Les autorités marocaines ont décidé dimanche de suspendre tous les vols directs de passagers à destination du Maroc pour une durée de deux semaines à compter de lundi à 23h59. Quel sera l’impact économique de cette décision ? Pour l’économiste Mohammed Chiguer, il faut raisonner en termes de coûts/avantages. «Ces restrictions sont à considérer comme un confinement à l’échelle d’un pays vis-à-vis des autres. C’est mieux d’instaurer un confinement à l’intérieur du territoire. Certes, quelques secteurs comme le tourisme et le transport seront sérieusement impactés, mais les autres, comme l’industrie, continueront à tourner», déclare au «Matin» Chiguer. L’impact sera donc important sur ces deux secteurs et, par conséquent, sur la croissance économique du pays vu leur poids dans la structure du PIB.
Selon notre économiste, c’est l’une des raisons principales pour lesquelles le tourisme ne doit pas être le moteur de l’économie d’un pays. «Depuis les années 90, les économistes se sont accordés à dire que c’est l’industrie qui doit en être la locomotive. Nous avons pu le constater lors du confinement, le tourisme a souffert et il va continuer à souffrir avec cette suspension. Mais je dis bravo à la manière avec laquelle le gouvernement gère cette pandémie et à ses décisions, car il faut être intransigeant», poursuit Chiguer.
Mehdi Lahlou, économiste, ne voit pas, lui, du même œil cette décision bien qu’il désigne, lui aussi, le tourisme comme premier secteur à en subir les effets. «Globalement, il faut reconnaître que la politique de lutte contre la Covid-19 est bonne. Mais elle ne doit pas être ternie par des décisions brutales. Prenons le cas de la décision de suspension des vols vers et depuis la France, elle a d’abord été annoncée au dernier moment, puis sa date d’effet a été modifiée 30 minutes après. Or, des décisions comme celle-ci ne se prennent pas à la légère et doivent être le fruit d’une discussion», nous explique cet économiste. Idem pour la décision de suspendre tous les vols à destination du Royaume. «Il fallait laisser le temps à ceux qui se trouvent à l’étranger de rentrer au pays», poursuit Lahlou. Qu’en est-il de l’impact économique de cette décision ?
«D’abord, le tourisme, qui commençait tout juste à se redresser, subit de nouveau un coup d’arrêt immédiat et un retour à la situation d’avril 2020. Les effectifs de ce secteur vont de nouveau souffrir. Ensuite, dans l’industrie, ce genre de décisions peut impacter la confiance des investisseurs», explique Lahlou, dans la mesure où des décisions brutales avec effet immédiat impactent l’acte d’investir. Enfin, «cette décision a été prise pour protéger les Marocains. Et ceux de l’étranger en font partie. À ce titre, ils ont démontré une très grande solidarité lors de la pandémie à travers leurs transferts qui ont considérablement augmenté. Cette décision n’est malheureusement pas la bonne manière de les remercier», estime Lahlou.
Rappelons que la décision de suspendre les vols à destination du Maroc intervient en raison de la propagation rapide du nouveau variant de la Covid-19 Omicron en Europe et en Afrique. L’objectif est de «préserver les acquis réalisés par le Maroc dans la lutte contre la pandémie et protéger la santé des citoyens», indique le communiqué du Comité interministériel de suivi de la pandémie (www.lematin.ma).