Le retrait de la candidature de la Libye pour siéger au sein du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine balise le chemin pour le Maroc pour y siéger. Commentant cette décision, Cherkaoui Roudani, professeur universitaire et spécialiste en géostratégie, estime que «le rôle que joue le Royaume dans la paix et la sécurité dans le continent est primordial. La décision libyenne en dit long sur l’importance de la diplomatie marocaine à l’échelle internationale ainsi que sa force pour réduire au silence les armes dans le continent. Les bons offices de Rabat au Mali, en Gambie ainsi que dans d’autres pays du continent, à l’image de la crise de la région Mano, ont contribué à promouvoir la paix, l’entente et le bon voisinage dans des régions sensibles».
L’ambition du Maroc de siéger au sein du Conseil de paix et de sécurité est sous-tendue par sa volonté de procéder à une réforme de ce Conseil. Cette réforme constitue un préalable, avait assuré le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, à la réforme de la Commission des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité. Le tout dans le cadre d’un projet de réforme globale de l’UA.
«S’il est certain que la Commission de la paix et la sécurité occupe une place importante dans l’architecture de système de défense et de sécurité au sein de l’Union africaine, l’amorçage d’une réforme globale de cette institution devient une urgence pour dépasser un syncrétisme ancré depuis longtemps», souligne le spécialiste en géostratégie, Cherkaoui Roudani. Selon lui, les enjeux stratégiques de la paix et de la sécurité sont trop importants pour cette institution incapable d’appréhender la complexité croissante des conflits sur le continent.«La gestion des crises et des conflits dans le continent africain devra à l’évidence connaître une évolution dans la perception avec un cadre spécifique qui guiderait les efforts responsables des États. Dans la situation actuelle, la Commission des Affaires politiques de l’UA reste un syndicat avec un niveau de réactivité qui ne correspond pas aux attentes de plusieurs pays et de la population africaine. De ce fait, on observe que depuis l’adoption de la Politique de reconstruction et de développement post-conflit par la Conférence de l’Union africaine en 2006 ainsi que l’adoption du cadre stratégique d’orientation de l’UA sur la Réforme de secteur de la sécurité, plusieurs recommandations formulées n’ont pas été intégrées. Dans ce sens, la prévention et la résolution des conflits sont victimes des agendas politiques concurrents», regrette-t-il.
Pour toutes ces raisons, Hassan Saoud voit d’un bon œil la décision de la Libye de retirer sa candidature pour siéger au Conseil de paix et de sécurité pour le mandat 2022-2025 en faveur du Maroc et de soutenir la candidature marocaine. Il estime qu’il est temps que le Maroc, en tant que puissance régionale et en tant qu’acteur essentiel en Afrique, agisse pour mettre fin aux menées de l’Algérie et de ses alliés. «Après le retrait de la candidature de la Libye, la voie est ainsi balisée par le Maroc afin d’être le candidat pour siéger au nom de l’Afrique du Nord au Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Il est important qu’il y siège. Il est à rappeler, dans ce sens, que le Maroc a contribué au rapport de la réforme de l’Union africaine (le rapport Kagame). Parmi les recommandations figure l’appel à la limitation des mandats, la rotation…», rappelle-t-il. Hassan Saoud considère ainsi que le CPS ne doit plus servir de tribune aux ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc et aux chantres du séparatisme. «Le CPS a toujours été utilisé par les Algériens et leurs acolytes, il faut donc contrecarrer ces agissements pour que cet organe remplisse sa véritable mission, celle consistant à promouvoir la paix et la stabilité», conclut-il.