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Système Bachelor : Le Conseil supérieur de l'éducation met en cause la pertinence du projet

C’est un véritable réquisitoire contre le système Bachelor que vient de livrer le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique. En réponse à une saisine du Chef du gouvernement, il a livré un avis sur le projet de décret n°2-21-125 modifiant et complétant le décret n°2-04-89 fixant la vocation des établissements universitaires, les cycles des études supérieures ainsi que les diplômes nationaux correspondants. La réponse du CSEFRS formule un ensemble d’observations et de recommandations plutôt acerbes à l’égard de ce système, allant jusqu’à mettre en cause sa pertinence et sa finalité.

Système Bachelor : Le Conseil supérieur de l'éducation met en cause la pertinence du projet

Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) vient de livrer son avis sur le projet de décret n°2-21-125 modifiant et complétant le décret n°2-04-89 fixant la vocation des établissements universitaires, les cycles des études supérieures ainsi que les diplômes nationaux correspondants. Cet avis, élaboré en réponse à la saisine du Chef du gouvernement adressée à l’instance en septembre dernier, formule un ensemble d’observations et de recommandations portant uniquement sur le système Bachelor.

En effet, le Conseil a décidé de limiter son avis aux dispositions encadrant le Bachelor qui devra, à terme, remplacer le système LMD actuellement en vigueur dans les établissements d’enseignement supérieur à accès ouvert. L’examen du projet de décret a ainsi donné lieu à nombre d’observations et d’interrogations sur les objectifs visés par le nouveau système ainsi que sur les motifs justifiant sa mise en place, notamment les arguments scientifiques et pédagogiques plaidant en faveur du changement de la durée de formation.

Le Conseil a également soulevé des questions sur l’efficacité de cette réforme dans le contexte universitaire marocain actuel, notamment en l'absence des conditions organisationnelles, financières et managériales à même de soutenir sa mise en œuvre. «Vu que le projet de décret n’a pas été accompagné d’une note de présentation expliquant les fondements et les choix stratégiques sur lesquels reposent les changements qui vont être apportés au système pédagogique, et précisant les objectifs envisagés à travers l’adoption de ce nouveau cycle ainsi que les mesures soutenant sa mise en œuvre au sein des établissements universitaires à accès ouvert et les conditions de son succès, un certain nombre d’interrogations et de remarques subsistent», indique le Conseil. L’instance consultative estime que la finalité de ce changement n’est pas claire. «Le nouveau système vise-t-il à surmonter les difficultés liées aux problématiques de qualité et de déperdition universitaire qui marquent le système à accès ouvert ? Ou est-il destiné à remplacer le système pédagogique adopté par le Maroc en 2004 par le système «anglo-saxon» en vigueur dans de nombreux pays ?» s’interroge le CSEFRS.

«Si l'objectif est de s'affranchir des contraintes du système ouvert, pourquoi le projet de décret (article 12) prévoit-il la création d'un cycle Bachelor dans des établissements à accès limité qui ne souffrent pourtant pas des problèmes liés à la qualité et la déperdition universitaire ?» poursuit-il. Il observe également que le projet de décret ne précise pas non plus si le Bachelor va remplacer totalement le système LMD, laissant entendre qu’il s’agit d’un cycle supplémentaire qui viendra s’ajouter au système actuel. Une cohabitation qui présente, selon lui, un ensemble de difficultés d'ordre organisationnel et managérial. «Les précédentes expériences nationales (licence appliquée et licence professionnelle) ont démontré l'inefficacité d'un ‘’système parallèle’’ qui accueille un nombre limité d'étudiants et qui nécessite des moyens matériels et humains importants, souvent mobilisés au détriment des filières qui attirent un grand nombre d'étudiants dans le même établissement», relève le CESFRS.

À cela s’ajouteront d’autres difficultés liées notamment à la gestion des passerelles entre les deux cycles et à la comptabilisation des crédits de capitalisation. Ces difficultés, ajoute-t-on, seront encore plus grandes en l'absence d'un système d'information dédié. Par ailleurs, le texte ne précise pas comment seront surmontées les difficultés liées à l’insuffisance de l’encadrement pédagogique et à l’enseignement en petits groupes, comme l'exigent les modules des langues et des compétences de vie. Il ne comporte pas non plus des données estimatives sur le coût d’une année supplémentaire, en termes de ressources humaines et financières, fait remarquer le Conseil. Celui-ci pointe également les complications que peut présenter la gestion des sessions de formation prévues durant la saison estivale, et ce en l’absence de règles déterminant leur durée, le nombre et le type des modules enseignés ainsi que l’organisation des évaluations et des délibérations.
 

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