Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Cette période, tant attendue par les opérateurs touristiques, ne se passera finalement pas comme prévu. Alors qu’ils espéraient en profiter pour booster leurs activités, l’apparition du variant Omicron dans le monde suivi par la décision de la suspension des vols directs de passagers en provenance et à destination du Maroc, a tout changé. C’est, en effet, une véritable douche froide à laquelle ont eu droit les patrons des hôtels en cette période de fin d’année. Si certains hôtels ont déjà commencé à annoncer leurs programmes pour les fêtes de fin d’année afin de séduire les touristes nationaux, la majorité préfère encore attendre. «Face au manque de communication des autorités, la plupart des hôtels préfèrent attendre. Ils ne peuvent pas appeler les artistes ni passer des commandes pour la préparation des dîners de gala alors que tout peut être annulé à n‘importe quel moment», confie au «Matin» une source du Conseil régional du tourisme de Marrakech. «On ne peut pas compter sur les touristes étrangers durant cette période puisque la fermeture des frontières a été prolongée jusqu’à la fin de l’année. On sait aussi que les événements culturels ont été annulés. De nouvelles mesures restrictives peuvent être annoncées à tout moment et tout le monde le sait. Ceci n’encourage pas les touristes marocains à faire des réservations dans les hôtels pour cette période et les incite plutôt à recourir à l’informel comme la location des villas pour faire la fête», ajoute notre source.
Les hôtels à Marrakech broient du noir
La ville de Marrakech a toujours été la destination phare pour célébrer le réveillon. Les hôtels se surpassent chaque année pour assurer à leur clientèle un moment magique. Mais ce ne sera pas le cas pour cette fin de 2021. Les opérateurs touristiques de la ville, en pleine crise depuis deux ans, broient du noir. «Marrakech est connue, entre autres, pour sa night life (restaurants, boîtes de nuit…) et les touristes locaux ou étrangers soient-ils, viennent y faire la fête. Actuellement, les boîtes de nuit sont fermées et les restaurants ferment à 2 h du matin. Si à l’avenir, il y a maintien de la fermeture de l’espace aérien et exigence de couvre-feu à 22 h comme l’année dernière, pourquoi les touristes se déplaceront-ils jusqu’à Marrakech, pour au final se retrouver enfermés dans leurs chambres à une telle heure ?», déclare Amine Zghaoui, directeur commercial et marketing de la chaîne Magic Hotels & Resorts. «Nous sommes dans le flou total ! Contrairement aux autres pays, aucune annonce concernant le déroulement de la période des fêtes n’a été communiquée jusqu’à ce jour. En France, en l’occurrence, le Premier ministre a annoncé les restrictions relatives à la période des fêtes le 6 décembre dernier, ce qui donne une vision anticipée. Pour notre cas, en l’absence de toute visibilité et face à un remplissage quasi nul, nous avons revu considérablement nos prix à la baisse afin d’encourager les réservations», souligne-t-il.
Le manque de communication bloque les préparatifs
Notre interlocuteur affirme, par ailleurs, que dans une situation normale, notamment avant la Covid-19, les préparatifs des fêtes de fin d’année commencent à partir de la deuxième semaine de novembre. «Aujourd’hui, nous ignorons si nous devrions entamer ou, au contraire, patienter de crainte que l’on nous annule tout à la dernière minute, à l’image de l’année dernière. Couvre-feu en vue, nous ne pouvons rien programmer à l’avance», déplore-t-il. «À ce jour, le nombre de réservations des touristes locaux pour la période des fêtes est quasi nul. Nous sommes perdus. Le manque de communication claire de la part du gouvernement nous pousse à attendre, tout comme les clients, les prochaines mises à jour pour savoir s’il y aurait un couvre-feu ou d’autres restrictions. Actuellement, nous sommes en train d’étudier la possibilité de fermer un de nos hôtels. Notre secteur bat de l’aile et les chiffres sont pires que ceux de l’année dernière», indique Amine Zghaoui.
