose faite. Pourvu que les Casablancais se l’approprient et veillent jalousement à la sauvegarde de cette œuvre signée avec maestria par Jean-François Zevaco.
Zevaco, l’artiste
Œuvre de Jean-François Zevaco, le passage souterrain sis place des Nations-Unies a été réalisé en 1975. Architecte français, Zevaco est né le 8 août 1916 à Casablanca, ville où il est mort en 2003. Jean-François Zevaco a fait ses études à l'École des beaux-arts de Paris, où il a obtenu son diplôme d'architecte en 1945. En 1947, il revient s'installer à Casablanca où l’esthétique moderne de la métropole, mais respectant les traditions du pays, allait marquer l'architecture marocaine. Peu après son installation, il conçoit à Casablanca plusieurs villas d'une grande originalité, dont la «Villa Suissa» (1975), bâtie dans le quartier Anfa, sublime avec sa modernité et son élégance. Par la suite, il a travaillé sur des bâtiments d’une plus grande ampleur : aérogare de Tit Mellil en 1951, sièges sociaux, tribunaux, groupes scolaires, etc., associant souvent les murs blancs et le béton brut, évoluant rapidement vers une architecture souvent qualifiée de brutaliste. Après 1960, Zevaco fait face, avec Élie Azagury, à la reconstruction de la ville d'Agadir, détruite par le tristement célèbre tremblement de terre. Utilisant largement le béton, il y réalise la poste centrale, la caserne des pompiers, des écoles, des villas, des logements de fonction, etc. En 1980, il reçoit, pour ses maisons à patios d'Agadir, le prix Aga Khan, qui distingue l'excellence en architecture dans les sociétés musulmanes.
