L'émergence du variant Omicron, détecté pour la première fois en Afrique du Sud, rappelle l'urgence d'une vaccination à l'échelle mondiale, seule à même de permettre une couverture immunitaire globale permettant de contrôler l'épidémie.
La trop faible vaccination d'une partie de la planète est-elle la cause de l'émergence de nouveaux variants, potentiellement plus dangereux que l'hégémonique Delta? Les vaccins sont-ils l'arme fatale pour en finir un jour avec cette pandémie aux multiples épisodes?
Autant de questions qui se posent et se reposent depuis l'apparition du variant Omicron qui inquiète le monde entier depuis plusieurs jours.
Toutes les pistes ne se résument pas à une vaccination insuffisante. Les experts du Conseil scientifique français, chargé d'aider le gouvernement sur la crise sanitaire, jugent ainsi probable qu'Omicron soit apparu chez une personne immunodéprimée.
Le variant serait l'héritier d'une longue lignée de mutations, accumulées lors d'une infection "chronique" par le Sars-COV2, chez une personne atteinte d'un déficit immunitaire sévère.
Mais, quelle que soit son origine, ce variant "se répandra d'autant moins vite que la population autour est immunisée", souligne à l'AFP Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique et épidémiologiste à l'Institut Pasteur.
Or, en Afrique du Sud, seul le quart de la population est vaccinée. Et, plus largement, "on peut imaginer qu'une multiplication du virus lors d'épidémies incontrôlées offre autant d'opportunités pour l'émergence de variants".
Les pays du monde entier ont, en tout cas, entamé une course contre la montre pour limiter sa propagation, certains comme Israël et le Japon allant jusqu'à fermer leurs frontières. Mais pour plusieurs chercheurs, ces mesures font l'impasse sur le coeur du problème, l'inégalité vaccinale.
"Si vous êtes inquiets du risque (lié) à Omicron, faites vous vacciner si vous ne l'êtes pas déjà (...) Les interdictions de voyager ne changeront rien. Les vaccins et l'équité mondiale pour la santé, si", a tweeté dimanche la virologue américaine Angela Rasmussen.
"J'aimerais que cette nouvelle inquiétude serve d'électrochoc pour que la communauté internationale réalise l'importance de vacciner la population à l'échelle mondiale", avance Arnaud Fontanet.
Car "la planète ne sera sûre que quand on aura atteint une couverture immunitaire globale qui limitera considérablement la circulation et les opportunités d'émergence de variants", poursuit-il.
La question de l'inégalité d'accès aux vaccins entre pays riches et pauvres, régulièrement soulevée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) devient de plus en plus criante.
Lundi, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy a appelé à "ne pas opposer la vacccination avec un rappel dans les pays du nord et la vaccination dans les pays du sud". "Il faut l'un et l'autre", a-t-il insisté.
Mi-novembre, le mécanisme international Covax a franchi la barre des 500 millions de doses de vaccin anti Covid-19 distribuées dans 144 pays et territoires.
Ce mécanisme de financement international, fondé notamment par l'Alliance du vaccin et l'OMS, est censé permettre à 92 États et territoires défavorisés de recevoir gratuitement des vaccins financés par des nations plus prospères.
Le président chinois Xi Jinping a promis lundi un milliard de doses de vaccins anti-Covid à l'Afrique, sous la forme de dons ou de soutien à la production locale.
Dans un communiqué commun, l'Union africaine, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies et le Covax, ont souhaité une amélioration de la qualité des dons de vaccins.
"La majorité des dons à ce jour ont été ponctuels, fournis avec peu de préavis et de courte durée de conservation. Cela a rendu extrêmement difficile pour les pays de planifier des campagnes de vaccination et d'augmenter la capacité d'absorption", ont-ils alerté.
Une faiblesse soulignée aussi par Arnaud Fontanet: "Si on veut vacciner la population mondiale, il n'y a pas qu'un problème de doses, cela va bien au-delà".
"Ce sont des organisations de système de soin fragiles qu'il faut aider, et un travail de persuasion à engager auprès de certaines populations", poursuit-il.
Selon un récent rapport de la Banque mondiale, ce sont 50 milliards de dollars qu'il faudrait mettre sur la table.
Un investissement rentable car "l'émergence de nouveaux variants peut, elle, déstabiliser nos sociétés et nos économies", insiste M. Fontanet.