Ce dernier nous rappelle aussi les 3 plus grandes compagnies aériennes low cost ont déjà annulé leurs vols en direction du Maroc jusqu’en février 2022. «Les tour-opérateurs étrangers n’attendront plus à ce que l’on rouvre et ont déjà redirigé leurs clients vers d’autres destinations moins restrictives telles que l’Égypte. Ces derniers ne font plus confiance à la destination Maroc vu les fermetures répétitives à l’improviste et les pertes d’argent colossales en raison des annulations et du rapatriement», affirme Zghaoui. Même son de cloche chez Abdelali Chaoui, directeur général l’Éden andalou à Marrakech. Ce dernier dit que la fermeture des frontières et l’annulation des vols à destination du Maroc des grandes compagnies aériennes ont porté le coup de grâce aux hôteliers de la ville. «Nous serions très heureux si nous réussissons à avoir un taux d’occupation de 50% durant la période de fin d’année. Mais les indicateurs actuels montrent que nous sommes encore loin de cet objectif. Même si nous faisons l’effort de baisser nos prix alors que nous sommes en pleine crise, nous savons que le pouvoir d’achat des familles marocaines est limité. Ces dernières ne dépassent pas en moyenne deux ou trois nuitées», souligne-t-il. «Le secteur vit une crise sans précédent depuis deux ans. Cela aura malheureusement un impact négatif sur la qualité de nos services et nos locaux, ce qui risque de porter un coup fatal au tourisme national», ajoute Chaoui.
Les réservations sont au plus bas même à Ifrane pour le moment
Durant cette période de fin d’année qui coïncide avec les vacances scolaires, la région de Fès et plus précisément la ville d’Ifrane connait habituellement une forte affluence. Sera-t-il également le cas cette année ? «Tous les professionnels de la région sont mobilisés pour réussir cette phase de reprise. Vigilance et agilité sont de mise. Ainsi, le respect des mesures sanitaires est de rigueur afin de préserver les acquis du Maroc en matière de lutte contre la pandémie de la Covid-19 et accueillir la clientèle des vacances scolaires dans la sérénité. À Fès, comme à Ifrane, et partout dans les différentes destinations de la région, les opérateurs se mobilisent pour recevoir la clientèle nationale selon les normes sanitaires en vigueur», affirme au «Matin» Aziz Lebbar, président du Conseil régional du tourisme de Fès. Ce dernier recommande, en outre, aux professionnels de proposer des prestations de qualité à des tarifs préférentiels. «Signalons que tout l'intérêt est porté sur le marché national qui constitue désormais l'essentiel de l'activité d'autant que les frontières resteront fermées jusqu'à fin décembre. Étant donné que la situation sanitaire est maîtrisée. Nous pouvons nous attendre à des jours meilleurs très prochainement. D'ici là, les réservations pour les fêtes de fin d'année restent timides. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que les établissements opérationnels ne feront pas le plein. Le taux d'occupation n'atteindra même pas les 30%. Mais, nous préférons rester optimistes pour l'avenir», souligne Lebbar.
Par ailleurs, le président du Conseil régional du tourisme ne pense pas que de nouvelles mesures restrictives peuvent avoir un impact sur le secteur, étant donné les réservations sont au plus bas, et que le tourisme est déjà en crise. «Cette pandémie ne cesse de surprendre au niveau international. Les professionnels du tourisme sont impactés par cette crise depuis bientôt 2 ans et les gouvernements sont conscients de l'intérêt de préserver les emplois pour assurer la stabilité sociale. Le Maroc ne déroge pas à la règle. Notre gouvernement a pris des mesures d'appui en faveur de notre secteur. Des mesures à maintenir jusqu'à ce que la relance soit actée. En attendant, il faut rester agile et respecter les consignes des autorités», affirme-t-il.