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Tourisme : l’ODT s'alarme du bilan 2021 et réclame un fonds de soutien dédié

Face à la récession que vit le secteur du tourisme, un rapport de l’Organisation démocratique du transport touristique au Maroc et de l’Organisation démocratique des restaurants et cafés, deux syndicats affiliés à l’Organisation démocratique du travail (ODT), propose une série d’actions et de mesures concrètes : un dialogue social institutionnel, des assises nationales sur le tourisme ainsi qu’un fonds spécial dédié permettraient selon les deux organisations d'entrevoir le bout du tunnel.

Tourisme : l’ODT s'alarme du bilan 2021 et réclame un fonds de soutien dédié

En récession marquée, le tourisme national n'en finit pas de broyer du noir. Les professionnels du secteur, qui se préparent à entamer une nouvelle année sous le signe du pessimisme et du désarroi, placent tous leurs espoirs dans un appui du gouvernement. Alors que les pertes s’accumulent, ils n’ont eu d’autres recours que de multiplier les appels à l’aide, sollicitant des actions urgentes et immédiates pour sauver le secteur de l’agonie. Un rapport de l’Organisation démocratique du transport touristique au Maroc et de l’Organisation démocratique des restaurants et cafés, deux syndicats affiliés à l’Organisation démocratique du travail (ODT), a indiqué que les difficultés du tourisme national dues à la pandémie de la Covid-19 ont entraîné des pertes estimées à plus de 24 milliards de dirhams en 2020 (environ 4 milliards de dollars), alors que les principaux indicateurs de l'activité touristique ont enregistré un fléchissement de près de 70%.

Le rapport a également pointé les impacts de la suspension des vols internationaux vers le Maroc qui a eu pour conséquences la fermeture de plusieurs établissements hôteliers à Marrakech, Agadir, Fès et Casablanca, ainsi que la faillite de nombreux clubs, restaurants et transporteurs touristiques. De ce fait, poursuit le rapport, 30% des professionnels ont déclaré faillite et près de 600 d’entre eux sont actuellement poursuivis en justice pour défaut de remboursement des crédits bancaires, alors qu’une perte d’emplois allant de 50 à 100% a été enregistrée au niveau des différentes activités du secteur. Des pertes amenées à se creuser avec le spectre des licenciements massifs qui plane toujours sur les employés du secteur dans ce contexte de crise. Les transporteurs touristiques, eux, sont menacés de voir 35% de leurs véhicules saisis, une menace que nombre d’entre eux vivent déjà comme une réalité. Soulignant l’importance de ce secteur en tant que poids lourd de l’économie nationale, les deux représentations syndicales ont rappelé que l’industrie touristique contribue à plus de 7% au produit intérieur brut.

Le tourisme est également l’un des plus grands pourvoyeurs de devises au Royaume à côté des transferts des Marocains résidant à l'étranger, signalent-ils, ajoutant que les chiffres de 2019 indiquent que le Maroc a reçu pas moins de 13 millions de touristes étrangers, alors que le nombre des nuitées enregistrées dans les établissements d'hébergement classés a atteint 25,2 millions. Les recettes générées par les non-résidents ayant séjourné au Maroc, hors transport international, se sont situées en 2019 à environ 78,6 milliards de dirhams (plus de 8 milliards de dollars), relèvent-ils en se référant aux statistiques du ministère du tutelle, lesquelles indiquent également que l’activité a contribué à la création de plus de 500.000 emplois directs la même année, soit l'équivalent de 5% du taux d'emploi global dans les secteurs économiques.

Des assises nationales et un fonds spécial en tête des doléances

Après avoir dressé un tableau noir de la situation du tourisme national, les deux syndicats ODT appellent le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch à se pencher sur le dossier et de considérer les préoccupations légitimes des différentes composantes du secteur, notamment les hôteliers, les transporteurs touristiques, les restaurateurs touristiques, les cafetiers, les voyagistes, les guides touristiques, les loueurs de voitures et les artisans... qui, disent-ils, traversent une phase critique. Dans un communiqué rendu public mardi, les jeunes syndicats ont réclamé une série d’actions et de mesures censées aider les professionnels à surmonter la crise, à commencer par un dialogue social institutionnel et la tenue d’assises nationales sur le tourisme avec la participation et l’implication de l’ensemble des professionnels et des partenaires sociaux et économiques.

L’objectif, expliquent-ils, est de remodeler en profondeur le système touristique national afin qu'il puisse surmonter les répercussions négatives de la pandémie et préserver les flux touristiques vers notre pays. À cet égard, un diagnostic s’impose pour dresser l’état des lieux et recueillir les données statistiques nécessaires afin de pouvoir analyser la situation du tourisme marocain sur les 10 dernières années. Une période durant laquelle le secteur a connu de nombreux dysfonctionnements structurels et de grandes difficultés, affirment-ils.

Ce diagnostic sera un préalable à la mise en place d’une stratégie nationale et régionale, mais aussi de plans alternatifs visant à surmonter la crise. Les syndicats souhaitent par ailleurs la mise en place d’un fonds spécial pour le tourisme, dédié à soutenir le développement du secteur et à l’assurer contre les risques et les effets des crises et des catastrophes, en tenant compte de leur impact sur les catégories les plus touchées. Les syndicats plaident aussi pour l’élaboration d’une feuille de route dotée d’une vision proactive et prospective dans le cadre du nouveau modèle de développement, visant à développer l'industrie touristique nationale en coordination avec les professionnels. Une industrie résiliente et inclusive, centrée sur l'environnement, l’humain et la technologie.

La liste des doléances, 10 au total, comprend aussi un appel à la mise à jour de la stratégie nationale du tourisme, mais aussi à une ouverture sur les expériences régionales et internationales. À cela s’ajoutent des réclamations portant sur le soutien financier des employés ainsi que sur des exonérations fiscales et des moratoires fiscaux, sociaux et bancaires en faveur des opérateurs du secteur qui se prolongeraient jusqu'à la levée totale de l'état d'urgence sanitaire. Ceci outre la révision du cahier des charges relatif à l'exercice de l'activité de transport touristique pour l’adapter aux conditions des petites et moyennes entreprises ainsi que la suspension de l'arrêté ministériel n° 3975.19 publié le 6 juillet 2020 par le ministère du Transport et de la logistique, en raison de ses dispositions qui, selon eux, ne servent pas les intérêts des professionnels de l’activité. Pour rappel, cet arrêté définit les caractéristiques et les conditions de l’équipement des véhicules destinés au transport touristique.

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