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Sahara marocain : la Ligue des États arabes inflige un énième camouflet au régime algérien

La Ligue arabe vient d'adresser une note à tous les organes et organisations sous sa bannière, recommandant l'adoption d'une carte unifiée lors de tous les événements qu'ils organisent, en joignant une carte des pays arabes incluant la carte complète du Maroc. Voilà encore un autre camouflet pour le régime algérien et sa diplomatie, totalement désemparés ces derniers temps au point de se couvrir de ridicule en évoquant inopportunément la question du Sahara marocain lors d’événements purement sportifs.

Sahara marocain : la Ligue des États arabes inflige un énième camouflet au régime algérien

L'année 2021 aura été pour le régime algérien celle de tous les «camouflets». Cette fois, le revers a été infligé au régime militaire d’Alger par la Ligue arabe. Une organisation qui ne s'est jamais exprimée pourtant sur la question du Sahara marocain pour des raisons que nous avons expliquées dans un précédent article.

Mais face aux agitations du régime algérien et de ses représentants et délégations, qui ne cessent d'exploiter le moindre événement pour soulever la question du Sahara marocain, la Ligue arabe se devait de réagir, et elle l'a fait ! En fait, lors d'un récent événement de l'Organisation de la femme arabe tenu au Caire, la délégation algérienne a protesté de manière virulente contre le déploiement de la carte complète du Maroc.

Une protestation intempestive sans rapport aucun avec l’ordre du jour et les objectifs de cet événement et qui rappelle l’intervention d’un certain Ramtane Lamamra (ministre algérien des Affaires étrangères) durant le débat général d’une réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés.

Celui-ci avait en effet abordé la question du Sahara alors qu’elle n’était ni inscrite à l’ordre du jour de la réunion, ni en liaison avec son thème. En réponse donc à ces agitations algériennes, la Ligue arabe, et pour en finir avec ces vains palabres, a décidé d'adopter une carte unifiée du monde arabe, avec une carte complète du Maroc, y compris ses provinces du Sud.

Cette note de la Ligue arabe représente également un message diplomatique en direction de ce même régime militaire qui était à la manœuvre pour introduire la question du Sahara à l'ordre du jour du prochain Sommet qui se tiendra en mars 2022 à Alger. Au sujet de ce sommet, M. Lamamra était euphorique lorsqu'il avait déclaré : «le prochain sommet arabe sera le sommet de la solidarité interarabe et du soutien à la cause palestinienne et au peuple sahraoui».

Ce même Lamamra va plus tard modérer son langage, certainement en raison des messages forts émanant des pays arabes à propos de ces manœuvres, pour ne citer que la Palestine et la Libye, dans une interview accordée à l'agence Sputnik.

Cette dernière disposition adoptée par la Ligue arabe, bien qu'elle ne porte que sur un aspect en apparence formel, comporte néanmoins une indication ferme qui atteste une inflexion de cette organisation panarabe (qui jusque-là ne s’était jamais exprimée sur la question du Sahara marocain) et une prise de position claire en faveur de la marocanité du Sahara.

Comment cela ne pourrait-il pas être le cas, quand on sait que les pivots de cette organisation avaient affiché des positions tranchées en octobre dernier en faveur de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud lors de la session annuelle du Comité des 24 de l'ONU.

Des prises de positions qui leur ont valu des attaques virulentes de la part de la presse algérienne adossée au régime, comme en témoignent des propos «attribués à des sources» relayés par la chaîne algérienne Ennahar, lesquels dénoncent «des sophismes qui restent dans le domaine de la pure rhétorique, émis par des pays responsables de la dislocation actuelle du monde arabe».

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Mustapha Sehimi : «L'Algérie aura à assumer le coût et les conséquences de l'irrespect de la recommandation arabe»

Le Matin : Quelle est votre lecture de cette note de la Ligue arabe et dans quel contexte intervient-elle ?
Mustapha Sehimi : Cette recommandation de la Ligue arabe sur l'adoption d'une carte unifiée des pays membres est évidemment un acte politique : il fait sens. Dans toutes les activités organisées par cette organisation régionale, il est donc demandé son respect tant par ses organes que par les nombreuses organisations spécialisées qui en relèvent. Juridiquement, il s'agit d'une note dont le contenu est, rappelons-le, une recommandation : elle n'est pas contraignante. C’est un acte qui a essentiellement une valeur politique. Elle fait connaître un point de vue et une ligne de conduite. Dans la pratique onusienne, le Conseil de sécurité prend des décisions, communément appelées résolutions, pour statuer et apporter une solution à un problème de maintien de la paix et de la sécurité internationale. Mais il a adopté également des recommandations.

