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31e Sommet de la Ligue arabe : un chassé-croisé diplomatique et beaucoup de questions

Le prochain Sommet de la Ligue arabe aura lieu les 1er et 2 novembre en Algérie, un pays qui continue de manifester une hostilité constante envers le Maroc et son intégrité territoriale et qui a même été jusqu’à rompre ses relations diplomatiques avec le Royaume le 24 août 2021, en invoquant de fallacieux prétextes. Alger, qui n’a jamais cessé d’exploiter sa présence dans n’importe quelle manifestation internationale pour se faire le relais d’une cause qu’elle est seule à épouser sans réserve, est tenue de se garder de ses manœuvres habituelles lors de ce Sommet, au risque de se faire épingler par les grandes capitales arabes. Avant ce rendez-vous très attendu, un chassé-croisé diplomatique a eu lieu dans les principales capitales arabes. À chaque fois, il était question des garanties qu’Alger devra présenter pour ne pas faire de ce sommet un énième rendez-vous manqué pour la communauté arabe.

31e Sommet de la Ligue arabe : un chassé-croisé diplomatique et beaucoup de questions

Prévu initialement en mars dernier, le prochain Sommet de la Ligue arabe se tiendra finalement les 1er et 2 novembre à Alger. C’est ce qu’a affirmé, mardi au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou al-Gheït. Mais si la date et le lieu de la tenue de ce rendez-vous sont désormais connus, mettant fin aux spéculations, la question des garanties que le gouvernement algérien va présenter à la Ligue arabe s’agissant en particulier de ses relations avec le Maroc, pays influent du monde arabe envers lequel Alger entretient une hostilité constante, demeure posée.
Un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères nous apprend que le ministre de la Justice algérien sera dépêché au Maroc porteur d’une invitation au Sommet, après l’Arabie saoudite et la Jordanie, tandis que le ministre de l’Intérieur remettra la même invitation à la Tunisie et à la Mauritanie. La même source souligne que le haut responsable algérien sera reçu au Maroc. Voilà qui est de bon augure. Mais jusqu’où le régime d’Alger ira-t-il dans le respect des principes fondateurs de la Ligue arabe, en tête desquels se trouve le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays membres. Il est clair que le voisin de l’Est se trouve au pied du mûr, car il sait pertinemment que la moindre incartade à ce niveau sera synonyme d’un retentissant échec dont il sera seul responsable.

«L’Algérie a intérêt à ce que le Sommet du 1er et 2 novembre se tienne dans des conditions normales. Autrement, le report ou l’annulation de ce Sommet serait un échec cuisant pour le pays hôte», indique dans ce sens au «Matin» le professeur des relations internationales à l’Université Mohammed V de Rabat Mohamed Zakaria Abouddahab. «Les démarches du Maroc et, en particulier, la coordination avec des pays influents au sein de la Ligue arabe ont neutralisé les tentatives algériennes visant à l’isolement régional du Maroc et l’imposition d’un agenda particulier, dont l’inclusion de la question du Sahara», ajoute M. Abouddahab.

«Sur le plan du protocole, l’invitation doit donc être adressée au Royaume pour y assister. Néanmoins, des problèmes techniques demeurent en suspens : l’espace aérien étant fermé aux avions marocains, par quel moyen de transport la délégation marocaine pourra-t-elle voyager en Algérie ? On ne peut donc que spéculer pour le moment : levée de l’exclusion aérienne durant les prochaines semaines, rétablissement des relations diplomatiques suite à une médiation arabe… ? Tous les scénarios restent ouverts», souligne le professeur des relations internationales. «Je pense, de mon côté, que le Maroc cherchera à marquer un “coup stratégique” lors du prochain Sommet, en évitant la chaise vide pour éviter que des décisions importantes soient prises sans lui. Or tout porte à croire que le prochain Sommet sera tendu, compte tenu de la conjoncture géopolitique actuelle, aussi bien sur le plan régional qu’au niveau mondial», affirme M. Abouddahab.
Pour sa part, le politologue et directeur du Centre stratégique sur le Sahara et l’Afrique, Abdelfettah Fatihi, a déclaré au «Matin» qu’en termes de garanties données au Maroc et à la Ligue arabe, «l’Algérie se doit de s’abstenir de poursuivre ses manœuvres hostiles au Maroc et son intégrité territoriale et de faire allusion par quelque manière que ce soit à ses marionnettes du polisario». Revenant sur l’attitude de la délégation algérienne qui a protesté contre le déploiement de la carte complète du Maroc l’année dernière lors d’une rencontre dédiée à la femme arabe organisée sous les auspices de la Ligue arabe, M. El Fatihi a souligné qu’Alger devra déployer lors du prochain Sommet une carte complète du Maroc et la carte unifiée adoptée par la Ligue arabe pour toutes les manifestations organisées sous sa bannière.

