La Ligue arabe n'a jamais émis de résolution sur la question du Sahara marocain, pour la bonne et simple raison que ce point n'a jamais figuré à l'ordre du jour d'un Sommet de cette Ligue, explique au «Matin» Mohamed Saâd Alami. «Le Maroc a fait le choix de ne pas porter la question du Sahara devant les instances de la Ligue arabe», indique cet ancien ambassadeur du Maroc au Caire et ancien délégué permanent du Royaume auprès de la Ligue arabe, précisant toutefois qu’il y a eu, lors des Sommets de la Ligue, des déclarations de soutien à l'intégrité territoriale du Royaume, comme celle de Houari Boumédiène en 1974. À l'époque, le chef de l'État algérien avait déclaré solennellement lors du Sommet tenu à Rabat que «l’Algérie soutenait le Maroc dans sa lutte contre l’Espagne pour la libération de son Sahara». Pour sa part, le professeur des relations internationales à l'Université Mohammed V de Rabat, Tajeddine Houssaïni, donne une autre explication tout aussi logique. Répondant à une question du «Matin», il a affirmé que la Ligue arabe est une organisation régionale dont les résolutions requièrent l'unanimité des membres.
«Dès lors, si la seule Algérie se prononce contre l'adoption d'une résolution en faveur de l'intégrité territoriale du Royaume, celle-ci ne passera pas», explique M. Houssaïni. Revenant sur les positions du Conseil suprême du Conseil de coopération du Golfe, le politologue a souligné que les membres du CCG jouissent d’une souveraineté interne qui leur permet d'adopter leurs décisions à l'unanimité. «La déclaration finale qui a sanctionné les travaux de la 42e session du Conseil suprême du CCG inclut un message clair de solidarité avec le Maroc quant à la marocanité du Sahara et de soutien aux dispositions de la résolution 2602 du Conseil de sécurité», indique M. Houssaïni, précisant que «cela implique que le CCG s'oppose résolument à toutes les positions affichées par l'Algérie». Sur les manœuvres du régime algérien qui cherche à inscrire la question du Sahara à l'ordre du jour du prochain sommet de la Ligue arabe (prévu à Alger), le politologue a déclaré que même si Alger y parvient, ce sera sans le moindre impact. «D’ailleurs, cette déclaration du Conseil suprême du CCG est destinée essentiellement à déjouer ces manœuvres. Il s'agit d'une déclaration claire et sans équivoque émanant d'un bloc de six États ayant un poids important, avec le Maroc, au sein de la Ligue arabe».