C'est le cas précisément lorsque lui est soumise une question ne nécessitant pas d'action particulière d'un des organes des Nations unies. En l'espèce, l'on a affaire aujourd'hui à une évolution intéressante de la Ligue arabe. Le contexte d'abord est particulier : celui de la célébration de l'Accord d'Abraham, Maroc-États-Unis-Israël, du 22 décembre 2020, douze jours auparavant, avec la reconnaissance américaine de la marocanité des provinces sahariennes récupérées. L'impact de cette décision historique de Washington et sa validation par l'administration démocrate Biden traduisent bien les termes d'une nouvelle appréhension de la cause nationale par la majorité de la communauté internationale. Les «lignes bougent», elles ne peuvent que pousser des partenaires traditionnels du Maroc – je pense notamment aux 27 membres de l'Union européenne, à la Commission de Bruxelles ainsi qu'au Parlement européen – à lever certaines ambiguïtés actuelles et à y substituer des positions conséquentes de clarification. La Ligue arabe pouvait-elle ne pas prendre en compte ces éléments-là ? L'exigence de solidarité ne pouvait que pousser aujourd'hui dans ce sens, d'autant plus que le prétendue «Rasd» n'est pas membre de cette organisation régionale, pas plus d’ailleurs que de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).

Quelle sera, selon vous, la réaction de l’Algérie qui s’apprête à accueillir un sommet arabe ?
Effectivement, en mars prochain, il est prévu que l'Algérie accueille le sommet arabe. Il avait déjà été fixé pour le 30 mars 2020, mais il avait été reporté – ce sera en principe le 31e sommet. Une première question, tout d’abord : le contexte, tant dans le pays d'accueil, à savoir l'Algérie, que dans la région (Tunisie, Libye, pour ne pas parler des crises et des tensions au Moyen-Orient), permettra-t-il un tel rendez-vous de pas moins de 22 pays ? Autre question : si cet agenda est respecté, quelle sera la réaction de l'Algérie ? Elle persistera bien entendu dans son hostilité à l'endroit du Maroc en multipliant les «incidents» à propos d'une carte unifiée du Maroc, mais aussi par d'autres manœuvres... C'est à la Ligue arabe d'assumer ses responsabilités en l'occurrence et de faire respecter la recommandation qu'elle vient d'adopter. Ce n'est pas négociable. L'Algérie aura à assumer le coût et les conséquences de l'irrespect de cette recommandation.

Pensez-vous cette note préfigure une nouvelle attitude de la Ligue arabe plus ferme en faveur de l’intégrité territoriale ?
Cette question de l'intégrité territoriale des États membres de la Ligue arabe pèse de tout son poids, depuis des années, au Maghreb et dans le monde arabe. Elle est l'un des aspects les plus préoccupants de la stabilité et de la sécurité dans la région. En Libye, le risque d'éclatement est réel depuis la chute du régime Kaddafi en 2011 : des morcellements et des partitions grèvent fortement l'unité de ce pays et son intégrité territoriale. Ailleurs, le tableau est pratiquement de même facture : au Liban, en Syrie, en Irak, au Yemen... Le respect de l'intégrité territoriale ? C’est aussi de ne pas publier une carte géographique amputée du Maroc.

Or l'Algérie s'obstine dans cette voie depuis la Marche verte de 1975, elle se dépense également sans compter dans divers rendez-vous et fora régionaux ou autres. Elle viole la Charte de l'UMA, scellée dans le traité de Marrakech (17 février 1989), laquelle en son article 15 (al.1) prescrit aux cinq États membres de s'engager à ne pas «porter atteinte à la sécurité, à l'intégrité territoriale ou au système politique de l'un des États membres».

