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Climat: Le transport aérien européen accusé de double langage

Climat: Le transport aérien européen accusé de double langage
Ph : DR

Engagements publics en faveur de la neutralité carbone d'un côté, mais des plaidoyers auprès des institutions pour des contraintes moins strictes de l'autre: une ONG accuse jeudi les acteurs européens du transport aérien de double langage, à l'approche d'échéances réglementaires.

Ryanair, Air France-KLM, Lufthansa, la maison mère de British Airways et Iberia (IAG), mais aussi les associations Iata, Airlines for Europe, et le constructeur Airbus : la plupart des grands noms du secteur sont cités dans un rapport de cette ONG, InfluenceMap. Celle-ci, qui dit s'appuyer sur des dizaines de documents inédits, décrit «des campagnes de lobbying systématiques» contre un durcissement des règles européennes sur les émissions, dans le contexte de la crise historique que traverse le secteur.

 

«Les plus importantes compagnies aériennes d'Europe, qui ont reçu au total 30 milliards d'euros de soutien des contribuables pendant l'épidémie de Covid-19, figurent parmi les adversaires les plus significatifs d'une politique climatique ambitieuse» de l'UE, affirme InfluenceMap.

La profession de foi de l'ONG est de chercher à évaluer «comment les entreprises influencent les politiques publiques destinées à lutter contre le changement climatique».

Les entreprises du secteur aérien européen, selon elle, «prennent prétexte de la pandémie pour saper les engagements climatiques», en plaidant contre de nouvelles taxes, dont une sur le kérosène jusqu'ici non taxé.

InfluenceMap assure aussi que «KLM et Lufthansa, en privé, argumentent auprès de responsables de la Commission européenne contre une réglementation contraignante sur une part de carburant d'aviation durable (SAF, de source non-fossile, NDLR), quelques mois seulement après avoir publiquement déclaré leur soutien à une telle mesure».

Enfin, selon l'ONG, le secteur «mène campagne afin d'affaiblir le marché européen du carbone (ETS) sur l'aviation et les remplacer par le système de compensation mondial des émissions de CO2 Corsia», qu'elle qualifie d'inefficace.

Airlines for Europe (A4E), l'association des compagnies du Vieux continent, a rejeté les mises en cause de l'ONG, les jugeant «incorrectes sur le plan des faits» et estimant que le rapport «ne reflète pas les actions collectives et les investissements des compagnies aériennes européennes pour lutter contre le changement climatique».

Celles-ci «se sont engagées à accélérer (leurs) réductions de CO2 pour parvenir à une neutralité d'ici à 2050», a rappelé A4E dans une déclaration transmise à l'AFP, en reconnaissant l'efficacité de l'ETS «à court terme», tandis que selon elle des «technologies de rupture» permettront de réduire davantage l'empreinte du secteur à l'avenir.

Les compagnies ont à ce titre exhorté «les gouvernements à investir toutes les recettes de l'ETS pour l'aviation dans le développement de technologies de décarbonations».

Ce rapport est diffusé à quelques semaines de la publication attendue par la Commission européenne de ses propositions détaillées de mesures destinées à mettre en musique l'ambitieux «Pacte Vert» dévoilé au printemps 2020, et qui vise notamment à faire de l'Europe un continent neutre en carbone d'ici à 2050.

Les Etats-membres restent en particulier divisés sur la réforme attendue des ETS. Ils semblent en revanche plus ouverts à l'idée de taxer le kérosène. Et selon des informations ayant filtré, les niveaux obligatoires d'incorporation de SAF seraient de 2% en 2025 puis 5% en 2030, pour commencer.

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