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Les réseaux sociaux, nouveau porte-voix de l’opposition ?

Les composantes de l’opposition peinent toujours à s’imposer au Parlement face à une majorité plus forte numériquement. C’est pourquoi nombre de formations partisanes investissent les réseaux sociaux et arrivent souvent à influencer de larges pans de l’opinion publique. C’est le cas notamment du PJD et de l’extrême gauche, souligne l’analyste politique David Goeury.

Les réseaux sociaux, nouveau porte-voix de l’opposition ?

Quelques semaines après la rentrée politique, les composantes de l’opposition mènent toujours la bataille en rangs dispersés au sein du Parlement, mais peinent à s’imposer face à une majorité plus forte numériquement. Avec à peine 100 sièges, l’opposition souffre d’autres facteurs fragilisants. Elle doit croiser le fer avec une majorité disposant de 270 sièges, mais aussi composer avec le groupe parlementaire Constitutionnel démocratique et social (23 sièges) qui a choisi le soutien «critique» du gouvernement.
Les divergences entre les partis de l’opposition ont été encore plus manifestes au moment de l’examen du projet de loi de Finances (PLF) 2022. En effet, malgré des positions qui se rejoignent, ces groupes et groupements parlementaires n’ont pas coordonné leurs actions au sein de la première Chambre. Autant d’éléments qui ont concouru à donner une opposition à l’allure faible et désorganisée.

En effet, le premier parti de l’opposition (si l’on se réfère au classement des dernières élections législatives du 8 septembre 2021), l’Union socialiste des forces populaires (USFP), est en phase de préparation de son congrès national. C’est le cas également du Parti du progrès et du socialisme (PPS) ainsi que du Parti de la justice et du développement (PJD). De même, au sein du Mouvement populaire (MP), des voix s’élèvent appelant à un renouvellement de la direction du parti. Mais il faut distinguer toutefois les modalités d’action des formations de l’opposition, à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement, comme le souligne l’analyste politique et géographe au laboratoire Médiations de Sorbonne Université, David Goeury. «Au sein des deux Chambres, l’opposition apparaît comme n’ayant pas de poids, même si des partis historiques comme l’USFP et le PPS ont accru leur nombre d’élus, notamment à la première Chambre du Parlement, et ont des groupes parlementaires pouvant peser davantage avec une dynamique positive… Mais il faut comprendre que l’opposition parlementaire ne prend pas une seule forme. L’autre manifestation de l’opposition se déroule par exemple sur les réseaux sociaux et l’espace public. À ce niveau, nous avons vu que le PJD et l’extrême gauche ont décidé de jouer une carte d’opposition beaucoup plus forte au sein de l’espace public», explique-t-il.

Selon lui, les formations de l’opposition vont travailler sur la conquête de l’électorat non pas à travers la tribune parlementaire, mais en jouant les relais entre une opinion de citoyens marocains urbains et des prises de position très radicales au sein du Parlement pour donner l’impression qu’elles seraient les relais des abstentionnistes qui ne se sont pas déplacés lors des dernières élections. «Elles seront l’expression d’une majorité silencieuse», estime-t-il.
Cependant, avance l’analyste politique, ces formations pourraient également être plus fortes après l’organisation de leurs congrès nationaux dans les prochains mois. En effet, ainsi que le souligne David Goeury, ces formations ont pour l’instant un problème de leadership et d’organisation structurée. «Donc, les prochains congrès seront déterminants et il peut y avoir une cohérence des forces de l’opposition, notamment au niveau de celles qui ont des accointances de gauche. Il peut y avoir une cohérence politique et l’émergence d’un projet d’une gauche marocaine clairement structurée, organisée dans une logique de front commun. Ce serait intéressant de voir le chemin que peut prendre le rapprochement des formations de l’opposition et la possibilité de jouer le rôle d’une force qui peut proposer une alternance politique», commente-t-il. 
Brahim Mokhliss

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