Néanmoins, et en dépit de l’annonce faite par Ahmed Abu al-Gheit, le politologue reste très peu convaincu de la possibilité de tenir ce Sommet sur le sol algérien. «L’Algérie, qui a rompu toutes ses relations avec le Maroc, qui exploite les difficultés politiques, économiques et sécuritaires de la Tunisie pour l’instrumentaliser, qui insiste sur la participation de la Syrie à ce Sommet, malgré l’opposition des pays du Golfe, qui entretient des relations étroites avec le régime iranien hostile aux pays arabes et qui a même ouvert la porte pour s’implanter en Afrique du Nord, est mal placée pour abriter ce Sommet», explique-t-il. Et pourtant, la Ligue arabe table beaucoup sur ce rendez-vous qui devrait déboucher sur des décisions à la mesure des défis actuels, surtout en l’absence de toute perspective de résolution des nombreux problèmes et conflits qui affectent la région.
Mardi au Caire, et dans une allocution prononcée devant le Conseil de la Ligue des États arabes au niveau ministériel, lors de sa 158e session ordinaire, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a affirmé que «le contexte international et arabe requiert que le prochain Sommet se tienne sur la base d’un engagement de responsabilité et loin de tous calculs étroits ou de toute logique dépassée, en consolidant la confiance nécessaire et en respectant les rôles de chaque partie». Pas besoin d’être un clerc pour décrypter le message de la diplomatie marocaine.

Plus explicite encore, M. Bourita a appelé à «une lecture objective de la réalité du monde arabe, qui est en proie à des différends internes et externes divers et à des manœuvres externes et internes visant à semer la division, à soutenir les velléités séparatistes, à déclencher les conflits frontaliers, ethniques, sectaires et tribaux et à consumer la région et épuiser ses richesses». 

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Un sommet à tout prix

De report en report, le 31e Sommet de la Ligue arabe a toujours suscité beaucoup d’interrogations sur sa pertinence, les pays participants, leur niveau de représentativité et les questions à l’ordre du jour. Et pour cause, les positions ambigües ou hostiles du pays hôte par rapport à nombre de dossiers et de problématiques arabes. À commencer par son animosité vis-à-vis du Maroc et de son intégrité territoriale. Le régime d’Alger, qui n’a eu de cesse de promouvoir et d’encourager le séparatisme, s’est mis dans un embarras total en décidant d’accueillir chez lui un sommet de la Ligue arabe, une organisation dont la raison d’être est de favoriser l’unité des pays arabes et défendre leur intégrité territoriale. De même, les accointances du régime algérien avec le régime iranien sont très mal perçues par la plupart des pays arabes, qui souffrent des intrusions et des complots iraniens. C’est ce qui explique la frénésie diplomatique du régime algérien ces derniers mois qui a tout fait pour envoyer des messages de bonne volonté, quitte parfois à se mettre en contradiction avec sa doctrine politique et idéologique. Alger a été ainsi obligé de montrer patte blanche et de courber l’échine pour ne pas manquer un sommet dont il compte tirer profit pour redorer son blason.

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