En remontant plus loin, avec la Charte des Nations unies de 1945, il faut également souligner les dispositions de l'article 2 (paragraphe 4), lesquelles font également référence à l'abstention des membres «de recourir à la menace ou à l'emploi de la force... contre l'intégrité territoriale» de tout État. Cela dit, le recadrage que vient de recommander la Ligue arabe ne peut qu'avoir des prolongements dans d'autres organisations régionales, en particulier l'UA. Il faudra bien que cette organisation continentale remette à l'ordre du jour sa «carte» du Maroc et s'inspire de la note de la Ligue arabe. L'année 2022 doit être celle d'une mobilisation dans ce sens. Pour l'UA, défendre l'intégrité territoriale de ses États membres, c'est conforter la stabilité et la sécurité dans le continent. Le Maroc est producteur et exportateur de paix, pas l'Algérie...

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Mohamed Saâd Alami, ancien ministre et ancien délégué permanent du Royaume auprès de la Ligue arabe

«La note de la Ligue arabe confirme que l’entité chimérique n’existe que dans l’imagination de ses créateurs»

Pour l’ancien ambassadeur du Maroc au Caire et ancien délégué permanent du Royaume auprès de la Ligue arabe, Mohamed Saâd Alami, la note adressée récemment par la Ligue arabe à tous les organes et organisations sous sa bannière, recommandant l’adoption d’une carte unifiée, comprenant la carte complète du Maroc, vient confirmer que «l’entité chimérique appelée rasd n’a d’existence que dans l’imagination de ses créateurs». «En adoptant cette carte unifiée incluant la carte complète du Maroc, la famille arabe, représentée par la Ligue arabe, tient à réaffirmer que cette entité fantomatique, dont les créateurs prétendent qu’elle est “une république arabe”, ne figure pas dans le concert des pays arabes», affirme au «Matin» M. Alami. Selon l’ancien diplomate, «cette mesure est une consécration des principes généraux qui ont guidé l’action de la Ligue arabe depuis sa création et dont tous les membres sont parfaitement connus». Et d’ajouter que «la carte complète du Maroc a toujours été en vigueur au sein de la Ligue arabe, et cette dernière note ne fait que corroborer officiellement ce fait». Si le régime algérien s’obstine à aller à l’encontre des directives de la Ligue arabe, M. Alami a la conviction que celle-ci n’hésitera pas à déplacer son Sommet ailleurs qu’à Alger. 

H.O.

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Abdelfattah El Fatihi, directeur du Centre stratégique sur le Sahara et l’Afrique

«C’est un rappel à l’ordre contre toute tentative d’instrumentaliser le prochain Sommet de la Ligue arabe pour véhiculer des thèses sécessionnistes»

La dernière note de la Ligue arabe adressée à tous les organes et organisations sous sa bannière, recommandant l’adoption d’une carte unifiée dans tous les événements qu’ils organisent, en joignant une carte des pays arabes incluant la carte complète du Maroc, est porteuse de messages clairs, indique Abdelfattah El Fatihi, directeur du Centre stratégique sur le Sahara et l’Afrique. «Soucieuse de la réussite du prochain sommet (prévu en mars 2022 à Alger), la Ligue arabe coupe court, par le biais de cette note, à toute tentative visant à imposer des agendas politiques en dehors du consensus arabe, notamment en ce qui concerne l’intégrité des pays arabes et l’unité de leurs territoires telle que reconnue historiquement», affirme au «Matin» M. El Fatihi. Cette note est un rappel à l’ordre au régime algérien et met en garde de manière anticipée contre certaines déclarations, à l’instar de celles émanant du président algérien qui avait prédit de «dégager une nouvelle et forte position arabe sur la question du Sahara (lors du prochain Sommet)», souligne le politologue. 
Instrumentaliser l’organisation du Sommet de la Ligue arabe pour véhiculer des thèses sécessionnistes est une entreprise que la Ligue arabe tient à prévenir, fait savoir M. El Fatihi qui voit que, pour cette organisation panarabe, «il n’est pas question de dépasser les lignes rouges et de faire échouer ce Sommet en dispersant le rang arabe».

Et le politologue d’ajouter que «cette note révèle que le régime algérien se trouve désormais isolé sur la scène arabe, et ce après avoir connu le même sort aux niveaux onusien (surtout après l’adoption de la résolution 2602 du Conseil de sécurité) et africain suite à l’échec de ses manœuvres au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine». «Cette note réaffirme également le consensus, manifesté par les États arabes, autour de l’intégrité territoriale du Royaume. Consensus auquel Alger ne peut que souscrire». 

H.O.

 

 

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